L’utilisation d’équipements à faible coût stimulerait la recherche et l’éducation, notamment dans les pays en développement.
Les ordinateurs à faible coût sont en train de « démocratiser la science » en permettant aux chercheurs ayant un accès limité aux ressources de mener des projets qui seraient autrement inabordables, selon une étude.
Les pays en développement pourraient tirer des avantages majeurs de la tendance aux ordinateurs à carte unique, tels que le Raspberry Pi, qui peuvent fournir la puissance de traitement pour un très large éventail de projets de recherche, indique le rapport.
La revue de plus de 100 projets
L’auteur, Jolle Jolles, écologiste comportemental au Centre de recherche sur les applications écologiques et forestières de Barcelone, a passé en revue plus de 100 projets de recherche biologique du monde entier qui ont utilisé le Raspberry Pi, ordinateur à carte unique le plus populaire, qui peut coûter aussi peu que 10 dollars pour une version de base et environ 80 dollars pour un modèle qui réalisera la plupart des fonctions d’un PC de bureau ou d’un ordinateur portable.
Il conclut que ces appareils peu coûteux rendent la recherche plus abordable pour un large éventail de personnes – mais qu’ils ne sont pas encore d’usage courant, de sorte que leur plein potentiel n’est pas encore exploité.
Grand potentiel dans les pays en développement
« Le plus grand potentiel se trouve dans les pays en développement, où la flexibilité et le faible coût d’ordinateurs tels que le Raspberry Pi peuvent faire une énorme différence dans ce qui est abordable », a déclaré J. Jolles.
Dans un projet examiné par J. Jolles, des chercheurs de Bornéo ont construit des dispositifs de surveillance qui ont été placés dans les arbres pour observer les animaux de la forêt tropicale et recueillir des données sur les écosystèmes. Chaque appareil était composé d’une caméra et d’un microphone contrôlés par un Raspberry Pi, alimenté par une cellule solaire et connecté à Internet via le réseau 4G.
Des écosystèmes aux microscopes
Le faible coût de ces unités a permis d’en construire suffisamment pour surveiller de vastes zones de forêt tropicale. Les chercheurs ont pu visualiser les flux de données en direct sur leurs ordinateurs à la maison.
Un autre projet a utilisé le Raspberry Pi comme composant d’un microscope, que les chercheurs peuvent construire eux-mêmes pour seulement 140 dollars américains.
Du Brésil à la Tanzanie
La conception open source de ce microscope optique, appelé FlyPi, a été co-développée par Andre Maia Chagas, bio-ingénieur de recherche brésilien à l’Université du Sussex, au Royaume-Uni. La conception nécessite une lentille, montée sur un support et un peu d’électronique simple pour la connecter à un Raspberry Pi, qui contrôle le grossissement, l’éclairage, la température, et si nécessaire la photographie ou l’enregistrement en video des échantillons.
Grâce à son travail bénévole avec TReND in Africa, organisation caritative soutenant le renforcement des capacités scientifiques, A.M. Chagas a contribué à organiser des ateliers de formation au Nigeria, en Éthiopie, en Afrique du Sud, en Tanzanie et dans d’autres pays pour équiper les chercheurs afin qu’ils construisent leurs propres outils de recherche à faible coût en utilisant des conceptions open source.
Une recherche plus abordable et plus rapide
Il a déclaré à SciDev.Net : « Lorsque nous avons lancé le projet FlyPi il y a quelques années, c’était une nouveauté, mais nous voyons maintenant que les conceptions open source sont adoptées plus largement. Je pense que nous allons assister à un énorme changement au cours des cinq ou dix prochaines années. »
A.M. Chagas prédit que la recherche deviendra également plus abordable et plus rapide. Par exemple, au lieu d’avoir un microscope coûtant 14 000 dollars, un laboratoire pourrait s’en offrir dix, voire 100, accélérant la recherche du même facteur.
Recherche neurogénétique
« Bien sûr, un microscope FlyPi peut ne pas offrir la même qualité d’image qu’un modèle commercial, mais pour de nombreux types de recherche, vous n’avez pas besoin d’une telle qualité d’image », ajoute-t-il.
A.M. Chagas envisage que les microscopes FlyPi puissent être utilisés pour la recherche en neurogénétique, par exemple l’étude du poisson zèbre, dont le système nerveux constitue un bon modèle pour celui de l’homme.
Une grande diversité d’applications
Selon lui, un certain nombre d’universités africaines utilisent des ordinateurs à carte unique pour des projets de recherche, notamment l’étude du paludisme et d’autres parasites.
D’autres applications d’ordinateurs à faible coût, décrites dans le rapport de J. Jolles, comprennent des stations météorologiques, des mangeoires automatiques pour oiseaux, des dispositifs d’apprentissage en boucle fermée et des systèmes d’enregistrement en haute mer. Toutefois, relativement peu d’entre elles ont été réalisées dans les pays en développement, et J. Jolles estime qu’il existe un énorme potentiel pour changer cette situation.
Pour aider à accélérer l’utilisation de tels dispositifs, J. Jolles a créé un site web, The Raspberry Pi Guide for Scientists and Anyone Else, qui fournit des tutoriels étape par étape pour aider les gens à intégrer le Raspberry Pi dans leur travail.
Mick Warwicker
Cet article a d’abord été publié par SciDev.Net.