Il n’y a pas assez de scientifiques dans les pays en développement. Il faut que cela change.
Billet précédent dans cette série.
Un point important pour pouvoir utiliser les connaissances scientifiques afin de réaliser les ODD est la capacité à les produire partout dans le monde. Comme l’écrivent les auteurs du rapport The Future is Now, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ce sera également un thème important d’IYBSSD 2022 : aucune partie du monde ne devrait être en dehors de la production des sciences fondamentales. Il y a bien sûr des raisons d’équité. Mais aussi, les sciences fondamentales ne sont pas produites hors contexte, et de nouveaux domaines de connaissance apparaîtront nécessairement à mesure que des personnes différentes, dans des environnements naturels et culturels différents, produiront de la science. De plus, les pays du Sud, où les scientifiques sont aujourd’hui moins nombreux, sont aussi ceux où se trouvent, et se trouveront de plus en plus, les jeunes : les jeunes cerveaux, correctement éduqués, produiront sans aucun doute la plupart des connaissances dont nous avons besoin pour les ODD.
Environ 8 millions de chercheurs sont aujourd’hui actifs dans le monde, mais la répartition mondiale de cette capacité scientifique est très inégale. Les pays de l’OCDE comptent environ 3 500 chercheurs par million d’habitants, soit 50 fois plus que dans les pays les moins avancés, où l’on ne compte qu’environ 66 chercheurs par million d’habitants. Ce faible nombre de chercheurs, associé à un manque de tradition scientifique et de financement, et à un accès limité aux publications scientifiques, entrave sérieusement les systèmes de recherche dans le Sud. Il désavantage également ces pays dans la négociation et la mise en œuvre de l’Agenda 2030.
Une autre raison de renforcer la capacité scientifique dans le Sud est d’éviter de commettre les mêmes erreurs catastrophiques que celles commises par les pays du Nord au cours des deux derniers siècles au moins, avec leurs modes de développement non durables.
Les pays les moins avancés ont un besoin urgent de connaissances et de soutien spécifiques au contexte afin de rompre avec l’association historique entre le développement économique et la dégradation de l’environnement, et de construire à la place des bases sociales solides et une gestion de l’environnement en tandem avec le développement économique.