Les considérations d’équité dans l’orientation des flux financiers mondiaux vers les investissements régionaux d’atténuation du climat sont d’une importance capitale.
Il est clair que nous devons investir dans l’atténuation du changement climatique maintenant plutôt que plus tard. Le sixième rapport d’évaluation (AR6) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a montré que les voies d’investissement dans l’atténuation pourraient permettre d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux de manière rentable, mais la question de savoir qui devrait financer ces investissements fait l’objet d’un débat continu lors des récentes COP.
Dans une nouvelle étude dirigée par l’IIASA et publiée dans Science, une équipe internationale de chercheurs a examiné comment les investissements mondiaux pourraient être répartis entre les pays du monde. L’équipe a appliqué une approche systématique avec différentes considérations d’équité et de justice et a estimé les flux financiers “équitables” entre les régions.
Équité climatique
L’étude s’appuie sur les principes émergents de l’équité climatique et se concentre sur les besoins d’investissement en matière d’atténuation à déployer à court terme jusqu’en 2030.
« Nous constatons que les 100 milliards de dollars promis par les pays développés aux pays en développement pour l’atténuation et l’adaptation sont insuffisants pour mobiliser l’ampleur du financement nécessaire pour atteindre l’objectif de température à long terme de manière équitable. Même dans les hypothèses d’équité les plus favorables aux pays riches, les flux financiers mondiaux vers les pays en développement doivent être portés à 250 à 550 milliards de dollars par an », déclare Keywan Riahi, directeur du programme Énergie, climat et environnement de l’IIASA et l’un des coauteurs de l’étude.
« Des travaux antérieurs se sont concentrés sur des systèmes mondiaux équitables de partage du budget carbone, mais peu d’entre eux se sont intéressés aux considérations d’équité dans le financement des investissements d’atténuation », explique Shonali Pachauri, chef du groupe de recherche sur les solutions institutionnelles et sociales transformatrices de l’IIASA et auteur principal de l’étude.
Investir dans des mesures d’atténuation
Investir dans des actions d’atténuation dans les régions à faible revenu n’est pas seulement important d’un point de vue éthique, mais comme l’expliquent les auteurs, cela peut constituer une utilisation productive du capital.
« Nous sommes dans la phase d’accélération d’une série de technologies d’atténuation. Si nous voulons les déployer à la vitesse requise pour atteindre nos objectifs climatiques, nous devons veiller à ce qu’elles soient également utilisées à grande échelle dans les régions les plus pauvres du monde », explique Christoph Bertram, chercheur à l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique et coauteur de l’étude.
Les chercheurs ont constaté que les flux de l’Amérique du Nord et de l’Europe vers d’autres régions devraient augmenter considérablement par rapport aux niveaux actuels pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, selon la plupart des considérations d’équité. Ils ont estimé que les flux financiers requis dans le cadre des considérations d’équité sélectionnées se situent entre 250 milliards et 1,5 trillions de dollars US par an (voir l’outil web d’accompagnement).
Selon les auteurs, le nouvel objectif quantifié collectivement est l’un des points de négociation les plus importants de la COP27. « C’est une occasion cruciale pour les gouvernements de se signaler mutuellement et de signaler au secteur financier privé l’ampleur et la direction des flux financiers nécessaires », note Setu Pelz, coauteur de l’étude et chercheur au sein du groupe de recherche sur les solutions institutionnelles et sociales transformatrices de l’IIASA.
« Un accord sur la manière de réorienter les financements internationaux et nationaux vers des investissements urgents d’atténuation à court terme sera essentiel pour le succès des négociations lors de la COP27. Les progrès réalisés dans ce domaine constitueront un signal clair pour les gouvernements, l’industrie et les acteurs non gouvernementaux, et seront essentiels pour créer l’élan nécessaire dans les régions où les financements sont rares », conclut M. Pachauri.
Ce rapport, publié avant l’événement COP27 en Egypte (en novembre dernier), a été extrait du site web de l’IIASA.