Les partenariats entre les organisations qui mettent en œuvre les objectifs de développement durable des Nations unies sont essentiels pour combler l’inégalité existante entre les pays à haut et à faible revenu.
Les partenariats des organisations chargées de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies risquent de perpétuer le déséquilibre des ressources entre les pays à haut et à faible revenu, selon une étude.
L’Agenda 2030 pour le développement durable accorde une importance égale aux pays développés et en développement et exige une collaboration cohérente entre tous les pays.
60% et 24% des partenariats relatifs aux ODD
Mais l’étude, publiée dans la revue Scientific Reports, révèle que 60% des 195 pays impliqués dans les partenariats relatifs aux ODD étaient des pays à revenu élevé ou moyen supérieur, contre 24% pour les pays à revenu moyen inférieur et 16% pour les pays à faible revenu.
« Les partenaires des pays à faible revenu ont participé à moins de partenariats, par rapport aux partenaires de toutes les autres catégories de revenus », explique Malgorzata Blicharska, co-auteur principal de l’étude et professeur associé à l’université d’Uppsala en Suède.
Les ressources des pays pauvres pour les ODD
« Cela ne reflète pas l’idée, promue par l’Agenda 2030, de partenariats mondiaux pour relever les défis mondiaux. Cela suggère également que les pays à faible revenu n’ont peut-être pas les ressources et les capacités nécessaires pour s’impliquer dans des partenariats et, par conséquent, pour mettre en œuvre les ODD », explique M. Blicharska.
Les chercheurs ont analysé les données sur 2 876 partenariats recueillies jusqu’au 18 août 2019, impliquant des organisations de 195 pays du monde entier, y compris tous les pays d’Afrique subsaharienne qui rendent compte de la mise en œuvre des ODD sur la plateforme des partenariats ODD de l’ONU.
Les ODD des pays à faible revenu
Selon M. Blicharska, les partenaires des pays à faible revenu se sont davantage concentrés sur les ODD 1, 2, 3, 5 et 7 (concernant respectivement la pauvreté, la faim, la santé, l’égalité des sexes et l’énergie) que ceux impliquant des partenaires de pays à revenu plus élevé.
La recherche, explique-t-elle, a été motivée par l’existence d’un fossé Nord-Sud dans l’accès aux données et aux capacités scientifiques, les pays à faible revenu en particulier ayant moins investi dans la recherche et le développement.
« Cela a des conséquences sur la manière dont les politiques d’importance mondiale sont définies et mises en œuvre. Nous avons voulu examiner si les partenariats pour la mise en œuvre des ODD ont permis de combler le fossé Nord-Sud », ajoute M. Blicharska.
Les pays du Nord conçoivent les politiques
Elle souligne que les pays à faible revenu n’ont souvent pas la capacité de mener des recherches pertinentes et de mettre en œuvre des actions sur le terrain, ce qui conduit à des situations où les pays du Nord conçoivent et dirigent la mise en œuvre de politiques qui ne sont pas forcément adaptées aux besoins des pays du Sud.
« Par exemple, en ce qui concerne le changement climatique, les pays du Nord, qui sont responsables de 80% des émissions mondiales, insistent pour que tous les pays contribuent à la réduction des émissions et motivent les pays du Sud en orientant les financements principalement vers l’atténuation, alors que les pays du Sud ont surtout besoin de se concentrer sur l’adaptation au changement climatique », explique-t-elle.
Une mise en œuvre équilibrée des ODD
Nurudeen Alhassan, analyste de la recherche et des politiques à l’African Institute for Development Policy au Kenya, estime que même si la plupart des partenariats Nord-Sud sur les ODD comportent un volet de renforcement des capacités pour les partenaires du Sud, cela ne suffit pas, car les idées qui sous-tendent ces programmes de renforcement des capacités sont largement portées et influencées par les partenaires du Nord.
« Les besoins et les idées des partenaires du Sud en matière de renforcement des capacités ne sont pas bien représentés, alors qu’ils sont censés en être les bénéficiaires », explique N. Alhassan.
N. Alhassan explique à SciDev.Net qu’une mise en œuvre équilibrée des ODD entre les pays à haut et à faible revenu est nécessaire pour parvenir à un véritable développement durable. Sans une mise en œuvre équilibrée, les ODD risquent de manquer l’occasion de combler l’inégalité existante entre les pays à revenu élevé et à faible revenu.
Eldon Opiyo
Cet article a d’abord été publié par SciDev.net.