Des bactéries et des champignons marins produisent une enzyme capable de dégrader plusieurs types de plastiques et de les ramener à leurs matières premières.
Le 5 juin 2023, la Journée mondiale de l’environnement 2023 a eu pour thème « Vaincre la pollution plastique ». La beauté et la vie associées à l’océan sont éclipsées par la menace alarmante de la pollution plastique. Les océans, qui regorgeaient autrefois de paysages pittoresques, sont devenus des décharges pour des quantités massives de déchets plastiques. Cette crise environnementale constitue une menace grave pour la vie marine, en particulier pour les tortues, qui confondent souvent le plastique avec leur nourriture préférée, les méduses, ce qui entraîne des conséquences fatales en cas d’ingestion. Les hippocampes, les baleines et d’autres espèces marines subissent également des dommages importants dus aux déchets plastiques.
Même les océans polaires éloignés ne sont pas à l’abri de la pollution plastique. Lors de la 34e expédition en Antarctique, des scientifiques ont fait une découverte révolutionnaire en détectant des microplastiques, soulignant ainsi leur omniprésence. Les microplastiques, minuscules particules de plastique d’un diamètre inférieur à cinq millimètres, proviennent à la fois de sources primaires, comme les rejets industriels de plastique, et de sources secondaires, comme la fragmentation du plastique. Ces minuscules particules représentent un grave danger pour les organismes marins, s’infiltrant dans leur corps et entrant même dans la chaîne alimentaire humaine, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes en matière de santé.
Des conditions douces pour le traitement
S’attaquer aux déchets plastiques est une priorité urgente. Les décharges et l’incinération sont des méthodes couramment utilisées, mais elles contribuent à la pollution secondaire, à la consommation d’énergie et à la pollution de l’air. À la recherche d’alternatives durables, les scientifiques explorent le potentiel des microbes et des enzymes. Une voie de recherche particulière consiste à identifier des microbes efficaces pour la dépolymérisation dans les milieux océaniques.
Les chercheurs ont collecté des échantillons contaminés par du plastique sur différents littoraux, ce qui a permis de découvrir un consortium bactérien, CS6, doté de puissantes capacités de dégradation du plastique. Ce consortium a montré des résultats prometteurs dans la dégradation des films PET et PE, des types de plastique courants. En outre, un champignon marin a démontré sa capacité à coloniser et à dégrader les films PE. Après une optimisation des conditions, il est apparu que ce processus de dégradation pouvait être rapide et efficace.
Les microbes pour leur propre bénéfice
Le mécanisme proposé pour la dégradation microbienne implique que les communautés bactériennes se fixent sur les surfaces en plastique, sécrètent des enzymes pour décomposer les plastiques et tirent de l’énergie des produits de dégradation. À mesure que les plastiques se dégradent, ces micro-organismes se développent. Si les solutions microbiennes sont prometteuses, il reste des défis à relever, notamment l’amélioration des taux de dégradation.
La situation critique de la vie marine, l’omniprésence des microplastiques et la nécessité de trouver des solutions durables soulignent l’importance d’une action immédiate pour faire face à cette crise environnementale. Les efforts des scientifiques pour exploiter le potentiel des microbes et des enzymes offrent l’espoir d’un avenir plus propre et sans plastique, mais le chemin à parcourir nécessite la collaboration, l’innovation et une prise de conscience généralisée pour vraiment vaincre la pollution plastique.
Chaomin Sun, Institut d’océanologie, Académie chinoise des sciences