La pandémie actuelle donne un regard particulier sur des passages du rapport publié en septembre 2019.
Le rapport The Future is Now – Science for achieving sustainable development analyse que les 17 ODD sont si interconnectés qu’il n’y aurait aucun intérêt à les considérer séparément les uns des autres.
Les auteurs identifient plutôt six points d’entrée « qui offrent le plus de promesses pour réaliser les transformations souhaitées à l’échelle et à la vitesse nécessaires. »
Et, pour chacun de ces points d’entrée, ils examinent les quatre leviers dont nous avons déjà parlé. Bien que nous vous suggérons, bien sûr, de lire le rapport, nous n’examinerons ici que ce qu’ils écrivent sur le levier « Science et technologie ».
Bien-être et capacités humaines
Le premier point d’entrée est « Bien-être et capacités humaines ». Alors que la moitié de la population de la planète est plus ou moins confinée chez elle et que la pandémie de COVID-19 est en cours, on peut constater que les auteurs ont plutôt bien fait leur travail d’enquête et de bibliographie : ce que nous vivons aujourd’hui était largement prévisible.
La plupart des moyens de prévenir une telle pandémie et d’en atténuer les conséquences sont décrits ici.
La science et la technologie offrent de nombreux outils pour améliorer la compréhension des risques et des possibilités, et pour orienter les différentes lignes d’action. Les nouvelles technologies et la recherche en sciences naturelles et sociales élargissent le champ des soins de santé et du développement cognitif. Elles réduisent également les coûts des soins de santé, de l’éducation et d’autres services dans certains contextes, et permettent d’atteindre plus efficacement les personnes handicapées et celles qui vivent dans les zones rurales, ainsi que d’autres groupes qui risquent d’être laissés pour compte.
La science à l’origine des solutions
Les auteurs ne donnent que quelques exemples de la manière dont la technologie fondée sur la science peut contribuer à améliorer les soins de santé. Si ces exemples avaient été mis en œuvre dans un plus grand nombre de pays, le fardeau de la COVID-19 aurait certainement été moins lourd (et ce n’est pas seulement une question de pays « développés » vis-à-vis de pays « en développement »).
Des solutions technologiques innovantes sont en cours d’élaboration pour favoriser l’accès universel aux soins de santé et aux établissements de soins. Il s’agit notamment de la mutualisation des risques pour étendre la couverture d’assurance maladie, de la e-santé pour atteindre les populations mal desservies et les personnes à mobilité et activité limitées, et des services de lutte et de prévention des maladies non transmissibles.
La croissance de l’enseignement en ligne
Êtes-vous professeur d’université, enseignant ou étudiant (quelque soit votre niveau) ? Votre situation actuelle est très probablement décrite ici aussi. Se produira-t-elle plus régulièrement à l’avenir (pour des raisons plus heureuses qu’aujourd’hui) ?
On peut désormais dispenser davantage d’enseignement en ligne dans les régions éloignées. Et la technologie peut aussi accroître la fréquence et la portée de la formation et de la certification des enseignants.
De nouveaux procédés de production
Et que voyons-nous dans de nombreuses régions du monde, où les gens ont désespérément besoin de matériel médical et de protection ? Les réseaux sociaux regorgent de recettes et de tutoriels sur l’utilisation d’imprimantes 3D et d’autres appareils locaux pour produire des objets.
En outre, ces nouvelles technologies peuvent transformer les processus de production, ce qui garantit une prestation de services plus rapide et moins coûteuse, également accessible dans les pays en développement. Par exemple, l’impression en 3D permet un développement bon marché et la production en faible volume de composants complexes.
La compréhension des données
La collecte de données pour éclairer la décision publique n’est pas une pratique nouvelle. Mais l’appel du rapport au développement de la compréhension et de l’analyse des données résonne aujourd’hui plus que jamais, car des décisions urgentes doivent être prises, par les décideurs politiques, mais aussi par les scientifiques, les médecins et tout le monde, chacun à son niveau de responsabilité. Même sous pression, il importe de prendre les données telles qu’elles sont (et telles qu’elles ne sont pas), et de les utiliser le plus correctement possible.
Les politiques visant à développer les capacités doivent être fondées sur des données longitudinales détaillées et désagrégées qui suivent les individus tout au long de leur cycle de vie et d’une génération à l’autre. Cela signifie qu’il faut améliorer la collecte de données et la compréhension des données par les décideurs, afin qu’ils comprennent les liens entre le cycle de vie et les générations dans les situations de privation, et qu’ils soient mieux à même d’aligner les actions sur les besoins et de concevoir des politiques en fonction des contextes régionaux et nationaux spécifiques. Cela peut inclure l’utilisation de données massives et de méthodes d’analyse complexes.
De l’espoir avec ce que nous savons déjà
Concluons pour l’instant par quelques mots d’espoir. Oui, nous savons déjà beaucoup de choses sur la façon de prévenir et de traiter les épidémies. Nous devons simplement nous préparer. Nous devons simplement continuer à faire de la science même si cela ne semble pas être un besoin urgent. Nous ne l’avons pas fait, collectivement, après le SARS de 2003 et le MERS de 2012. Espérons que la dure leçon que le monde prend aujourd’hui (et dont nous ne savons toujours pas comment elle va se terminer) aidera à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour éviter une situation analogue (voire pire) dans 1, 5, 10 ou 20 ans.
La santé publique et la gestion des épidémies et des maladies infectieuses peuvent tirer parti des technologies les plus récentes. Les organismes de recherche peuvent collaborer dans tout le secteur des soins de santé pour mettre au point des traitements préventifs et curatifs innovants et peu coûteux. Ceux-ci peuvent s’attaquer aux maladies transmissibles et non transmissibles, en tenant compte notamment de leurs variantes dans les pays à faible et moyen revenu, et pour les femmes, dont les différents symptômes et besoins en matière de dosage sont souvent exclus de la recherche médicale. Ils peuvent aussi comprendre le traitement de la tuberculose multirésistante ou des stratégies visant à lutter contre la résistance croissante aux antibiotiques. On peut aussi déployer des efforts pour mettre au point des modèles à bas prix et à grande capacité de production afin d’augmenter l’accès aux vaccins, aux tests de diagnostic, aux produits pharmaceutiques, aux suppléments et au planning familial dans les pays à faible et moyen revenu. Enfin, de nouvelles formes de collecte de données peuvent contribuer à réduire la propagation des maladies infectieuses.
À suivre.