Comment la science peut-elle aider à progresser vers des systèmes économiques qui seraient plus durables (et plus équitables) ?
Le deuxième « point d’entrée » pour le développement durable dans le rapport The Future is Now est « Des économies équitables et durables ». Ici, la partie consacrée à la science est assez courte, et insiste sur un point principal : comment concilier une économie en croissance, avec plus de biens pour les plus pauvres, et les besoins de l’environnement ?
Les technologies peuvent aider à faire des compromis, mais des évaluations globales sont nécessaires. De nombreuses technologies nouvelles pourraient favoriser des compromis entre la production et l’environnement.
Réduire la consommation d’énergie
Si vous regardez la figure ci-dessus, qui résume les faits concernant une économie durable et équitables, vous retiendrez peut-être qu’il y a deux points principaux où la science (et la technologie) peut agir. Le premier est la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre.
Par exemple, la production d’énergie devient plus durable et moins coûteuse grâce à l’innovation, par exemple dans le domaine des nanotechnologies pour les panneaux solaires. L’énergie solaire est désormais compétitive par rapport à l’énergie produite à partir de combustibles fossiles. En attendant, les solutions renouvelables hors réseau offrent des alternatives aux coûteuses extensions de réseau et peuvent donc électrifier les régions éloignées plus efficacement et plus rapidement. La production d’énergie devient donc plus équitable et plus durable.
Du côté de la demande, un smartphone, par exemple, peut désormais fournir en un seul appareil les services auparavant offerts par de nombreux appareils différents, ce qui pourrait réduire la demande totale d’énergie, si le consommateur l’utilise effectivement pour remplacer ces autres appareils.
Les technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle, l’« internet des objets » et la blockchain mettent en avant des applications qui peuvent accélérer le passage d’une production et d’une consommation inefficaces et polluantes – par exemple, par le biais de parcs de véhicules électriques ou de thermostats améliorés et contrôlés à distance qui gèrent plus efficacement le chauffage et la climatisation des habitations.
Prendre en compte les effets secondaires
Ici aussi, une évaluation globale est nécessaire. Prendre les innovations une par une, aussi bonnes qu’elles puissent être individuellement, sans tenir compte de leurs impacts sur d’autres aspects de la vie économique, sur la santé ou sur l’environnement, pourrait entraîner des effets secondaires indésirables (comme le savent les pharmaciens). C’est là que les scientifiques doivent rester humbles : il n’existe pas de solution miracle qui permettrait de relever en même temps tous les défis liés aux ODD.
Ces innovations ne se traduiront toutefois pas par une réduction de la demande globale si les consommateurs réagissent à une plus grande efficacité en consommant plus, ou si elles s’accompagnent d’effets secondaires dommageables. Par exemple, un service d’appel de voitures électriques devrait réduire l’empreinte carbone par trajet. Mais il peut augmenter les émissions totales s’il détourne les passagers de systèmes de transport public plus efficaces et plus largement accessibles, et s’il augmente les embouteillages.
Économiser les matériaux et éviter les nouveaux polluants
Le deuxième point sur lequel la science (et la technologie) peut agir est la consommation de matériaux. Ici, il y a un défi fondamental pour les scientifiques (surtout pour les spécialistes des matériaux et les chimistes, mais pas seulement). Il n’est pas vraiment nouveau : les 12 principes de la chimie verte ont été proposés il y a 22 ans par Paul Anastas et John Warner. Ils peuvent certainement être discutés, et leurs applications et interprétations ne sont pas unilatérales, mais ils pourraient certainement aussi guider beaucoup plus de travaux de chimie qu’ils ne le font aujourd’hui.
Avant d’inventer de nouveaux matériaux et de nouvelles molécules, les scientifiques doivent réfléchir à leur impact sur le développement durable. Il en va de même dans d’autres domaines. Les concepteurs d’algorithmes, par exemple, pourraient également s’appuyer sur des principes écologiques, qui prendraient en compte la consommation d’énergie.
Les nouvelles technologies, notamment les smartphones, peuvent également introduire de nouveaux polluants – de nouvelles substances – dans le système terrestre, auxquels les capacités de traitement actuelles seraient inadaptées. Des applications telles que la blockchain et l’informatique en nuage sont également très gourmandes en énergie.
À suivre.