Les riches sont responsables de la pollution de l’air, tandis que les pauvres en subissent l’impact.
La pollution de l’air en Inde est davantage générée par les riches, tandis que les pauvres subissent la majeure partie de l’impact sur la santé, selon une étude de cinq chercheurs de l’IIASA publiée dans Nature Sustainability.
Les chercheurs se concentrent sur la pollution par les PM2,5, qui sont les particules fines en suspension dans l’air d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres. Ces particules fines augmentent le risque de maladies cardiaques et pulmonaires, et sont la principale cause de mortalité précoce due à la pollution atmosphérique dans le monde. Elle provient de nombreuses sources, notamment de la production d’électricité, de la combustion des déchets et de la cuisson sur des poêles qui brûlent du bois et d’autres combustibles solides.
Un modèle d’évaluation intégré
Pour trouver les contributions en PM2,5 des différents groupes de revenus en Inde, l’équipe a pris les statistiques de 2010 sur les dépenses par catégories de revenus (en carburant, électricité et biens de consommation), ainsi que sur la production de déchets ; puis elle a utilisé le modèle d’évaluation intégrée de l’IIASA, GAINS, pour calculer la pollution engendrée.
Ils ont également utilisé GAINS pour suivre cette pollution et fournir une carte de l’exposition aux PM2,5. Enfin, l’équipe a calculé les impacts sur la santé, en se fondant sur cette carte et sur une autre étude portant sur l’effet du revenu sur la mortalité due aux maladies cardiovasculaires.
Plus le revenu est élevé, plus la pollution est importante
Les résultats montrent que les groupes à revenu élevé contribuent davantage à la pollution de l’air ambiant, et que les groupes à faible revenu ont une mortalité plus élevée.
« Les pauvres souffrent beaucoup plus par rapport à ce qu’ils contribuent, déclare l’auteur de l’étude et chercheur principal du groupe de recherche sur la gestion de la pollution de l’IIASA, Fabian Wagner. Pour quantifier cela, nous avons défini un nouvel indice d’inégalité de la pollution, le rapport entre les décès prématurés et la quantité de pollution de l’air ambiant produite. Pour le décile indien aux revenus les plus élevés, l’indice est de 6,3, tandis que pour le décile le plus pauvre, il est de 54,7, ce qui signifie que le décile le plus pauvre est désavantagé par rapport au décile le plus riche par un facteur de près de 9. »
Pistes pour un changement de politique
Pour tester comment la politique pourrait affecter cela, l’équipe a examiné deux scénarios. Dans le premier, les technologies disponibles les plus propres sont appliquées à toutes les sources de pollution autres que les fourneaux. La mortalité est quelque peu réduite, et l’inégalité mesurée par le nouvel indice est également réduite, en diminuant la contribution à la pollution des groupes à revenus plus élevés.
Dans le second scénario, les réchauds de cuisine à combustible solide sont remplacés par des réchauds électriques propres. La mortalité est réduite beaucoup plus que dans le premier scénario, en particulier pour les groupes les plus pauvres, qui bénéficient d’une baisse de la pollution intérieure ainsi que de la pollution ambiante.
Fourneaux de cuisson sales
« Cette inégalité criante est déjà présente dans les modes de consommation, masquée par l’impact des fourneaux sales utilisés par les pauvres faute d’alternatives viables », explique Narasimha Rao, chercheur au sein du groupe de recherche sur les solutions institutionnelles et sociales transformatrices de l’IIASA, qui fait également partie de la faculté de l’école de foresterie et d’études environnementales de l’université Yale.
Le message pour les décideurs politiques reste de poursuivre la diffusion de la cuisson propre.
Cibler des sources d’émissions spécifiques
« C’est une bonne politique car elle permettrait de sauver de nombreuses vies, notamment dans les ménages à faible revenu. Les risques de pollution atmosphérique seraient ainsi répartis plus équitablement, mais notre étude montre que la cuisson propre ne résout pas l’inégalité sous-jacente dans la relation entre ceux qui polluent l’air et ceux qui en souffrent », conclut Shonali Pachauri, un autre coauteur de l’étude affilié au groupe de recherche sur les solutions institutionnelles et sociales transformatrices.
La prochaine étape consistera à examiner les politiques ciblant des sources d’émission spécifiques, afin de voir quelles options pourraient répartir la charge plus équitablement – idéalement en faisant en sorte que les ménages à revenu élevé assument une plus grande part de la charge financière liée à l’assainissement de l’air.
Ce billet a d’abord été publié par l’IIASA.