L’interdiction de voyager imposée par la COVID-19 pour limiter la propagation du variant Omicronn’a pas de fondement scientifique et pourrait aggraver la pauvreté dans les pays africains.
L’interdiction de voyager induite par la COVID-19 visant à limiter la propagation du variant Omicron n’est pas scientifique et pourrait aggraver les conditions socio-économiques dans les pays africains ciblés, selon des scientifiques africains.
Plus de 20 pays à travers le monde ont détecté le variant Omicron, avec deux pays d’Afrique australe – le Botswana et l’Afrique du Sud – représentant 62% des cas signalés, selon une déclaration de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le Royaume-Uni et les pays de l’UE interdisent de voyager
Mais le Royaume-Uni, les pays de l’UE et les États-Unis ont imposé des interdictions de voyager ciblant uniquement les pays d’Afrique subsaharienne, notamment l’Eswatini, le Malawi, le Nigeria et le Zimbabwe.
« Il y a de bonnes raisons de s’inquiéter du nouveau variant », déclare Francis Hyera, chef du département de santé publique de l’Université Walter Sisulu en Afrique du Sud, qui ajoute qu’imposer des interdictions immédiates de voyager est « prématuré » et pourrait créer un précédent préjudiciable.
« Nous devons collecter des données. Nous devons enquêter et comprendre cette variante », a-t-il déclaré à SciDev.Net.
1/3 seulement des agents de santé africains vaccinés
L’OMS révèle que moins d’un tiers des agents de santé en Afrique ont été vaccinés contre la COVID-19, contre plus de 80 pour cent dans les pays à revenu élevé.
Omicron, classé par l’OMS comme un « variant préoccupant », est un variant hautement muté contenant 32 mutations dans sa protéine de pointe. Il a été signalé pour la première fois à l’OMS par l’Afrique du Sud le 24 novembre.
L’OMS aux côtés des nations africaines
L’OMS, dans une déclaration du 28 novembre 2021, a promis de se tenir aux côtés des nations africaines et a appelé à ce que les frontières restent ouvertes, déclarant : « Les restrictions de voyage peuvent jouer un petit rôle dans la réduction de la propagation de la COVID-19, mais elles pèsent lourdement sur la vie et les moyens de subsistance. Si des restrictions sont mises en œuvre, elles ne devraient pas être inutilement invasives ou intrusives et devraient être scientifiquement fondées. »
F. Hyera ajoute : « Si [l’objectif] est d’empêcher le variant d’entrer, cela n’a vraiment aucun sens d’exempter [d’autres] pays où il a été identifié et qui ont encore plus de vols directs que l’Afrique australe. »
L’Afrique du sud demande l’annulation de l’interdiction de voyager
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé les pays à annuler « de toute urgence » l’interdiction de voyager lors d’un discours national le 28 novembre 2021.
Selon Elisha Osati, spécialiste en médecine interne à l’hôpital national de Muhimbili en Tanzanie, les interdictions de voyager, si elles ne sont pas levées, pourraient laisser l’Afrique australe et le continent au sens large dans une situation délicate.
« À l’avenir, nous pourrions voir d’autres pays être influencés pour imposer de nouvelles restrictions de voyage en Afrique au cas où le varianteOmicron se répandrait plus largement. Cela pourrait avoir un impact négatif sur nos efforts de réponse contre la COVID-19 », dit-il à SciDev.Net.
Enquête sur l’origine d’Omicron
Abdou Salam Gueye, directeur régional des urgences de l’OMS pour l’Afrique, a déclaré que l’origine du nouveau variant et l’efficacité des mesures contre lui étaient en cours d’investigation.
« La seule chose dont nous sommes sûrs lorsqu’un pays détecte un virus, c’est que le système de surveillance du pays est bon. C’est ce qui s’est passé en Afrique australe, explique A. S. Gueye. Prendre des mesures contre un tel pays, c’est comme prendre des mesures contre un bon système de surveillance. »
Renforcement de la campagne de vaccination
Le renforcement de la campagne de vaccination aurait dû être l’objectif principal malgré l’émergence de nouveaux variants, explique Mohammed Mukhier, directeur régional pour l’Afrique de la Fédération internationale de la Croix-Rouge.
« Des variants continueront d’émerger pendant que le virus continue de circuler. L’équité en matière de vaccins, de données et de connaissances est essentielle pour protéger le continent africain et le monde, a déclaré M. Mukhier en novembre. Nous appelons la communauté internationale à prendre des décisions fondées sur des preuves scientifiques solides et à éviter tout mouvement qui pourrait conduire de manière injustifiée à une nouvelle aggravation des impacts socio-économiques de la COVID-19. »
Syriacus Buguzi
Cet article a d’abord été publié par SciDev.net