Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, il faudra réduire considérablement les émissions mondiales de gaz à effet de serre, idéalement d’environ 40 à 50 % d’ici 2030.
L’étude, publiée dans Nature Communications, a été coordonnée par des chercheurs de l’Agence néerlandaise d’évaluation environnementale PBL et de l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas. Elle s’appuie sur l’expertise du consortium CD-LINKS, qui est dirigé par l’IIASA avec des partenaires du Brésil, de la Chine, de l’Union européenne, de l’Inde, du Japon, de la Fédération de Russie et des États-Unis. L’équipe a élaboré des scénarios pour faire le point sur les actions nationales actuelles en matière de climat et les comparer à l’objectif global de l’accord de Paris.
L’impact des politiques actuelles
Les chercheurs se sont concentrés sur les tendances des émissions dans les sept pays et régions conjointement responsables de la majorité des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ils ont identifié, dans tous les pays, un grand écart entre l’impact des politiques climatiques mises en œuvre et les réductions nécessaires pour atteindre l’objectif global de l’accord de Paris. Selon les auteurs, la cause sous-jacente (un écart dans les objectifs ou dans la mise en œuvre) varie d’un pays à l’autre.
Pour atteindre les objectifs, tous les pays devront accélérer la mise en œuvre des politiques relatives aux technologies renouvelables et à l’amélioration de l’efficacité énergétique. Comme les pays sont censés mettre à jour leurs contributions nationales déterminées (NDC) avant la conférence des Nations unies sur le climat (COP26) reportée à l’année prochaine, il est essentiel de connaître l’impact des politiques nationales actuelles.
Neuf modèles d’évaluation intégrée
L’étude s’est penchée spécifiquement sur l’impact des politiques nationales, sur la période allant jusqu’à 2030, en utilisant neuf modèles d’évaluation intégrés provenant de divers instituts du monde entier. Les chercheurs ont inventorié les principales politiques mises en œuvre dans les pays et régions du G20 et ont constaté que celles-ci réduiraient les émissions de gaz à effet de serre de 2,5 à 5,0 Gt d’équivalent CO2 d’ici 2030, soit 5,5 %, par rapport à une situation où aucune politique et aucun objectif climatique n’auraient été mis en œuvre.
Les réductions effectives sont nettement inférieures à celles promises dans les NDC des pays. Si elles étaient pleinement mises en œuvre, les NDC entraîneraient une réduction supplémentaire d’environ 5 à 10 Gt d’équivalent CO2, ce qui équivaut à une réduction des émissions d’environ 17 % d’ici 2030, par rapport à un scénario sans réduction des émissions.
L’optimisation du coût des réductions
Bien que l’étude montre que les bonnes politiques sont effectivement mises en œuvre dans certains cas, les auteurs soulignent qu’un retard dans l’action entraînera soit des coûts supplémentaires, soit la non-réalisation de l’objectif de Paris. L’écart d’ici 2030 est estimé à environ 22 à 28 Gt d’équivalent CO2. L’analyse des scénarios montre que pour atteindre l’objectif mondial de l’accord de Paris de manière optimale en termes de coûts, une réduction de 40 à 50 % des émissions mondiales est nécessaire.
Évaluation globale de l’accord de Paris
Les résultats de l’étude constituent une contribution à l’évaluation globale de l’accord de Paris, qui se poursuivra jusqu’en 2023, date à laquelle le prochain bilan mondial doit avoir lieu. L’aperçu des politiques les plus importantes dans les différents pays fait partie de la base de données sur les politiques climatiques développée dans le cadre de l’étude.
Les chercheurs peuvent continuer à contribuer à cette base de données en y ajoutant de nouvelles informations sur les politiques actuelles. Les scénarios nationaux et mondiaux qui sous-tendent les résultats de l’étude sont disponibles via le nouvel explorateur de scénarios de CD-LINKS afin d’assurer la transparence et de permettre le développement d’analyses supplémentaires sur la base des données.
Cet article a d’abord été publié par l’IIASA.