Un partenariat aidera davantage de pays à utiliser une technologie éprouvée pour disposer de plus d’informations sur leurs cultures.
L’observation de la Terre et la surveillance des cultures à grande échelle ne sont pas des exercices faciles ni bon marché, mais tous deux sont nécessaires à une bonne planification de la sécurité alimentaire. Pourtant, de nombreux pays en développement n’ont pas accès aux outils nécessaires, soit en raison de déficits technologiques, soit à cause des coûts.
La Chine entend contribuer à combler ce déficit technologique en offrant aux pays en développement l’accès à son système d’observation de la Terre par satellite pour la surveillance des cultures, CropWatch, en partenariat avec la Commission des Nations unies sur la science et la technologie pour le développement (CSTD), sous l’égide du secrétariat de la CNUCED.
Observations intégrées
CropWatch est un système qui utilise des données satellitaires pour surveiller l’état des cultures et les intègre à d’autres données liées au climat ,sur la sécheresse, les parasites et les maladies, pour une meilleure gestion des exploitations agricoles.
« En temps de crise, la technologie satellitaire peut soutenir la prise de décisions critiques et aider les pays à renforcer leur sécurité alimentaire », a déclaré Mme Shamika Sirimanne, chef du secrétariat de la CSTD et directrice de la technologie et de la logistique de la CNUCED.
Essaims de criquets pèlerins et COVID-19
Les importants essaims de criquets pèlerins en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique au début de l’année, ainsi que les perturbations de l’agriculture normale et des chaînes d’approvisionnement alimentaire causées par le blocage du commerce dû à la crise COVID-1, sont deux exemples où un meilleur accès à la technologie aurait pu être utile.
Le gouvernement chinois cherche à combler ce fossé grâce à un nouveau partenariat tripartite entre l’Académie chinoise des sciences (CAS), l’Alliance des organisations scientifiques internationales (ANSO) et la CSTD.
Un outil pour la prise de décision
CropWatch est utilisé par la Chine depuis 1998 pour évaluer la production agricole nationale et mondiale, et constitue un outil important pour la prise de décision sur le marché alimentaire, la planification annuelle des importations et exportations alimentaires et les secours en cas de catastrophe.
Cette technologie a été déployée dans plusieurs pays en développement et sera désormais étendue à d’autres pays dans le cadre du partenariat. Elle les aidera à surveiller leurs cultures, et le système peut être adapté par pays et par région pour répondre à des besoins spécifiques.
Une réunion virtuelle
Le partenariat a été annoncé, lors de la 23e réunion annuelle de la CSTD, qui a eu lieu vituellement pour la première fois cette année, par le professeur Bai Chunli, président de la CAS et de l’ANSO.
Au cours de la CSTD, divers pays se sont engagés à faire progresser les collaborations scientifiques et technologiques.
Fracture numérique
M. Bai a déclaré que la pandémie de coronavirus révèle le fossé numérique entre les pays développés et les pays en développement, qui a un impact sur les capacités de ces derniers à prendre de bonnes décisions stratégiques en matière d’approvisionnement alimentaire.
« La pandémie de COVID-19 nous a fait prendre conscience plus que jamais de l’importance de la solidarité, de la coopération internationale et de la nécessité de la science et de l’innovation dans notre lutte contre nos défis communs », a déclaré M. Bai.
Les données de chaque pays
« Dans la crise actuelle, il est important que les pays touchés par l’insécurité alimentaire disposent d’informations de première main sur la production alimentaire, tant au niveau national que mondial », a-t-il déclaré.
La disponibilité et la transparence de ces informations est un défi, a noté M. Bai, car les pays ne possèdent pas leurs propres systèmes de surveillance et d’analyse. « Ces pays doivent prendre le risque de décider en se fondant sur des informations provenant d’une tierce partie, qui sont soit retardées soit invérifiables », a-t-il déclaré.
Accès et formation
La meilleure situation est celle où chaque pays dispose de son propre système de suivi et d’analyse. CropWatch offre cette possibilité en permettant aux pays d’effectuer un suivi et une analyse indépendants de l’information agricole et de la production végétale grâce à l’application de données de télédétection.
Dans le cadre du nouveau partenariat, les pays en développement qui ont besoin de CropWatch peuvent accéder directement à la technologie et l’utiliser à des fins d’observation de la Terre et de sécurité alimentaire. Les pays recevront une formation sur le système, ses techniques sous-jacentes, ainsi que sur les options de personnalisation et de localisation.
Menace d’insécurité alimentaire
CropWatch devrait également contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable dans les pays en développement.
« Il est facile de voir comment l’impact d’un incident dans un pays peut facilement se répercuter dans d’autres – et l’insécurité alimentaire en particulier menace de nombreuses nations et régions », a déclaré Mme Sirimanne. Elle a averti que sans une collaboration mondiale dans le domaine de la science et de la technologie, de nombreux clivages existants s’aggraveraient. Le partage des données et des technologies pourrait en minimiser les effets négatifs.
Plusieurs collaborations
« Nous nous félicitons de ce partenariat qui vise à garantir que les pays en développement disposent des outils adéquats pour déterminer leur propre destin », a-t-elle déclaré. Ce nouveau partenariat viendra s’ajouter à une liste croissante d’initiatives concrètes de coopération dans le domaine de la science et de la technologie au service du développement, mises en œuvre par l’intermédiaire de la CSTD.
Cette liste comprend des collaborations entre la CNUCED et le Brésil pour dispenser des cours sur les STI pour la politique industrielle, le renforcement des capacités en matière de politiques STI et de gestion des incubateurs, assuré par la Chine, et des formations pour les jeunes femmes scientifiques, proposées par l’université d’Okayama au Japon.
Ce billet a d’abord été publié par l’Académie chinoise des Sciences et la CNUCED.