Lors d’un atelier et dans un nouveau rapport, des scientifiques, des ingénieurs, des planificateurs et des responsables politiques ont mis en évidence les défis et les possibilités de décarbonisation du secteur des transports en Afrique.
À l’échelle mondiale, près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre proviennent du secteur des transports. Bien que l’accent ait été mis, à juste titre, sur les plus grandes économies émettrices de CO2, il existe une opportunité intéressante d’accorder plus d’attention à l’Afrique.
Bien que l’Afrique ait actuellement l’un des taux de motorisation les plus faibles au monde, elle est sur le point de devenir un nouvel acteur majeur dans le secteur des transports dans un avenir proche, avec le potentiel de devenir un leader dans la décarbonisation du mouvement des transports.
L’abandon des transports à énergie fossile présente des avantages pour les gouvernements et les sociétés d’Afrique sur le plan économique, environnemental, de la santé humaine et des infrastructures.
Réduire l’utilisation des énergies fossiles dans les transports
La richesse des ressources énergétiques renouvelables de l’Afrique, la brièveté des distances parcourues quotidiennement et la jeunesse de la main-d’œuvre font que le potentiel du continent en matière d’électrification est important. Si certains gouvernements ont pris des mesures louables pour réduire l’utilisation des combustibles fossiles dans le secteur des transports, ces efforts doivent être davantage coordonnés et intensifiés pour assurer l’avenir énergétique du continent.
Les obstacles comprennent le manque de cadres politiques favorables et de planification intégrée, l’accessibilité financière des véhicules électriques, le manque de fiabilité de la production d’électricité, le manque de sensibilisation et le manque d’infrastructures de soutien, en particulier dans les zones rurales.
Atelier IAP – NASAC
À cette fin, le Partenariat inter-académique (IAP) et le Réseau des académies des sciences africaines (NASAC) ont organisé un atelier en ligne (du 15 au 17 novembre 2021). L’atelier a été organisé par un comité de planification composé d’experts nommés par les académies d’Afrique et d’Europe. Au cours des trois jours, 178 participants de 41 pays (27 pays d’Afrique et 14 autres), issus de gouvernements/intergouvernementaux, d’académies et d’académies, d’ONG et du secteur privé ont participé.
L’atelier avait pour but d’aider à définir le domaine d’intérêt potentiel de l’étude de suivi de 18 mois prévue par l’IAP-NASAC sur les défis et les opportunités de la décarbonisation des transports en Afrique.
Cette étude faisait suite au rapport de 2019 du réseau régional du PIA, le Conseil consultatif scientifique des académies européennes (EASAC), Decarbonisation of Transport : options and challenges, qui fournissait des recommandations politiques aux décideurs de l’Union européenne.
Objet de l’atelier
L’atelier s’est concentré sur :
– Les cadres politiques existants, dans des contextes mondiaux, régionaux et locaux, les défis et les opportunités qui en découlent, et les mesures à prendre pour développer et mettre en œuvre des politiques qui serviront de catalyseurs pour un transport durable en Afrique.
– Les tendances dans les mécanismes de financement qui sont en place pour soutenir les études stratégiques et techniques, ainsi que la mise en œuvre de ces stratégies sur le terrain. La discussion devait également indiquer les perspectives d’opportunités de financement qui pourraient exister à l’avenir pour soutenir le programme de décarbonisation en Afrique.
– Les initiatives mondiales et régionales en cours et les meilleures pratiques en matière de décarbonisation des transports, afin de tirer les leçons de ces initiatives et d’identifier les lacunes et les domaines potentiels d’intervention dans les initiatives futures.
– La question de la planification des transports dans le contexte de l’agenda de décarbonisation, en se concentrant sur les considérations de planification stratégique aux niveaux régional et local, en mettant l’accent sur les considérations relatives aux transports urbains, aux transports publics, à la connectivité rurale-urbaine et aux transports non motorisés.
Tendance à la motorisation, émissions de CO2
L’atelier a mis en évidence la tendance croissante de la demande de transport, de la motorisation et des émissions de CO2 en Afrique, ainsi qu’un certain nombre d’initiatives prometteuses en faveur de la mobilité durable sur le continent. Il a également mis en évidence certains des principaux défis auxquels les pays et les villes d’Afrique sont confrontés alors qu’ils tentent de trouver un équilibre entre le besoin d’accès et de mobilité et le besoin de décarbonisation des transports, assurant ainsi la durabilité.
IAP, NASAC, AAiT
Sir Richard Catlow, coprésident de l’IAP, a souligné : « Nous ne devons pas commettre l’erreur de concentrer notre attention uniquement sur les économies qui émettent actuellement le plus de gaz à effet de serre dans le monde. Nous devons adopter une vision plus stratégique afin d’identifier les futurs domaines qui permettront de limiter les effets du changement climatique, tout en créant des avantages pour la santé humaine et l’économie, partout dans le monde. »
Le professeur Norbert Hounkonnou, président de la NASAC, a souligné que « les académies d’Afrique sont bien placées pour apporter une large expertise à cette importante initiative, et leur indépendance vis-à-vis des gouvernements et des intérêts commerciaux garantira une contribution précieuse aux discussions politiques stratégiques en cours aux niveaux local, national, régional et international. »
Le professeur Bikila Teklu Wodajo, président de l’atelier et directeur général de l’Institut de technologie d’Addis-Abeba (AAiT), a conclu : « Les villes et les nations africaines ont la possibilité de tracer leur propre voie pour décarboniser leurs systèmes de transport, en dépassant les anciennes technologies. Il existe un fort potentiel pour l’adoption des véhicules électriques en Afrique, y compris l’assemblage local et d’autres possibilités de création d’emplois qui peuvent aider à surmonter certains des obstacles connus à la mise à l’échelle. »
Étude de suivi prévue
Une étude de suivi prévue par l’IAP et le NASAC examinera un ensemble d’initiatives locales et nationales de transport urbain sur le continent afin d’en tirer des enseignements qui pourraient être appliqués à d’autres villes et pays d’Afrique, notamment dans les domaines des véhicules électriques, des normes relatives aux véhicules et aux carburants, des transports en commun et du secteur informel des transports, dans le but de contribuer à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP-27) qui se tiendra en Égypte en novembre 2022.
Le rapport de synthèse de l’atelier IAP-NASAC “Decarbonisation of Transport in Africa – A Transport Planning Perspective” est disponible en anglais et en français sur https://www.interacademies.org/project/decarbonization-transport-africa.
Ce billet a été extrait de IAP.