Les scientifiques doivent accepter de s’engager dans des partenariats avec toutes les parties de la société pour que leur travail soit utilisé.
Billet précédent dans cette série.
Comme nous l’avons vu avec les messages clés de la partie Partenaires pour la transformation du rapport The Future is Now, un point important soulevé par les auteurs pour réaliser les ODD, est de changer les modes de collaboration entre la science, la société et les décideurs politiques.
Des transformations majeures dans des domaines tels que les systèmes énergétiques, la santé, l’alimentation et l’urbanisation rendent nécessaire de repenser radicalement les partenariats entre la science, les gouvernements, le secteur privé, la société civile, etc. Les objectifs de développement durable couvrent de nombreux secteurs et des lieux éloignés, mais chaque contexte a ses propres exigences et ses compromis potentiels entre les objectifs. Les scientifiques du monde entier peuvent unir leurs forces à celles des fonctionnaires, des hommes d’affaires et des autres citoyens pour gérer ces compromis de manière équitable.
Bien sûr, il y a des obstacles à l’établissement de nouveaux partenariats, notamment du côté des scientifiques universitaires, qui veulent conserver leur indépendance vis-à-vis des autres pouvoirs de la société.
Les scientifiques et les ingénieurs, préoccupés par l’impact sur leur carrière, peuvent se méfier des partenariats. Certains peuvent vouloir éviter de travailler avec des acteurs étatiques puissants ou des entreprises qu’ils associent à des préjudices écologiques et sociaux antérieurs, à une faible responsabilisation ou à un manque d’engagement en faveur de l’équité. D’autres scientifiques ou ingénieurs peuvent éviter de s’engager avec le riche corpus de connaissances vernaculaires, locales et traditionnelles par crainte de perdre leur crédibilité, ou en raison d’idées fausses sur la valeur de celles-cipar rapport aux connaissances universitaires.
Cependant, écrivent les auteurs, les résultats attendus valent bien les risques encourus. Ils invitent à s’appuyer sur des initiatives telles que One Health, qui vise une approche holistique de la santé, et à associer toutes les parties prenantes.
Les connaissances et les solutions nécessaires pour concilier des exigences contradictoires n’émergeront probablement que de nouvelles alliances, même improbables. L’approche One Health en est un exemple : elle vise à améliorer la santé et le bien-être par la prévention des risques et l’atténuation des maladies qui trouvent leur origine à l’interface entre les humains, les animaux et leur environnement naturel. Cette approche rassemble des communautés telles que des éleveurs, des responsables de la santé, des médecins vétérinaires et des médecins généralistes, des écologistes, des anthropologues et d’autres encore. D’autres nouvelles voies de coopération offrent des espaces permettant à diverses parties prenantes de travailler ensemble sur des innovations et des prises de décision créatives et intersectorielles. Parmi ces essais, on peut citer les laboratoires des objectifs de développement durable, les laboratoires de transformation ou les laboratoires de gouvernance.