La demande en eau va continuer à augmenter, alors que sa qualité diminuera, notamment en raison des pertes de végétation.
L’eau deviendra plus rare et sa qualité se dégradera à mesure que la demande au Brésil augmentera, jusqu’à 25% au cours des 30 prochaines années, avertissent les scientifiques, qui demandent instamment aux gouvernements d’améliorer l’assainissement et la protection de l’environnement.
La perte de la couverture végétale indigène est la principale menace qui pèse sur les ressources en eau au Brésil, selon une étude menée par l’université de São Paulo. Il ne reste que 26% de la végétation originelle dans la région de la forêt atlantique, qui abrite 65% de la population, y compris les mégalopoles de Rio de Janeiro et de São Paulo.
La déforestation affecte l’eau
« Le Brésil est confronté à une déforestation et à des incendies importants, qui peuvent accroître la dégradation de la qualité de l’eau », déclare l’auteur principal, Kaline de Mello.
La déforestation affecte la qualité des eaux de surface en altérant toute une série de processus naturels, ce qui a un impact sur le débit des rivières et des fleuves, ainsi que sur les niveaux de toxines, de nutriments et de sédiments dans les masses d’eau, explique K. de Mello.
Les nouvelles lois à l’origine de dégradations
« Si la conversion des écosystèmes naturels continue à s’accélérer, les rivières du Brésil seront de plus en plus polluées et souffriront de très faibles débits en période de sécheresse. »
Le co-auteur de l’étude, Ricardo Taniwaki, de l’université fédérale d’ABC, affirme que les récentes modifications apportées aux lois environnementales pourraient dégrader davantage la qualité et la quantité de l’eau et « transformer l’avenir des citoyens brésiliens ».
Maintenir la végétation
K. De Mello explique que le code forestier brésilien, qui oblige les propriétaires terriens d’Amazonie à conserver jusqu’à 80% de leurs biens en végétation indigène, doit être respecté pour protéger les zones fragiles, comme les berges des rivières, et assurer l’approvisionnement futur en eau potable.
« Il est également essentiel d’améliorer l’inspection des mines et le contrôle des rejets d’effluents industriels », déclare la chercheuse.
Mauvaise évacuation des eaux usées
« L’évacuation inappropriée des eaux usées – directement sur le sol ou dans les plans d’eau – reste un problème majeur au Brésil et elle affecte à la fois la qualité de l’eau et la santé humaine. »
Près de la moitié des 209 millions d’habitants du Brésil ne sont pas raccordés à un réseau de collecte des eaux usées, tandis que les eaux usées non traitées de 3,5 millions de personnes vivant dans les 100 plus grandes villes du Brésil sont rejetées dans les cours d’eau, selon l’étude.
L’expansion des terres cultivées
Les prévisions mondiales de changement d’utilisation des terres – la conversion de terres essentiellement sauvages à une autre fin – suggèrent que le Brésil sera l’un des pays les plus touchés par l’expansion des terres cultivées au cours des trois prochaines décennies.
« Pour garantir la qualité de l’eau à l’avenir, les décideurs brésiliens devraient adopter trois stratégies fondamentales : l’application et le respect de la loi ; l’amélioration des installations sanitaires de base et de la collecte des déchets ; et l’adoption de solutions fondées sur la nature », déclare K. de Mello.
Participation de toutes les parties prenantes
Julio Thadeu Silva Kettelhut, ancien directeur des ressources en eau au ministère de l’Environnement, qui n’a pas participé à cette étude, souligne l’importance des données et de la modélisation mathématique pour relever les défis futurs en matière d’eau.
Il affirme que tous les membres de la communauté doivent être inclus. « La loi nationale sur l’eau au Brésil prévoit la participation à la gestion de l’eau de tous les acteurs impliqués dans un bassin fluvial, tant au niveau de la planification que des investissements », explique-t-il.
« Le pays compte environ 220 comités de bassin [fluvial] à différents niveaux de mise en œuvre. Il est certain que l’existence de ces entités facilite l’utilisation de modèles mathématiques ou d’autres formes de planification qui, à leur tour, optimisent les décisions à prendre. »
Claudia Mazzeo
Cet article a été publié pour la première fois par SciDev.Net.
L’étude a été soutenue par la FAPESP, donateur de SciDev.Net.