Dans un entretien avec SciDev.Net, Esther Ngumbi, professeur adjoint d’entomologie à l’université de l’Illinois (États-Unis), explique comment les insectes peuvent constituer une source durable de nourriture et de nutrition pour les communautés urbaines, en première ligne du changement climatique.
Comment lutter contre la faim en Afrique?
Les insectes peuvent constituer un approvisionnement alimentaire durable. Contrairement aux cultures vivrières qui dépendent de la terre, les insectes peuvent être élevés dans des espaces limités. La science a montré que les insectes sont une riche source de protéines et de fer. Le changement climatique a engendré plusieurs phénomènes extrêmes, dont la sécheresse, qui affectent notre capacité à cultiver.
Si nous utilisons des insectes pour nous nourrir, nous n’aurons pas besoin de dépendre des pluies. Nous serons en mesure de nous nourrir durablement. De même nos océans connaissent des problèmes de surpêche. Face à tous ces défis auxquels nous sommes confrontés, l’insecte apparaît comme une source de nourriture durable.
Quelle est votre recette d’insectes préférée ?
J’ai mangé beaucoup d’insectes, mais je dirais que ce que je préfère, c’est lorsqu’ils sont frits et deviennent croustillants et croquants; dans ce cas ils sont vraiment délicieux. J’ai mangé des grillons frits, combinés avec des poivrons et des oignons, et c’était délicieux. J’ai vraiment apprécié le ver mopane lorsque j’étais en Afrique du Sud (avec le pap, un aliment de base à base de maïs).
J’ai également apprécié les vers de farine sautés, ils sont croustillants et intéressants. J’ai donc de nombreuses recettes d’insectes préférées que j’ai essayées. Je garde l’esprit ouvert et je continue à trouver de nouvelles recettes.
La sécheresse est un phénomène dont vous avez été témoin au Kenya. Pourquoi certaines parties de l’Afrique subsaharienne connaissent-elles continuellement la sécheresse et que peut-on faire pour en atténuer les effets ?
Plusieurs parties du continent africain sont confrontées à la sécheresse, année après année, car notre climat a changé. La plupart des agriculteurs dépendent de l’agriculture pluviale. Nous devons accroître la capacité des agriculteurs à capter l’eau de pluie et à la stocker. Il est urgent que les gouvernements africains et les agences non gouvernementales trouvent d’autres sources d’eau pour les agriculteurs, par exemple des puits, et veillent à ce que l’eau disponible puisse être utilisée de manière durable.
Nous devons également trouver des cultures tolérantes à la sécheresse. Le continent africain doit investir dans les sciences végétales pour développer des cultures tolérantes aux extrêmes qui accompagnent le changement climatique.
Pensez-vous que les opportunités pour les femmes en entomologie s’améliorent dans votre pays, le Kenya, et dans d’autres parties du continent ?
En partie. Il n’y a pas eu vraiment d’amélioration. De plus la pandémie nous a fait reculer de plusieurs pas. Nous devons continuer à faire de notre mieux pour garantir que toute étudiante qui souhaite poursuivre une carrière en entomologie en ait l’opportunité.
J’ai eu la chance d’avoir des mentors qui se sont intéressés à moi et qui ont partagé leurs expériences. C’est aux personnes comme moi, en entomologie, d’être capable d’utiliser nos réseaux pour faire en sorte que les jeunes étudiants aient la possibilité de poursuivre une carrière.
Par Michael Kaloki.
Cette interview a été extraite de SciDev.net.