Les astronomes africains annoncent un âge d’or de l’astronomie sur le continent alors que les travaux du plus grand télescope du monde débutent en Afrique du Sud.
« Lorsque nous parlons de faire progresser l’agenda de l’astronomie sur ce continent, pour nous, il s’agit plus que de faire progresser le domaine de l’astronomie », a déclaré Kevin Govender, directeur du bureau de l’astronomie pour le développement de l’Union astronomique internationale, lors d’une réunion dans le cadre du Forum mondial de la science, qui s’est tenu dans la capitale législative de l’Afrique du Sud, Le Cap, du 6 au 9 décembre 2022.
« Nous savons par expérience que (…) la croissance de l’astronomie peut être associée à la croissance du développement dans la région, que nous pouvons utiliser l’astronomie pour stimuler le développement des compétences, pour stimuler l’activité économique. »
SKA
Ses commentaires interviennent alors que la construction du Square Kilometre Array (SKA), qui devrait être le plus grand télescope du monde lorsqu’il sera achevé en 2028, a débuté sur des sites en Afrique du Sud et en Australie.
Les sites d’Afrique du Sud et d’Australie occidentale ont été choisis en raison de leur ciel dégagé et de l’absence de brouillage radioélectrique.
En termes d’astronomie, l’Afrique revendique actuellement sa place parmi ses pairs internationaux grâce à des initiatives telles que le Southern African Large Telescope à Sutherland, le radiotélescope MeerKAT, MeerLICHT, tous situés dans la province du Cap Nord en Afrique du Sud, l’observatoire d’Oukaïmeden au Maroc, l’observatoire Entoto à Addis-Abeba, en Éthiopie, et le High Energy Stereoscopic System, en Namibie.
Un âge d’or
En fait, le continent vit un âge d’or de l’astronomie dont il doit tirer parti, mais des défis persistent, selon Thebe Medupe, président de la Société africaine d’astronomie (AfAS) et professeur d’astronomie à l’université du Nord-Ouest.
« Le nombre total d’astronomes titulaires d’un doctorat en Afrique est d’environ 300, contre 600 astronomes au Royaume-Uni, précise M. Medupe. Cependant, l’Afrique est encore largement sous-représentée en termes d’astronomes professionnels, en dépit du fait que nous disposons de ces installations qui se développent et qui sont à la pointe de la recherche astronomique.»
M. Medupe a appelé à des initiatives visant à investir dans la formation d’un plus grand nombre d’astronomes africains, ainsi qu’à développer et à renforcer les petits groupes de recherche qui existent déjà et à étendre leur empreinte de stockage dans autant de pays africains que possible.
« Nous ne voulons pas que l’Afrique finisse par produire les données et les envoyer en Europe », dit-il.
Promouvoir l’astronomie en Afrique
Mirjana Pović, astrophysicienne et professeur adjoint à l’Institut éthiopien des sciences et technologies de l’espace, a expliqué aux participants qu’au cours des dix dernières années, des progrès étonnants ont été réalisés, ce qui a donné lieu à la création de plus de 70 associations, sociétés et associations d’amateurs sur le continent, qui participent en permanence à la promotion de l’astronomie à tous les niveaux possibles.
Le Square Kilometre Array en Afrique qui coopère avec huit autres pays et le réseau africain d’interférométrie à très longue base (VLBI) sont les deux initiatives les plus importantes du continent, dit-elle.
Les difficultés et les défis sont encore nombreux, note-t-elle. « Ainsi, la plupart des pays partent de zéro, ce qui signifie qu’il y a beaucoup à faire et qu’ils commencent avec des ressources très limitées en termes de ressources humaines.»
À l’exception de l’Afrique du Sud, Mme Pović indique qu’il y a un manque de financement et de soutien de la part du gouvernement local et que dans beaucoup de pays, l’astronomie en Afrique n’est toujours pas accessible à tous.
L’astronomie est vitale pour la croissance de l’Afrique
« Nous devons encore faire beaucoup de travail […] en ce qui concerne la sensibilisation, les décideurs politiques, les raisons pour lesquelles l’astronomie est importante pour la croissance et l’inclusion de l’Afrique », explique M. Pović.
Bernie Fanaroff, le directeur retraité du projet Square kilometre Array South Africa, affirme que « certains financements de base devraient aller à certains sites, ce qui peut sembler ridicule, mais dans certains pays, obtenir des financements est très difficile.»
Fanaroff suggère le besoin de bonnes compétences informatiques, de fonds de voyage et de bourses internationales pour les étudiants en astronomie. « Certains étudiants viennent à nous avec des difficultés importantes en informatique, nous devrions nous réjouir de ces défis [les aider]», dit-il.
Cet article a été extrait du site SciDev.net.