Un exemple de rétroaction négative entre deux ODD : changement climatique (ODD13) et faim zéro (ODD2).
Selon un chercheur en agriculture, les prix des denrées alimentaires pourraient augmenter en Afrique subsaharienne tandis que les agriculteurs seraient moins bien payés pour leurs produits, car les chocs climatiques aggravent les problèmes des systèmes alimentaires déjà en difficulté.
Réagissant à un rapport récent sur la réorganisation des systèmes alimentaires fortement perturbés par le changement climatique, Timothy Njagi, chercheur à l’Institut de politique et de développement agricole de Tegemeo au Kenya, affirme que cela aggravera la sécurité alimentaire et nutritionnelle, en particulier pour les aliments frais qui sont facilement périssables.
Améliorer les moyens de subsistance agricoles
« Pour les consommateurs, cela a un effet important sur la nutrition en raison de la valeur nutritionnelle des aliments frais tels que les fruits et légumes », explique-t-il à SciDev.Net.
Rédigé sous la coordination du Programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS), le rapport appelle à l’amélioration des moyens de subsistance agricoles et ruraux en Afrique subsaharienne pour s’attaquer à des problèmes tels que la pauvreté et la malnutrition, et renforcer la résilience.
Réorganiser les systèmes alimentaires
Le rapport fournit une feuille de route pour réorganiser les systèmes alimentaires qui ont déjà été durement touchés par le changement climatique, de la petite agriculture à la production à grande échelle.
Il souligne la nécessité de réduire « l’impact des conditions météorologiques variables et des événements extrêmes, en accordant une attention particulière aux systèmes d’alerte précoce inclusifs, aux filets de sécurité adaptatifs et aux conseils et autres services tenant compte du climat ». Il recommande également de reconsidérer les politiques, les finances, le soutien aux mouvements sociaux et l’innovation.
Soutenir les exploitations familiales
« Nous aurons besoin d’une coalition regroupant les gouvernements, le secteur privé [et d’autres] acteurs pour résoudre ces problèmes et saisir les nouvelles opportunités, déclare Bruce Campbell, directeur du CCAFS. Peut-être que le plus important pour l’Afrique subsaharienne est de créer un environnement politique propice afin que nous incitions au changement. »
Bruce Campbell explique que les plus de 60 millions d’exploitations familiales de l’Afrique subsaharienne devraient être connectés à de nouvelles opportunités, telles que les plateformes numériques, afin de pouvoir échanger et recevoir des connaissances et obtenir des prévisions météorologiques qui puissent les aider dans leurs activités agricoles.
La nécessité d’une stratégie rapide
« Il pourrait y avoir un fort impact sur les importations et sur les exportations alimentaires, ainsi que sur les intrants agricoles », dit-il, expliquant que le commerce international a déjà été touché, les agriculteurs « qui ont jeté des fleurs coupées au Kenya en raison de la défaillance des marchés ».
Le rapport indique que la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité au changement climatique sont plus prononcées en Afrique subsaharienne et qu’une stratégie rapide est nécessaire pour reconstruire des systèmes alimentaires déstabilisés, en particulier avec le changement climatique qui risque de causer plus de dégâts dans les années à venir.
Une urgence alimentaire mondiale
Timothy Njagi a confié à SciDev.Net qu’il y a une forte probabilité que les prix des produits de base augmentent en raison des récents chocs tels que les inondations en Afrique de l’Est et l’invasion de criquets pèlerins dans la corne de l’Afrique et en Asie du Sud.
En mai, un rapport de l’ONU mettait en garde contre une « urgence alimentaire mondiale » et le fait que les petits exploitants en Afrique subsaharienne soient confrontés à une augmentation de la sécheresse, des inondations et des invasions de criquets pèlerins liées au changement climatique.
Plus d’événements climatiques extrêmes
Le rapport a pris deux ans pour être achevé et comprend les commentaires et les opinions de plus de 100 experts.
« Nous avons mobilisé des agriculteurs, des jeunes, des scientifiques, des acteurs du développement, des décideurs et le secteur privé », détaille Bruce Campbell. Il ajoute que les événements climatiques extrêmes et les conditions météorologiques étranges augmenteront en fréquence et en gravité, entraînant ainsi des flambées de nouveaux ravageurs et de nouvelles maladies.
Plus de recherche et développement
Timothy Njagi dit que la région doit investir davantage dans la recherche et le développement, en particulier pour mettre au point des solutions locales.
« Parmi les innovations nécessaires, il y a des technologies permettant d’économiser le temps de travail telles que la mécanisation… les systèmes de diffusion de l’information, en particulier ceux qui tirent parti de la technologie nécessitant moins d’interaction de personne à personne, et les innovations du marché reliant directement les producteurs et les consommateurs », a-t-il précisé.
Stephanie Achieng’
Cet article a d’abord été publié par SciDev.Net.