Dans cette interview donnée à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de l’IYBSSD, le président de l’IUPAC donne son avis sur la manière dont la chimie contribuera à la réalisation des ODDs.
Quelle est votre activité scientifique ?
Je m’occupe de catalyseurs, c’est-à-dire de matériaux qui accélèrent les réactions et font des choses comme, par exemple, transformer le CO2 en combustibles solaires ou en catalyseurs ou encore en matériaux avec de la valeur ajoutée. La catalyse est donc utilisée dans 90 % des processus chimiques. Elle nous permet de faire plus de ce que nous voulons et moins de sous-produits et de déchets.
Quels liens pouvez-vous établir entre votre recherche et le développement durable ?
C’est d’une importance capitale : de la lutte contre le changement climatique à l’eau potable, la chimie permet de concevoir de nouveaux engrais, les nouveaux catalyseurs qui vont transformer le CO2 en produits de valeur. Nous voulons également transformer la façon dont nous produisons l’énergie. Nous avons donc besoin de nouveaux carburants. Nous avons également besoin de nouvelles batteries, de nouveaux matériaux qui nous permettront de stocker l’énergie. Tout cela est lié aux matériaux, aux éléments, aux minéraux et, en fin de compte, à la chimie. Et ce faisant, nous produisons des déchets et des émissions de gaz. C’est pourquoi il est si important de réinventer la chimie, de passer d’un processus linéaire à une chimie circulaire où les molécules et les processus sont conçus dès le départ, de sorte que leur utilisation, leur réutilisation et leur recyclage soient beaucoup plus faciles.
Quel est votre vœu le plus cher pour cette Année internationale ?
Mon Graal sera que non seulement les scientifiques, non seulement ceux qui prêchent à la chorale, mais aussi les décideurs politiques et l’industrie s’engagent dans cette grande aventure consistant à utiliser la science pour résoudre les problèmes liés aux objectifs de développement durable. Les scientifiques peuvent apporter leurs solutions, mais cela ne suffit pas. Nous avons besoin de la volonté politique. Nous avons besoin de l’industrie chimique. Mon souhait est donc que cette Année internationale soit l’occasion pour tous les acteurs clés de travailler ensemble à un avenir plus durable.
Interview réalisée par Laurent Orluc