La recrudescence des risques liés au changement climatique menace les villes du monde entier. Des mesures urgentes d’adaptation et d’atténuation sont nécessaires pour garantir un avenir durable.
L’impact du changement climatique sur les écosystèmes et sur notre cadre de vie est profond. S’appuyant sur le sixième rapport d’évaluation du GIEC, cet exposé souligne l’urgence de comprendre ces risques et leurs implications.
La décennie écoulée a vu la température à la surface du globe dépasser de 1,1 °C la moyenne enregistrée entre 1850 et 1900. Cette tendance au réchauffement est inégalée au cours des 2 000 dernières années, chaque décennie successive s’avérant plus chaude que toutes les précédentes depuis 1850. L’activité humaine, principalement les émissions de gaz à effet de serre, a été identifiée comme le principal facteur à l’origine de ce réchauffement.
Conséquences visibles du réchauffement climatique
Les signes de changement dans le système climatique sont visibles, répandus et de plus en plus marqués. L’atmosphère se réchauffe et devient plus humide, avec des changements significatifs observés dans les schémas de circulation climatique à grande échelle et dans les trajectoires des tempêtes tropicales. Cette tendance s’étend à la cryosphère, où la réduction de la neige et de la glace est omniprésente. La superficie et l’épaisseur des glaces de l’Arctique diminuent, le pergélisol se réchauffe et recule, les glaciers du monde entier reculent, et les glaces du Groenland et de l’Atlantique subissent des pertes dues à la fonte et à la dégradation des plates-formes glaciaires.
Dans le même temps, le réchauffement des océans est évident, accompagné de vagues de chaleur marines fréquentes, et de changements de multiples caractéristiques océaniques telles que la salinité, l’acidité et les niveaux d’oxygène. Ces transformations entraînent des changements dans la répartition des espèces marines. L’élévation du niveau de la mer, effet combiné de la perte de glace terrestre, de la dilatation thermique et des changements océaniques, s’accélère à un rythme d’environ 3,7 millimètres par an. Sur terre, la température de l’air en surface augmente plus rapidement qu’au-dessus des océans, ce qui entraîne des changements dans les zones climatiques.
Intensification des événements extrêmes
Dans de nombreuses régions terrestres, la disponibilité de l’eau est réduite pendant les périodes sèches, en raison de l’augmentation de l’évaporation et de la transpiration des plantes. Des changements dans la distribution des espèces, qui se déplacent vers des altitude plus élevées et vers des climats plus frais, se produisent dans les écosystèmes terrestres. En outre, le changement climatique induit par l’homme favorise l’intensification des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes à l’échelle mondiale, qui se manifestent par des températures terrestres élevées et des précipitations extrêmes accrues.
Le réchauffement futur dépend des scénarios d’émission et de la concentration des gaz à effet de serre. Le consensus est qu’au cours des deux prochaines décennies, la température moyenne à la surface du globe sur 20 ans atteindra probablement 1,5°C. Il y a donc une probabilité de 50 % que les températures moyennes annuelles à la surface du globe dépassent ce seuil d’ici à 2030. Des contrôles plus stricts des émissions sont essentiels pour limiter l’augmentation de la température à la surface du globe à moins de 2 °C d’ici la fin du siècle.
Des risques accrus pour les villes
Cependant, il est peu probable que ces objectifs soient atteints si des réductions substantielles des émissions de gaz à effet de serre n’interviennent pas au cours des prochaines décennies. La poursuite du réchauffement devrait amplifier le cycle mondial de l’eau, entraînant une augmentation des précipitations de mousson et des phénomènes humides et secs plus graves. Les événements extrêmes, en particulier les vagues de chaleur, les fortes précipitations et les sécheresses, gagneront en fréquence et en intensité avec l’augmentation du réchauffement.
Les villes, qui sont au cœur de l’habitat humain, sont confrontées à des risques accrus. Les effets d’îlots de chaleur urbains augmentent le réchauffement dans les zones urbaines, et les villes connaîtront des augmentations de température de 1,5 °C plus rapidement que les zones non urbaines. L’intensification de l’urbanisation amplifie les risques d’inondation dus à des pluies plus abondantes, car les surfaces urbaines modifient les systèmes de drainage naturels.
Les villes peuvent-elles apporter des solutions ?
Les îles de faible altitude et les côtes sont confrontées à une élévation rapide du niveau de la mer, aggravée par les ondes de tempête et les phénomènes extrêmes. Les inondations côtières pourraient entraîner une dévastation généralisée des infrastructures, des logements, des transports et des systèmes énergétiques. L’interaction de l’urbanisation avec les phénomènes climatiques exacerbera le stress thermique dans les villes, perpétuant les effets des îlots de chaleur urbains.
Le pronostic de l’augmentation des températures, du niveau de la mer et des événements extrêmes accentue la nécessité de stratégies d’adaptation et de mesures d’atténuation globales. En outre, les villes jouent un rôle crucial à la fois en tant que contributeurs au changement climatique et en tant que centres potentiels de solutions par l’innovation, l’adaptation et le développement durable. Grâce à une meilleure compréhension du système climatique, les villes peuvent ouvrir la voie à un avenir résilient et durable.
Panmao Zhai, Académie chinoise des sciences météorologiques