L’imagerie par satellite et une négociation habile sont des outils essentiels pour les équipes de vaccination contre la polio qui travaillent dans les zones de conflit.
Les zones de conflit posent d’énormes défis aux personnes impliquées dans la surveillance et l’éradication de la polio, car les craintes en matière de sécurité ferment les voies d’accès et poussent les populations à se cacher.
La polio est une maladie virale débilitante qui touche principalement les enfants de moins de cinq ans. Une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible et un paralysé sur dix en meurt. La vaccination est le seul moyen de l’éradiquer.
« Il y a des stratégies particulières à adapter et elles dépendent de la situation de chaque zone de conflit, explique Oliver Rosenbauer, porte-parole du programme d’éradication de la poliomyélite à l’OMS à Genève. Par exemple, lors de la guerre civile de 2002 en Côte d’Ivoire, les organismes de santé n’ont eu que deux groupes avec lesquels négocier, mais en Syrie, l’OMS a dû prendre le temps d’entrer en contact avec plusieurs groupes en conflit. À chaque fois, nous devons examiner la situation spécifique non seulement dans le pays touché, mais aussi dans la sous-région, pour trouver les meilleurs moyens d’accéder aux enfants. »
Mais dans tous les cas, les agences sanitaires doivent travailler « par le biais d’intermédiaires et de négociateurs – ceux en qui l’on a confiance des deux côtés du conflit », explique Carol Pandak, directrice du programme PolioPlus au Rotary International, un réseau de décideurs qui s’efforcent d’améliorer les conditions de vie dans le monde, notamment par la lutte contre les maladies.
IMEP
Des organisations telles que l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (GPEI) s’efforcent d’entretenir des relations avec les deux parties au conflit afin d’éviter toute interruption du travail.
Cette approche a porté ses fruits en Afghanistan lors de la transition gouvernementale. « Le programme avait travaillé avec des éléments anti-gouvernementaux et a pu maintenir ses relations après le changement de régime », explique M. Pandak.
Au cours des négociations avec les factions en guerre, les agents de santé soulignent les risques de la polio et les avantages de la vaccination.
« Nous avons constaté que les parents, des deux côtés d’un conflit, veulent protéger leurs enfants de la maladie et peut-être de la mort”, explique M. Pandak. Nous faisons appel à leur sentiment de vouloir protéger leurs enfants et affirmons que la santé est apolitique.»
Alima
À l’Alliance pour l’action médicale internationale (Alima), une organisation spécialisée dans l’action médicale auprès des groupes vulnérables, les agents de santé soulignent leur neutralité pour obtenir un accès.
« Nous arrivons à nous déployer en faisant comprendre aux différents acteurs le caractère indépendant, neutre, impartial de notre intervention et en ayant un ancrage communautaire », explique Soma Bahonan, chef de mission d’Alima au Cameroun.
L’ONG intervient dans le nord du Cameroun, sur fond d’attaques de Boko Haram dans l’extrême nord du pays, et de guerre avec la minorité anglophone dans le nord-ouest.
Cessez-le-feu temporaire pour la vaccination
Selon les agences de santé, les groupes belligérants acceptent généralement des accords de cessez-le-feu temporaire ou des journées sans conflit pour permettre à leur personnel de vacciner les enfants. Les enfants sont alors emmenés hors des zones à risque, aux postes de contrôle sur les marchés et dans les camps de réfugiés.
Pourtant, parfois, les agents de santé se heurtent à des refus catégoriques de la part des factions belligérantes, les combattants craignant un stratagème de l’ennemi. C’est ce qui s’est passé lors du conflit de 2016 avec Boko Haram à Borno, dans le nord-est du Nigeria.
« Il y avait beaucoup de mouvements militaires et la situation changeait de semaine en semaine, raconte Rosenbauer. Nous ne pouvions donc faire des vaccinations que lorsque les gens quittaient la zone. Pourtant, très souvent, ce n’est pas le conflit lui-même qui empêche la vaccination, mais des questions de gestion, de logistique et d’administration. »
Lorsqu’une population est déplacée de façon permanente, il peut être très difficile de trouver des enfants à vacciner, et si les organismes de santé ne parviennent pas à maîtriser le nombre de personnes concernées, ils ne peuvent pas préparer le nombre adéquat de vaccins, ni prévoir les chambres froides nécessaires à la conservation des doses.
L’aide d’en haut
Pour tenter de surmonter ces difficultés, les agents de santé se tournent vers des logiciels de système d’information géographique (SIG) qui utilisent l’imagerie satellitaire pour estimer la taille et la localisation de la population dans des endroits inaccessibles, et pour suivre l’évolution de la surveillance.
Cela permet d’établir des cartes qui peuvent identifier et indiquer l’emplacement des villages et des enfants qui n’ont pas encore été atteints par la vaccination.
En outre, ces cartes fournissent des relevés de distance et de proximité afin de s’assurer que tous les établissements et hameaux sont visités par les équipes de vaccination et que le nombre approprié d’équipes est déployé.
Pour tenter de surmonter ces difficultés, les agents de santé se tournent vers des logiciels de système d’information géographique (SIG) qui utilisent l’imagerie satellite pour estimer la taille et la localisation de la population dans les endroits inaccessibles, et pour suivre l’évolution de la surveillance.
Cela permet d’établir des cartes qui peuvent identifier et indiquer l’emplacement des villages et des enfants qui n’ont pas encore été atteints par la vaccination.
En outre, ces cartes fournissent des relevés de distance et de proximité pour s’assurer que tous les établissements et hameaux sont visités par les équipes de vaccination, et que le nombre approprié d’équipes est déployé.
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