L’enquête mondiale sur les scientifiques (partie 1)
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Qui a répondu à l’enquête ?
32 000 scientifiques de 159 pays ont répondu à l’enquête, dont 50% de femmes et 50% d’hommes.
Quelle a été la technique utilisée pour recueillir les réponses ?
Nous avons mis au point une technique en boule de neige, où les personnes qui répondent recrutent de futur·es participant·es parmi leurs contacts. Ainsi, on dit que le groupe échantillon se développe comme une boule de neige qui roule.
Nous avons utilisé les bases de contacts de certaines organisations partenaires pour atteindre les étudiant·es et les scientifiques professionnel·les dans le monde entier. Comme il n’existe pas de réseau ou de ressource unique permettant de contacter tou·tes les étudiant·es et les scientifiques professionnel·les du monde entier, l’échantillonnage en boule de neige a permis de tirer parti d’autant de réseaux personnels que possible.
L’échantillonnage en boule de neige ne permet pas d’obtenir un échantillon statistiquement représentatif. C’est pourquoi l’analyse et l’interprétation des données recueillies par l’enquête présentent d’importantes limites. Par conséquent, nos résultats n’indiquent que des tendances parmi les individus qui ont répondu à l’enquête, et non pas dans l’ensemble de la population.
En résumé, nos résultats ne doivent pas être considérés comme représentatifs de la population visée dans son ensemble. Toutefois, la concordance de la plupart de nos résultats entre les disciplines, les zones géographiques et le niveau de développement est rassurante.
Dans notre enquête mondiale, certains de nos partenaires (notamment en mathématiques ou en physique) avaient un réseau plus actif que d’autres en ce qui concerne les femmes dans les sciences ou l’égalité femmes-hommes, de sorte que les proportions de réponses ne reflètent pas le poids respectif des disciplines participant au projet en termes de nombre de scientifiques. Malgré cela, nos techniques d’analyse nous permettent de tirer des conclusions sur les expériences relatives des femmes et des hommes dans de multiples disciplines, travaillant dans différents secteurs, et étudiant et poursuivant des carrières dans le monde entier.
Quels outils statistiques avez-vous utilisés pour l’analyse des données recueillies dans le cadre de l’enquête mondiale sur les scientifiques ?
Nous nous sommes concentré·es sur les analyses multivariées. Elles permettent de tirer des conclusions malgré les facteurs de confusion potentiels, comme le secteur d’emploi, la discipline, la région géographique, l’âge, et d’autres encore. Nous sommes toujours en mesure de conclure qu’il existe des différences statistiquement significatives dans les réponses des femmes et des hommes après avoir pris en compte les facteurs de confusion potentiels. La différence entre les femmes et les hommes est très significative dans cette approche multivariée.
Quelles sont les principales conclusions de l’enquête ?
Ils confirment que le fossé entre les femmes et les hommes dans le domaine des sciences est bien réel, dans toutes les régions, toutes les disciplines et à tous les niveaux de développement. Les expériences des femmes, tant dans le domaine de l’éducation que dans celui de l’emploi, sont systématiquement moins positives que celles des hommes.
Marie-Françoise Roy et Colette Guillopé