Connaître l’impact du changement climatique sur la qualité et l’approvisionnement en eau à l’échelle des communautés locales est crucial pour l’atténuer.
La disponibilité et la qualité de l’eau seront de plus en plus affectées par le changement climatique, mettant en danger les communautés vulnérables, à moins que des mesures ne soient prises dès maintenant pour renforcer la résilience, préviennent des chercheurs.
Améliorer l’accès aux informations climatiques locales et mesurer l’impact de la météo sur l’approvisionnement en eau est essentiel pour faire progresser la sécurité de l’eau à mesure que les températures mondiales augmentent, selon The Water Security for Climate Resilience Report, publié ce mois-ci par le programme de recherche REACH dirigé par l’Université d’Oxford.
Impacts sur les vies et les moyens de subsistance
Le rapport indique que si l’effet du climat sur les sécheresses et les inondations est bien connu, les impacts sur les vies et les moyens de subsistance au niveau communautaire sont souvent oubliés.
“L’impact du changement climatique sur les systèmes d’eau continuera à augmenter, menaçant la vie des gens et leur qualité de vie, menaçant la productivité économique des pays”.
Katrina Charles, co-directrice du programme REACH de l’université d’Oxford
L’auteur principal du rapport, Katrina Charles, professeur et chercheur principal à l’université d’Oxford et codirectrice du programme REACH, explique à SciDev.Net, que les chercheurs ont travaillé à comprendre « comment nous pouvons améliorer la sécurité de l’eau pour tout le monde, y compris les personnes les plus vulnérables. »
Atténuer les impacts du changement climatique
« L’amélioration de la sécurité de l’eau contribuera à atténuer les impacts du changement climatique, a-t-elle déclaré. Sans cela, les gens seront très vulnérables à la pénurie d’eau, aux changements dans la qualité de l’eau, aux inondations. »
« [La recherche] nous a aidés à comprendre […] non seulement les impacts d’événements majeurs comme les inondations et les sécheresses, mais aussi les impacts beaucoup plus complexes des changements météorologiques sur la vie des gens. »
Le cycle de l’eau est altéré
Le rapport cite l’exemple du Bangladesh, où des conditions météorologiques plus extrêmes entraîneront une dégradation de la qualité de l’eau, avec des répercussions sur la santé des populations, les fortes pluies augmentant la contamination de l’eau potable. En période de sécheresse, les eaux usées industrielles sont moins diluées dans les rivières, ce qui expose également la population à des concentrations dangereuses de métaux lourds.
K. Charles affirme que le changement climatique altère déjà le cycle de l’eau, modifiant la disponibilité, la fiabilité et la qualité de l’eau disponible pour la consommation, l’agriculture, l’industrie et l’environnement.
Plus de phénomènes météorologiques extrêmes
« L’impact du changement climatique sur les systèmes d’eau va continuer à augmenter, menaçant la vie des gens et leur qualité de vie, menaçant la productivité économique des pays, a-t-elle ajouté. Nous devons agir maintenant pour améliorer la sécurité de l’eau afin de contribuer à améliorer la résilience climatique. »
Cette recherche intervient alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies a averti, dans un rapport historique, que les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les inondations et les sécheresses deviennent plus fréquents et plus intenses.
Le sixième ODD pourrait ne pas être atteint
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’UNICEF ont également prévenu récemment que le sixième objectif de développement durable des Nations unies, à savoir l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement d’ici à 2030, ne sera pas atteint si le rythme des progrès ne quadruple pas.
Le rapport REACH souligne que les risques liés au climat et à l’eau sont vécus de manière inégale, des mécanismes physiques, politiques, sociaux, comportementaux et environnementaux complexes influençant la sécurité de l’eau des communautés urbaines et rurales.
Une analyse des risques plus locale
Selon les chercheurs, bien que « les institutions de l’eau travaillent à la résilience climatique pour gérer les risques liés aux chocs et à la variabilité climatiques […], il reste encore beaucoup à faire pour intégrer la résilience climatique dans la politique et la pratique de l’eau. »
Les auteurs recommandent de procéder à une analyse plus granulaire, ou locale, des risques climatiques afin de s’assurer que les données sont pertinentes pour des communautés spécifiques. Et ils suggèrent d’améliorer les paramètres de suivi de la résilience climatique pour suivre les progrès et éclairer les décisions d’investissement.
Nouveaux modèles nécessaires
De nouveaux modèles institutionnels sont également nécessaires pour améliorer la sécurité de l’eau et faciliter les décisions résilientes au climat, disent-ils.
Derek Vollmer, directeur principal de la science de l’eau douce, à Conservation International, estime que le rapport est important parce qu’il met l’accent sur la nature locale des problèmes de sécurité de l’eau.
« Les [trois] principales recommandations du rapport sont un bon début, a-t-il déclaré. Chacune d’entre elles implique une réflexion et des investissements à plus long terme, mais dans le but de construire des capacités locales durables. »
Plus d’incertitude à venir
« Le changement climatique introduit plus d’incertitude dans nos systèmes d’eau. Les décideurs locaux et régionaux devront être équipés à la fois des informations et des outils nécessaires pour explorer les mesures d’adaptation, et disposer d’un environnement politique favorable qui leur donne la flexibilité nécessaire pour gérer leurs ressources en vue de la résilience. »
Selon D. Vollmer, le lien entre le changement climatique et la sécurité de l’eau est de plus en plus évident. Mais il ajoute : « Comme le soulignent les auteurs, ces impacts seront différents selon les lieux, les saisons, et même les sous-populations d’un lieu spécifique. »
« Investir des ressources dans des modèles climatiques régionaux plus précis est nécessaire pour fournir des prévisions robustes sur les précipitations et le débit des cours d’eau, qui sont des éléments constitutifs de la planification de la résilience. »
Claudia Caruana
Cet article a d’abord été publié par SciDev.net.