Une lecture intéressante sur la neutralité carbone des villes européennes.
Le mensuel britannique Physics World, publié par l’Institute of Physics, propose dans son numéro d’avril un article intitulé Life in a carbon-neutral world (Vivre dans un monde neutre en carbone). L’éditeur permet gracieusement à tout le monde de le lire gratuitement.
Cet article est très intéressant. Bien qu’il s’agisse d’un article de fond, et que le but de l’auteur n’était pas d’approfondir les détails scientifiques, elle donne suffisamment d’indices pour qu’un lecteur averti voit les sciences fondamentales presque partout.
Nous allons en donner quelques exemples.
Le stockage du carbone
Un moyen de gagner du temps pour parvenir à un monde à zéro émission, écrit-elle, est de capturer et de séquestrer le carbone. Elle discute des moyens d’y parvenir :
- en utilisant les réservoirs souterrains, en particulier ceux de pétrole et de gaz qui ont été vidés ;
- en utilisant les écosystèmes, comme cela est également discuté ailleurs.
La première méthode, très technique, nécessite beaucoup de chimie, de physique et de géologie, pour s’assurer que nous pouvons capturer efficacement le CO2 dans l’atmosphère, et que les stockages seront sûrs, sans fuites. La méthode des écosystèmes nécessite également de nombreuses connaissances de base en biologie. Et n’oublions pas les mathématiques pour toute la modélisation.
De meilleures habitations
Un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans une ville européenne proviennent du chauffage des habitations et de leur alimentation en énergie. L’auteur examine, à l’aide d’exemples bien choisis, comment nous pouvons réduire ces émissions :
- en isolant les maisons existantes (évidemment beaucoup de science des matériaux ici) ;
- par la production autonome d’énergie, par exemple avec des panneaux solaires sur les murs et les toits (de la science des matériaux, là encore, avec de la physique, de la chimie et même un peu de biologie) ;
- en réutilisant des bâtiments existants, ou au moins des matériaux de construction (faut-il répéter ?).
Amélioration des transports et des circulations
Un autre tiers des émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports. L’auteur évoque des solutions qui relèvent davantage de l’urbanisme que des carburants propres (dont les développements sont trop évidemment liés à toutes nos sciences fondamentales préférées).
Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’elle cite le travail de « Marc Barthélémy, expert en réseaux spatiaux au CEA, Institut de physique théorique de Saclay, en France ». Et si vous regardez sa page web personnelle, vous apprenez que ce spécialiste des réseaux urbains travaille dans un département de physique très théorique, comme l’était sa formation scientifique de base. Encore de la science fondamentale !
Moins de carbone dans l’alimentation
En ce qui concerne l’alimentation, dont la production est également responsable de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’auteur envisage que la meilleure action serait un changement de régime alimentaire, vers le veganisme, le végétarisme, ou au moins une énorme réduction de la consommation de viande et de produits laitiers. Si nous y parvenons, non seulement nous aurons besoin d’une alimentation moins intensive en carbone, mais l’agriculture aura également besoin de moins de terres (moins de terres pour le bétail et moins de terres pour la production d’aliments pour le bétail). Voici un exemple de synergie vertueuse : au Royaume-Uni, cela permettra de planter davantage d’arbres (pour le stockage du carbone) et de restaurer des tourbières qui, autrement, pourraient libérer beaucoup de carbone dans l’atmosphère.
Les sciences sociales de la partie
Une dernière remarque avant que vous n’alliez tous lire l’article : les sciences sociales sont également sollicitées pour que toutes ces solutions fonctionnent. L’auteur donne des exemples de la manière dont les maires et d’autres autorités municipales ont réussi à changer les choses et à convaincre une majorité de citoyens de suivre de nouvelles règles. La plupart du temps, cela fonctionne parce qu’ils ont eu recours à un processus de décision collectif. Et qui connaît mieux ces questions que les anthropologues et les sociologues ?
Les ODD sont un travail d’équipe et nous avons besoin de toutes les sciences fondamentales pour réussir.