Le 27 juin 2023, un atelier a été organisé dans le cadre du congrès Sustainability Research and Innovation 2023 au Panama pour discuter du contenu d’une Décennie internationale de la science pour la durabilité. Voici les remarques de conclusion de Michel Spiro, président du Comité de pilotage de IYBSSD.
Cet atelier « Toward an International Decade of Science for Sustainability » a été une session animée et fructueuse. Je tiens à remercier les organisateurs d’avoir permis cette session sous l’égide de l’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable, dans le cadre de ce congrès de référence SRI2023 au Panama.
Je tiens à remercier le maître de cérémonie de cette session Carlos Alvarez Pereira pour avoir présidé cette session de manière remarquable. Carlos est vice-président du Club de Rome. Je tiens à remercier tous les intervenants et tous les participants à cette session. Je remercie également Luc Allemand, secrétaire général de l’Année internationale, qui a aidé, dans l’ombre, à préparer depuis Paris cette session.
L’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable, que nous célébrons cette année et l’année dernière, a été proclamée par consensus par l’Assemblée générale des Nations unies le 2 décembre 2021 à l’initiative du Honduras, dont la résolution a été soutenue par de nombreux pays. Elle est placée sous l’égide de l’UNESCO. La cérémonie d’ouverture a eu lieu le 8 juillet 2022 au siège de l’UNESCO à Paris, tandis que la cérémonie de clôture aura lieu au CERN, à Genève, le 15 décembre 2023.
Le programme de cette année internationale est riche et dense. Des centaines d’événements ont déjà eu lieu dans le monde entier. Une grande variété de sujets a été traitée, avec un accent particulier sur la contribution que les sciences fondamentales peuvent apporter au développement durable.
Justification : les sciences fondamentales sont axées sur la curiosité et la recherche. Elles augmentent le réservoir de connaissances que les générations futures utiliseront pour faire face à leurs problèmes. Elles sont les fondements de l’éducation et les sources de découvertes qui se transforment en applications : elles contribuent alors à servir un développement durable inclusif. Tous ensemble (éducation, découvertes, applications et développement durable inclusif) peuvent stimuler des sciences fondamentales collaboratives et ouvertes. C’est le cercle vertueux que nous avons promu pendant l’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable et que nous voulons promouvoir par la suite.
Les sciences fondamentales peuvent alerter l’humanité sur les crises à venir et fournir des orientations et des moyens de les gérer. Déjà en 1972, le Club de Rome, dont l’action était guidée par la curiosité et la recherche, lançait des alertes sur les limites de la croissance et indiquait des pistes pour les gérer grâce à l’apport des sciences fondamentales et des connaissances qu’elles génèrent.
Cependant, bien qu’essentielles, les sciences fondamentales ne suffisent pas, à elles seules, à assurer un avenir durable à la société ! Nous avons besoin de toutes les sciences, de toutes les connaissances et d’une bonne connexion avec la société et les décideurs, ce que nous appelons la transdisciplinarité, pour saisir les questions de durabilité et agir en faveur de celle-ci. Pour atteindre cet objectif, nous aurons besoin de vous, enseignants, scientifiques, de la société dans son ensemble avec les secteurs privé et public, des décideurs, du système intergouvernemental et multilatéral pour partager cette vision et agir en conséquence.
Les sciences de la durabilité sont actuellement très fragmentées d’un point de vue thématique, géographique et organisationnel. Cela peut être approprié pour obtenir des actions rapides, locales et efficaces.
En outre, une approche systémique organisée à l’échelle mondiale avec une stratégie à long terme serait essentielle pour parvenir à une action mondiale efficace et pour faire face aux défis mondiaux. La science et la société dans son ensemble, la connaissance et la transformation doivent être lancées de manière cohérente, pour viser l’équité, la diversité, l’inclusion (ne laisser personne de côté) et une planète saine et vivante avec une économie circulaire alimentée par une énergie décarbonée.
- Nous devons mobiliser, connecter et organiser globalement les citoyens du monde entier sur les sciences pour la durabilité. Il faut inventer un type d’organisation en réseau en toile d’araignée. La curiosité, l’émulation et la collaboration sont les mots clés;
- Nous devons développer des stratégies de transformation, en particulier à travers le lien science-politique-société. Les modèles du GIEC et de l’IPBES pourraient être renforcés, en couvrant tous les thèmes de la durabilité (5 thèmes : climat, biodiversité, océan, continents, santé peut-être ?), avec l’ajout de scientifiques nommés par leurs pairs et avec une feuille de route transformatrice cohérente, comme un impératif pour les gouvernements, sur la base des connaissances et des données acquises;
- Les données sont essentielles, car elles permettent d’évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable. Elles doivent être vérifiées, intégrées et servir de jalons et de boussoles stratégiques. Un modèle de jumelage numérique intégré aux données pourrait être considéré comme une activité cible centrale.
C’est la raison d’être d’une Décennie internationale des sciences, à nouveau de toutes les sciences, de tous les savoirs, pour l’action en faveur de la durabilité (y compris les savoirs/sciences des citoyens et des populations autochtones). Cette décennie doit être menée de la base au sommet, depuis les scientifiques et les connaissances de la société jusqu’au système intergouvernemental et multilatéral. Nous espérons qu’une résolution dans ce sens sera bientôt adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies.