La Climate Smart Agriculture contribue à préserver l’environnement ainsi que la sécurité alimentaire au Malawi.
D’après une récente étude, associer au maïs des plantes à fleurs comme l’acacia, des arbustes, de la vigne et du faidherbia – plante à croissance rapide fixant l’azote – pourrait augmenter les rendements jusqu’à 53%.
A en croire les auteurs de ces travaux, cela fait partie des stratégies agricoles qui, si elles sont adoptées, pourraient stimuler le développement rural dans le contexte du changement climatique.
Cultures de couverture
Les plantes à fleurs servent de cultures de couverture. Elles sont plantées pour couvrir le sol afin d’améliorer sa qualité et sa fertilité.
Les cultures de couverture ne sont pas la seule approche qui augmente les rendements, en particulier au milieu des chocs climatiques, et les auteur de l’étude publiée dans l’édition d’avril de Food Policy écrivent que « la construction de fossés le long des flancs vallonnés pour contrôler le ruissellement de l’eau, la création de butes qui retiennent l’eau dans les champ et des empierrements qui filtreront, ralentiront l’eau et réduiront l’érosion du sol sont bénéfiques dans les scénarios les plus humides et les plus secs des changements climatiques ».
Ces interventions agricoles améliorent la rétention de l’eau dans le sol, et augmentent les quantités et la durée de présence des nutriments pour les plantes. Cela conduit à une amélioration des rendements des cultures, en l’occurrence le maïs, selon l’étude.
Climate Smart Agriculture
L’étude a évalué l’efficacité d’un projet de 86 millions de dollars mis en œuvre dans cinq districts du sud du Malawi de 2009 à 2014. Elle a révélé que des investissements ciblés dans des pratiques agricoles réduisent les difficultés et donnent un coup de pouce à leur adoption par les petits exploitants agricoles.
Ces pratiques agricoles, également appelées Climate Smart Agriculture (CSA), « peuvent améliorer la résilience des communautés rurales pauvres sujettes aux chocs environnementaux tels que la sécheresse et les inondations fréquentes », explique Festus Amadu, auteur principal de l’étude et associé de recherche postdoctoral à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign, aux États-Unis.
Participation des agriculteurs
Les chercheurs ont interrogé 808 ménages de juin à septembre 2016 dans des communautés sélectionnées qui ont reçu une formation sur l’approche CSA dans le cadre du projet.
Selon l’étude, les petits agriculteurs qui ont participé aux programmes de formation ont reçu des visites de suivi d’agents de vulgarisation locaux et ont mis en œuvre les techniques intelligentes face au climat qu’ils ont apprises, comme la plantation de vignes et d’arbustes autour de leurs exploitations pour améliorer la fertilité des sols.
Les agriculteurs ont également mis en œuvre des pratiques qui permettent de contrôler le ruissellement de l’eau pour réduire l’érosion du sol, de gérer l’excès d’eau de pluie et de conserver les nutriments du sol dans leurs parcelles.
Un impact sur la sécurité alimentaire
« Nous avons constaté une augmentation de 53% du rendement du maïs parmi ceux qui ont adopté la CSA au cours de l’année 2016 qui a été marquée par une grande sécheresse, déclare Festus Amadu. Les résultats démontrent que les politiques et les flux de financements soutenant la CSA dans des région à faible revenu et à terres arides comme le sud du Malawi peuvent avoir des impacts importants sur la sécurité alimentaire. »
« D’autres pays d’Afrique subsaharienne peuvent tirer des leçons des enseignements du Malawi et accroître l’adoption de ces [techniques] », explique F. Amadu, ajoutant que les gouvernements devraient utiliser une partie de leurs fonds pour soutenir la CSA.
Augmenter la diffusion des pratiques
Paul McNamara, co-auteur de l’étude et professeur de développement, de ressources naturelles et d’économie de l’environnement à l’université de l’Illinois, ajoute que l’étude montre que les gouvernements et les partenaires du développement devraient mettre en priorité les facteurs qui influencent positivement l’adoption de cette approche, telle que la diffusion intensive des pratiques auprès des petits agriculteurs.
Il dit que donner la priorité au financement environnemental dans les principaux programmes d’aide au développement peut grandement contribuer à favoriser cette adoption, la durabilité environnementale, la sécurité alimentaire et d’autres objectifs de développement durable tels que le changement climatique et les conditions météorologiques extrêmes affectant l’Afrique subsaharienne.
Des pratiques intensives
Mais les chercheurs affirment que malgré le potentiel de ces approches agricoles pour accroître la sécurité alimentaire, leur adoption par les petits exploitants pose des défis, notamment en termes d’intensité de travail, de capital, de terre et de connaissances.
Patson Cleopus Nalivata, chimiste du sol et chef du département des cultures et des sciences du sol à l’université d’agriculture et des ressources naturelles de Lilongwe, au Malawi, déclare que la clé de l’adoption de cette approche est l’embauche de personnel agricole et des services de vulgarisation pour prodiguer des conseils.
Un impact variable avec le météo
Ce dernier a confié à SciDev.Net que la théorie du changement que les chercheurs ont examinée pour faire progresser la sécurité alimentaire à travers l’adoption [de pratiques de gestion des sols et de l’eau] par les agriculteurs de la zone du projet est cruciale.
Il a toutefois ajouté que différentes pratiques ont des avantages et des inconvénients en fonction des conditions du sol et des régimes pluviométriques de l’année considérée.
« Par exemple, vous constaterez peut-être que les tranchées d’absorption d’eau seraient favorables pendant une année sèche comme 2016, mais pas pendant une année très humide, car elles conserveront un excès d’eau qui n’est pas souhaitable pour la production du maïs », explique-t-il.
Recherche comparative
Amos Ngwira, chercheur principal en agriculture au département des services de recherche agricole du Malawi, partage cet avis.
« Nous avons effectué des recherches comparant la CSA et le travail du sol classique. Les avantages de la CSA par rapport aux pratiques conventionnelles en termes de rendement varient entre 15 et 30%, indique-t-il. Pendant les saisons sèches, la CSA présente des avantages plus élevés tandis que pendant les années humides, le rendement est presque le même avec la CSA ou les pratiques conventionnelles. »
Moses Michael-Phiri
Cet article a d’abord été publié par SciDev.Net.