Dans un article d’opinion, João Guilherme Ometto, un ingénieur brésilien, affirme que les communautés rurales de son pays natal ont cruellement besoin d’une éducation et d’une science de qualité, à l’approche de la cérémonie d’ouverture de l’IYBSSD2022.
Les Nations unies et l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) ont fait de 2022 l’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable. Le but est de mettre plus efficacement la biologie, la chimie, la physique et les mathématiques au service de la réalisation de l’Agenda 2030, dont les principaux objectifs sont l’éradication de la pauvreté, l’inclusion socio-économique, le développement durable, l’éducation, le travail décent, la santé et la sécurité alimentaire.
Les sciences fondamentales, qui devraient de plus en plus orienter les politiques publiques, sont celles qui ont permis, par exemple, des progrès extraordinaires en médecine, pharmacologie, ingénierie, infrastructures, production de vaccins contre le Covid-19, approvisionnement en eau potable courante, réunions en ligne, intelligence artificielle, avènement de la 5G, qui arrive au Brésil, et tant d’autres avancées décisives pour la qualité de vie. Tout cela a en commun l’algorithme de la connaissance, crucial pour permettre des solutions innovantes en réponse aux risques sociaux, climatiques, alimentaires et énergétiques.
Le Brésil à la traîne en matière d’éducation de qualité
L’accès de plus en plus large des nouvelles générations à la science, par le biais de l’éducation, est aussi important que son application par les organisations gouvernementales et multilatérales et les secteurs productifs. En ce sens, le Brésil est malheureusement à la traîne, non seulement en raison de la mauvaise qualité de l’enseignement public, mais aussi du déséquilibre de sa portée.
Cette inadéquation est démontrée dans une étude récemment publiée par l’Institut de recherche économique appliquée (Ipea), très peu visible dans les médias, mais d’une grande importance pour la résolution du problème. L’ouvrage, qui traite des « Différences entre l’éducation rurale et urbaine », révèle que, malgré les politiques publiques mises en œuvre ces 20 dernières années, la condition de l’école à la campagne reste précaire par rapport à celle de la ville, présentant des carences fondamentales en matière de bibliothèques, d’ordinateurs et d’internet.
84,6 % des Brésiliens dans les zones rurales
Selon l’enquête nationale par sondage auprès des ménages (PNAD), le Brésil comptait 200 millions d’habitants en 2015, dont 84,6% dans les zones urbaines et 15,4% dans les zones rurales. En 2019, on comptait 47,8 millions d’inscriptions dans tout le pays, soit une réduction de 8,9% par rapport à 2009. Au cours de la décennie, la baisse a été plus accentuée dans les campagnes, avec une chute de 20%, selon le recensement scolaire 2019. Les villes ont accueilli 88,9% des élèves brésiliens cette année-là et les campagnes, 11,1%.
La population nationale en âge d’être scolarisée (de quatre à 17 ans) en 2015, selon le PNAD, était de moins de 44 millions d’habitants, dont 80% en milieu urbain et 20% en milieu rural. Il faut noter que, dans les campagnes, le nombre d’élèves en âge d’être scolarisés est supérieur au nombre d’élèves inscrits. En d’autres termes, il y a des enfants et des jeunes non scolarisés. Il existe également des cas d’élèves qui cherchent des établissements offrant de meilleures conditions dans les villes, malgré la distance et la difficulté du transport.
Les conséquences du rapport
Enfin, il existe des différences régionales. Alors que 92% des écoles rurales de la région Sud disposent de micro-ordinateurs, ceux-ci n’existent que dans 27,9% de celles situées dans le Nord. Il n’y a pas de décalage régional notable dans les établissements urbains. En ce qui concerne l’accès à Internet, il est disponible dans 86,8% des écoles rurales du Sud, mais seulement dans 16,9% des écoles du Nord et 40,3% de celles du Nord-Est.
Il convient de noter que la réalité mise en évidence par le rapport a eu de graves conséquences pour les élèves des zones rurales pendant la pandémie, souligne l’Institut national d’études et de recherches pédagogiques Anísio Teixeira (Inep) : sur le total national, 40 % des écoles rurales n’ont pas assuré de cours en ligne. Ce problème confirme les statistiques de l’IBGE, selon lesquelles 49% des familles des zones rurales n’ont pas accès à l’internet. Dans les villes, le taux est de 25%.
Soutenir les écoles rurales
Il est important de reconnaître les efforts des maires, des enseignants et des entrepreneurs dans la création, le maintien et le soutien des écoles rurales. De même que la contribution du Service national d’apprentissage rural (Senar) dans la formation de techniciens pour le travail sur le terrain.
L’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable mérite une attention particulière de la part des autorités. L’accès à la connaissance et l’inclusion numérique doivent être équitables et démocratiques. Le manque de qualité, d’infrastructures physiques et de technologies pour les enfants et les jeunes en milieu rural ne peut perdurer.
Les familles responsables du succès de l’agriculture brésilienne ont le droit – sans accroître l’exode rural – d’offrir une éducation de qualité à leurs enfants, un devoir de l’État inscrit comme une clause essentielle dans notre Constitution.
João Guilherme Sabino Ometto est ingénieur (École d’ingénieurs de São Carlos – EESC/USP), homme d’affaires et membre de l’Académie nationale d’agriculture (ANA).
NB : L’article original, qui a été republié par ce site, se trouve ici.