La science des données mobilisée contre la COVID-19.
Face à la pandémie mondiale de COVID-19, un programme de l’Académie chinoise des sciences connu sous le nom de Big Earth Data Science Engineering (CASEarth) a commencé à organiser les données et les informations afin d’endiguer l’épidémie. CASEarth a coordonné un effort national pour développer une grande plateforme mondiale de données sur le coronavirus. Cette plate-forme a publié et diffusé des données et des informations scientifiques opportunes et faisant autorité concernant la COVID-19, notamment des méthodes de détection, des micrographies électroniques, des génomes, de la littérature scientifique, des résultats de recherches scientifiques en cours et une collection de souches de virus provenant de la Banque nationale de ressources microbiennes des agents pathogènes.
Ces ressources sont précieuses pour les études scientifiques sur la COVID-19 et pour les experts actifs dans la prévention et le contrôle des infections par la COVID-19. En plus des données sur le génome du coronavirus, le système a jusqu’à présent intégré 3 135 génomes de coronavirus et 32 865 séquences d’acides nucléiques provenant de 20 241 souches, séparées de 496 types d’hôtes différents et de 568 sites de collecte.
Intégration de données hétérogènes de multiples sources
La plateforme garantit la qualité des données, en relevant les défis du stockage, du partage et de l’intégration efficaces de données hétérogènes provenant de multiples sources, tant nationales qu’internationales. La plateforme fournit des outils bioinformatiques pour extraire, intégrer et analyser des données de vironomique mondiale. Les ensembles de données disponibles comprennent des informations sur les espèces de virus, les amorces de détection des acides nucléiques, les séquences de sondes, le génotype et le phénotype, les séquences de gènes et les séquences du génome entier, ce qui est une première pour certains ensembles de données. Ces informations sont essentielles pour la recherche sur la mutation, la traçabilité et l’évolution des virus.
Le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC Chine) a également utilisé cette plateforme pour diffuser des informations sur le virus. Les médias et les agences de presse telles que Xinhua, CNN et Reuters ont utilisé les informations disponibles sur la souche du virus et les micrographies électroniques. Dans les 10 jours qui ont suivi son lancement, la plateforme a reçu 6,26 millions de visiteurs, dont 381 000 ont accédé à la plateforme depuis l’extérieur de la Chine, notamment l’Australie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Surveillance des cultures et de la sécurité alimentaire
La plateforme CASEarth est également utilisée pour surveiller la croissance des cultures, afin d’évaluer l’état de l’agriculture en Chine pendant la pandémie. Les grandes capacités d’analyse des données de cette plateforme sont utilisées pour traiter les données de télédétection satellitaire multi-sources combinées à d’autres sources de données. Par exemple, des informations ont été téléchargées pour surveiller le blé d’hiver avant la récolte au début du mois de mars 2020 et pour évaluer les cultures de riz dans le sud de la Chine. Les données massives et la technologie d’observation de la Terre sont particulièrement pertinentes pour les scénarios de pandémie en raison de leur applicabilité à la sécurité alimentaire.
Diffusion d’informations fiables
Une lettre du Secrétaire général de l’ONU aux membres du G-20 note que la crise actuelle offre aux dirigeants du G-20 « une occasion extraordinaire d’avancer avec un ensemble de mesures fortes pour faire face aux diverses menaces de la COVID-19. » Le système des Nations unies devrait jouer un rôle actif dans le soutien des efforts nationaux de lutte contre cette pandémie mondiale, en plus du rôle de l’OMS. La diffusion efficace d’informations fiables, vérifiées et actualisées est essentielle pour les responsables des soins de santé, les responsables médicaux et les experts de la santé, ainsi que pour la sensibilisation du public. Un tel système peut être rapidement mis en place par l’intermédiaire des Nations unies afin de partager les connaissances et les expériences acquises par les États membres pour sauver des vies.
La gestion des urgences dans l’agenda mondial
Dans une perspective à long terme, les leçons tirées de ce défi mondial doivent être traduites en un réseau commun de prévention et de contrôle. À cette fin, nous proposons de :
- mettre l’accent sur le développement des capacités en matière de gestion des urgences et des pratiques dans l’agenda mondial. Les risques biologiques, en particulier les maladies transmissibles d’homme à homme, devraient être traités en priorité par tous les gouvernements nationaux et les organisations internationales, car la mondialisation a aggravé leurs risques. De même, les maladies transmissibles du bétail qui peuvent menacer la sécurité alimentaire mondiale devraient être une priorité. La COVID-19, Ebola et Zika soulignent l’importance de briser le cloisonnement dans la prévention et la gestion des catastrophes.
- l’épidémie COVID-19 est devenue la première catastrophe véritablement mondiale, systémique et en cascade, et une menace réelle pour les efforts mondiaux de développement durable. Les initiatives mondiales doivent relever ce défi, qui, rétrospectivement, n’a pas reçu l’attention qu’il méritait. En raison de la nature de ce défi, un nouvel objectif spécial fondé sur la COVID-19 et des cibles dans le cadre des ODD doivent être introduits pour traiter les catastrophes et les risques sanitaires à grande échelle et évaluer les installations sanitaires à l’échelle, qui sont bien au-delà de la portée e l’ODD3 sous sa forme actuelle.
Huadong Guo, Président du Comité académique, Institut de la télédétection et de la terre numérique, Académie chinoise des sciences
Ce billet a d’abord été publié par la SDG Knowledge Platform et par l’Académie chinoise des sciences.