Les engagements à investir dans la recherche d’innovations locales qui soutiennent les systèmes alimentaires sont impératifs.
L’agriculture en Afrique sub-saharienne était déjà mise à mal par des chocs tels que les sécheresses, les criquets pèlerins et une population croissante, et la COVID-19 n’a fait qu’ajouter à la pression.
En écoutant les débats du 11e sommet annuel du Forum africain sur la révolution verte (AGRF) qui s’est tenu au Kenya du 6 au 10 septembre, j’ai acquis la conviction que la pandémie mondiale nuit aux systèmes agricoles de tout le continent et qu’il est urgent d’agir pour atténuer la situation.
S’attaquer au COVID a eu un impact sur la sécurité alimentaire
Un rapport publié l’année dernière par le Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition de l’ONU indique que les mesures prises pour contenir la propagation de la COVID-19 ont eu « de profondes répercussions sur la sécurité alimentaire, la nutrition et les systèmes alimentaires. »
Il m’est apparu clairement que les mesures d’endiguement de la COVID-19, telles que les décrets de maintien au foyer, ont ralenti les services de vulgarisation agricole, réduit les revenus des ménages face à la hausse des coûts de culture, entraîné l’indisponibilité des intrants agricoles et l’incertitude quant à la commercialisation des produits, entre autres.
Mais comment prémunir l’agriculture africaine contre des crises imprévues comme celle de la COVID-19 ? Comment revitaliser le secteur et le rendre résilient ? Voilà quelques-unes des questions qui me sont venues à l’esprit en écoutant les différents panélistes et participants au sommet de l’AGRF.
Comment créer des systèmes alimentaires durables
Au cours du sommet, les experts ont partagé leurs connaissances et leurs idées sur la façon de créer des systèmes alimentaires durables en Afrique subsaharienne au milieu des chocs du changement climatique et du fardeau des maladies dans la région.
Le continent a besoin de changements politiques robustes dans l’agriculture pour que le secteur devienne réactif aux besoins alimentaires actuels de la population et pour favoriser le développement socio-économique de l’Afrique par la création d’emplois.
Solutions innovantes pour l’agro-production
Les intervenants de l’événement se sont particulièrement intéressés à la façon dont la région peut trouver des solutions innovantes pour augmenter la production agricole qui peuvent répondre aux défis de la diminution des terres arables causée par la croissance démographique et d’autres chocs tels que le changement climatique et la COVID-19.
Pour que les systèmes alimentaires fonctionnent bien en Afrique, l’ensemble du système alimentaire, de la production à la commercialisation en passant par la transformation, doit être efficace – mais le succès repose sur les petits exploitants agricoles qui sont en première ligne.
« Les petits exploitants agricoles sont le moteur de l’agriculture en Afrique. Elle doit donc être productive, rentable et soucieuse de l’environnement, dit Enock Chikava, directeur adjoint de l’équipe de transformation des systèmes nationaux à la Fondation Bill&Melinda Gates. Nous devons parler d’investissements dans l’agriculture parce qu’elle est économiquement viable et financièrement saine. »
Du financement à l’investissement dans l’agriculture
Il a ajouté qu’il était temps de changer de voie, passant du financement à l’investissement dans l’agriculture. Et je ne pourrais être plus d’accord. De tels investissements permettront au secteur de s’autofinancer sans dépendre d’un financement externe qui pourrait ne pas être durable.
Dans l’une des sessions auxquelles j’ai assisté, Sugra Mahmood, directeur adjoint au ministère fédéral de l’agriculture et du développement rural au Nigeria, a convenu que l’agriculture devrait s’autofinancer.
Mahmood a expliqué que le secteur « a besoin d’une intervention stratégique pour rendre l’environnement d’investissement convivial en fournissant les éléments clés nécessaires tels que le régime foncier, le système de vulgarisation et une recherche réactive. »
Les systèmes alimentaires manquent d’attention
Le sommet a souligné comment les systèmes alimentaires en Afrique subsaharienne manquent de l’attention nécessaire pour que les gens puissent avoir accès à la nourriture dans toute la région.
Je suis d’accord avec les experts pour dire que l’agriculture devrait être hautement prioritaire grâce à des investissements accrus pour reconstruire des systèmes alimentaires résilients. Nous devons renforcer la résilience autour des défis de l’agriculture en Afrique, notamment le changement climatique et les parasites.
Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires
Avant le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, il est essentiel que les gouvernements africains et les partenaires du développement exposent clairement la nécessité de relever les défis des systèmes alimentaires du continent en s’engageant à investir dans la recherche et à renforcer les organisations de recherche locales pour les innovations locales qui soutiennent les systèmes alimentaires et augmentent l’adoption au niveau de la base.
Il faut un changement de paradigme si l’Afrique espère se dépêtrer des défis auxquels est confronté le secteur agricole, notamment la COVID-19, et construire des systèmes alimentaires efficaces et efficients avec les petits exploitants agricoles en leur centre.
Gilbert Nakweya
Cet article a d’abord été publié par SciDev.Net.