Nous poursuivons la lecture du rapport scientifique sur les ODD The Future is Now.
Les auteurs du rapport The Future is Now ont identifié quatre principaux leviers qui peuvent être actionnés pour progresser vers le développement durable : la gouvernance ; l’économie et la finance ; l’action individuelle et collective ; la science et la technologie.
Nous nous intéressons bien sûr particulièrement au quatrième, en tant que promoteurs d’une Année internationale des sciences fondamentales au service du développement durable.
Nous suggérons à tous ceux qui s’intéressent aux ODD de lire le rapport complet, mais nous présentons les parties de celui-ci les plus pertinentes pour notre propre sujet.
Les ODD ont besoin de science
Dans le contexte des objectifs de développement durable, la technologie a une place centrale dans la résolution des compromis nécessaires entre les différents objectifs et cibles.
Par exemple, la cible 2.3 exige un doublement de la productivité agricole, qui pourrait être atteint en donnant la priorité aux gains de productivité sur tout le reste, mais qui pourrait alors avoir un impact négatif sur une myriade d’autres cibles, notamment ceux liés aux moyens de subsistance, à la santé, à l’atténuation du changement climatique, à la biodiversité et à l’eau. Toutefois, ces problèmes peuvent être réduits au minimum par le déploiement stratégique de nouvelles technologies, de capteurs avancés pour l’utilisation de l’eau à l’agriculture intelligente sur le plan climatique, en passant par les énergies renouvelables.
Dans un autre exemple, les progrès des technologies d’édition génétique, notamment les « Courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées » (CRISPR), peuvent améliorer les perspectives de la thérapie génique au niveau individuel avec des gains de productivité et contrôler les maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme, et faciliter la reproduction de précision pour les plantes et les animaux.
Le déploiement de technologies avancées comme l’intelligence artificielle pourrait également jouer un rôle majeur dans la réalisation des objectifs de développement durable. De nombreuses applications de ce type sont en cours de développement, mais, avant qu’elles nes osient déployées, elles doivent faire l’objet d’une évaluation minutieuse de leurs conséquences potentielles plus larges.
Faut-il préciser que tous les exemples donnés ici découlent directement de sciences fondamentales?
- les capteurs avancés pour l’utilisation de l’eau utilisent des dispositifs et des matériaux d’électronique avancée, ainsi que des mathématiques pour la communication et les calculs ;
- les énergies renouvelables nécessitent des connaissances de base en physique, chimie, géologie, biologie, cristallographie et mathématiques ;
- CRISPR provient directement de l’étude des bactéries ;
- l’Intelligence artificielle contient beaucoup de mathématiques de haut niveau, de traitement du signal et de physique statistique.
Les ODD ont besoin de science partout
Pour exploiter pleinement le potentiel de la science et de la technologie, il faudra investir massivement dans la recherche et le développement (R&D). Actuellement, l’investissement mondial s’élève à près de 1 700 milliards de dollars par an, dont 80 % proviennent de 10 pays.
Si certains pays en développement augmentent leurs investissements en R&D à un rythme plus rapide que leurs homologues des pays développés, la plupart des pays en développement, notamment les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés enclavés, ont besoin d’un meilleur accès aux technologies et aux connaissances grâce à la coopération avec les pays développés, à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire.
Toutefois, il ne suffit pas de développer la technologie ; il faut aussi la rendre disponible, accessible et suffisamment attrayante pour en encourager l’adoption à grande échelle, tout en développant les capacités des utilisateurs concernés. Les pays ont besoin d’un contenu plus pertinent au niveau local, de centres d’innovation et de pôles technologiques locaux, et d’un soutien aux initiatives de données ouvertes.
Le transfert de technologies, en particulier vers les institutions des pays en développement, sera essentiel pour intensifier et accélérer la mise en œuvre de l’agenda 2030.
Une conséquence de ce qui est écrit ici est que la science (et la technologie qui y est liée) doit être développée partout sur la planète. Même si les résultats de la science fondamentale sont les mêmes partout, le contenu précis des questions explorées par les scientifiques sont liées au contexte dans lequel ils travaillent et vivent.
L’histoire des sciences est remplie de savants qui ont découvert de nouvelles réalités et de nouveaux phénomènes à l’occasion de voyages. Aujourd’hui que l’humanité a la capacité de développer la recherche scientifique partout où les gens vivent, il est vraiment important que nous le fassions, dans l’intérêt des sciences fondamentales et du développement durable.
À suivre.