Comment des infrastructures de recherche fondamentale contribuent-elles au développement durable ? Cette question était au centre de ce que l’on peut considérer comme le premier pré-événement de l’Année internationale des sciences fondamentales au service du développement durable (IYBSSD).
Le titre exact de la session organisée et animée par Michel Spiro, président de l’IUPAP et du comité directeur de l’IYBSSD, et Michele Zema, responsable exécutif des relations extérieures de l’UICr, le vendredi 22 novembre 2019, au Forum mondial de la science à Budapest, en Hongrie, était « Les infrastructures des sciences fondamentales pour un développement collaboratif éthique et responsable ».
Tout d’abord, Son Altesse Royale Sumaya bint El Hassan, présidente de la Société Royale Scientifique de Jordanie, a prononcé un discours d’introduction passionnant (voir le post suivant).
Ensuite, Herwig Schopper, ancien directeur général du CERN, a parlé des bénéfices de la collaboration entre science et politique, pour les deux côtés. Il a donné l’exemple de la création du CERN en 1954, en tant qu’outil scientifique et politique, après la Deuxième Guerre mondiale, et pendant la Guerre froide. Au sein du conseil du CERN, chaque pays membre a ainsi deux délégués, un scientifique et un politique.
Il a aussi expliqué comment le CERN a contribué à la création de SESAME, source de lumière synchrotron construite en Jordanie, dont la seule liste des pays membres montre une voie vers la paix (Chypre, Israël, Palestine, République islamique d’Iran, Pakistan, Égypte et Turquie).
Sekazi Mtingwa, président du Comité exécutif du Projet sur les sources de lumière pour l’Afrique, les Amériques, l’Asie et le Moyen-Orient (LAAAMP) a expliqué la stratégie de ce projet, lancé par l’International Science Council, en collaboration avec l’IUPAP et l’UICr. L’objectif est de diffuser à travers le monde les connaissances sur les sources de lumière avancées. En particulier, le LAAAMP se concentre sur la formation des utilisateurs de ces sources dans les pays où il n’en existe pas, et sur le lobbying auprès des gouvernements afin qu’ils financent de tels instruments.
Atish Dabholkar, directeur du Centre international Abdus Salam de physique théorique (ICTP) à Trieste, a expliqué comment ce centre d’enseignement et de recherche fondé par le physicien pakistanais Abdus Salam, lauréat du prix Nobel, contribue à la diffusion de la science dans le monde entier. Des dizaines d’étudiants de pays en développement ont passé un an ou plus à l’ICTP, des chercheurs isolés sont soutenus, et cet effort est maintenant démultiplié avec des centres affiliés en Chine, au Brésil, au Rwanda et au Mexique.
Enfin, Sanja Damjanovic, ministre des sciences du Monténégro, et elle-même physicienne des hautes énergies (elle a travaillé au CERN et au GSI), a présenté l’Institut international des technologies durables de l’Europe du Sud-Est (SEEIIST), dans la création duquel sont associés huit États des Balkans. Une source de lumière synchrotron de quatrième génération sera au cœur de ce centre de recherche, de technologie et d’éducation. Elle offrira des possibilités diversifiées pour la recherche et l’industrie, ainsi qu’un centre de thérapie du cancer fondé sur l’utilisation de protons et d’ions lourds. Là encore, la science, la société et la politique internationale sont bénéficieront conjointement de ce projet.
Luc Allemand
Voir la session complète (en anglais)