Des institutions africaines sont membres à part entière d’une coalition mondiale pour lutter contre la COVID-19.
Selon des experts, une coalition lancée pour accélérer la recherche clinique et le développement (R&D) sur la COVID-19 dans les pays à faibles ressources pourrait aider l’Afrique à trouver des solutions locales à la pandémie.
Monique Wasunna, directrice régionale pour l’Afrique de l’initiative Drugs for Neglected Diseases, déclare que la coalition accélérerait la recherche de médicaments efficaces contre la COVID-19, les actions de prévention pour protéger les travailleurs de la santé et les groupes vulnérables, ainsi que les soins post-exposition pour les personnes infectées.
Partenariats déséquilibrés
Selon une étude, de nombreux partenariats et coalitions dans le domaine de la santé entre les chercheurs d’Afrique et ceux du monde développé sont déséquilibrés, les scientifiques africains ayant des possibilités limitées de contribuer intellectuellement au processus.
« La recherche en santé dans le monde dépend également d’une solide infrastructure clinique, de laboratoires et de ressources humaines. De telles ressources existent en Occident, mais elles sont rares en Afrique et limitent les contributions des chercheurs africains », indique l’étude.
Promotion de nouvelles recherches cliniques
Mais sur la Coalition COVID-19, Monique Wasunna déclare à SciDev.Net que « les experts locaux feront partie des plans internationaux pour évaluer la sécurité et l’efficacité de nouveaux outils de diagnostic, de médicaments, de vaccins et d’interventions non médicales afin de prévenir, diagnostiquer et traiter la COVID-19 ».
La coalition va promouvoir également de nouvelles recherches cliniques, notamment en garantissant des protocoles de recherche normalisés en vue de développer des vaccins et autres médicaments pour l’Afrique, ajoute Monique Wasunna, dont l’organisation est membre de la coalition.
Une coalition de toutes les parties prenantes
Lancée le 2 avril 2020, la coalition est composée d’experts en santé, de décideurs politiques et d’autres institutions telles que des ministères de la santé, des universités, des organisations de recherche et développement à but non lucratif, des agences donatrices et des organisations internationales.
La plupart des essais cliniques sur la COVID-19 sont menés ou prévus en Chine et en Corée du Sud et dans les pays à revenu élevé d’Europe et d’Amérique du Nord, et seuls quelques essais sont prévus dans des régions telles que l’Afrique et l’Amérique centrale et du Sud, indique un article publié dans The Lancet en avril.
Des solutions spécifiques aux besoins des pays
L’article appelle à soutenir les pays à revenu faible et intermédiaire pour accroître leurs capacités à entreprendre des essais liés à la COVID-19 pour aider à identifier des solutions spécifiques à leurs besoins.
« Un financement solide, un soutien politique, une collaboration efficace, une expertise adéquate, d’autres ressources et des conseils éclairés seront nécessaires pour garantir l’accès à de nouveaux outils et stratégies », soutient Monique Wasunna.
Le contexte africain
« Les membres de la Coalition commencent à travailler à travers des groupes de travail à l’expertise spécifique pour identifier des solutions aux principaux obstacles afin d’aller rapidement de l’avant avec de nouvelles recherches cliniques », ajoute-t-elle.
Choke Ihekweazu, directeur général du Nigeria Center for Disease Control, membre de la Coalition, soutient que la participation d’institutions de recherche et d’instituts nationaux de santé publique d’Afrique subsaharienne à la coalition signifie que la région peut apporter une forte contribution à des solutions telles que les vaccins et autres médicaments et sur la façon dont ils peuvent être utilisés dans le contexte africain.
Les gens sont inquiets
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur près de deux millions de cas de COVID-19 et 152 707 décès dans le monde confirmés au 19 avril, l’Afrique comptait 13 892 cas et 658 décès.
« Partout dans le monde, les gens sont inquiets de l’augmentation du nombre [de cas et de décès] et de l’absence de vaccins et de produits thérapeutiques [médicaments] pour la COVID-19 », affirme Choke Ihekweazu.
L’Afrique subsaharienne montre son engagement
Les membres des institutions africaines qui font partie de la coalition de recherche clinique sur la COVID-19 comprennent l’université d’Addis-Abeba en Éthiopie, le Ghana Health Service, le South African Medical Research Council, l’Ifakara Health Institute en Tanzanie et la Makerere University en Ouganda.
En faisant partie de cette coalition, l’Afrique subsaharienne montre son engagement à travailler ensemble et à plaider pour un accès équitable et abordable aux interventions, explique Choke Ihekweazu.
Aider les décideurs africains à obtenir des informations
Monique Wasunna confie à SciDev.Net que le partage des données des essais cliniques aidera les décideurs africains à obtenir les informations dont ils ont besoin aussi rapidement que possible dans les pays, pris individuellement, ainsi que dans la région.
Elle ajoute en outre que les preuves générées par le processus seront rapidement mises à la disposition des décideurs politiques afin qu’ils puissent prendre des décisions et des lignes directrices fondées sur des preuves en faveur de leurs populations.
« Les membres de la coalition commenceront sous peu à utiliser de nouvelles plateformes de communication pour se connecter et trouver l’expertise particulière qu’ils recherchent, des partenaires pour la recherche et des réponses aux questions en suspens », explique Monique Wasunna qui ajoute que les activités de la coalition sont encore en train d’être déterminées.
Sam Otieno
Cet article a d’abord été publié par SciDev.Net.