Le moustique tigre est le vecteur de maladies comme le chikungunya ou la dengue. La maîtrise de cette espèce est donc indispensable, avec des moyens de lutte respectueux de l’environnement.
En 2006, une épidémie de chikungunya frappe l’île de La Réunion, pointant le besoin croissant de réguler les populations du moustique tigre, Aedes albopictus. Parce que l’usage des pesticides fait de plus en plus polémique, les chercheurs décident d’emprunter une autre voie, celle dite de la technique de l’insecte stérile (ouTIS).
Dans cette stratégie, des moustiques mâles stériles sont produits en masse et lâchés dans la nature pour entrer en compétition avec les mâles sauvages et empêcher ainsi les femelles de se reproduire.
Des échecs antérieurs
Déjà utilisée en agriculture pour lutter contre certaines mouches considérées comme nuisibles pour le bétail ou les cultures, cette pratique a été testée dans les années 1960 et 1970 en Inde et au Salvador pour éradiquer des moustiques à des fins sanitaires. Mais sans succès.
Les deux essais ont en effet tourné court, essentiellement à cause de difficultés techniques. Mais aussi, en Inde, en raison du mode de stérilisation chimique des moustiques, qui finissait par nuire à leurs prédateurs ; et au Salvador, du fait d’un manque de communication sur la méthode et les objectifs de cette lutte.
Stérilisation aux rayons X
Mais ces échecs historiques ne découragent pas les chercheurs. Et pour cause : chez les moustiques, seul le sperme du premier mâle ayant fécondé la femelle peut produire des œufs.
En choisissant correctement le moment des lâchers, il devrait être possible de réduire la population sans avoir recours au moindre pesticide. C’est pourquoi, en 2008, l’IRD signe un accord-cadre avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui soutient le développement de cette innovation dans différents États membres. Ensemble, ils collaborent à un projet permettant d’acquérir un savoir-faire dans la production en masse des moustiques, le sexage et la stérilisation des moustiques mâles avec des rayons X.
Construire une unité de production
Aujourd’hui, de nouveaux financements sont nécessaires pour construire la première unité de production de moustiques mâles stérilisés, pour tester à petite échelle le principe de la TIS et évaluer les effets des lâchers sur les populations de moustique tigre à La Réunion.
Cet article est reproduit de Science et Développement Durable – 75 ans de recherche au sud, IRD Éditions, 2019