Une nouvelle étude a exploré les possibilités d’aider les citoyens à passer de la prise de conscience de la nécessité de transformer les systèmes énergétiques à l’action et à la participation.
Les politiques climatiques et énergétiques de l’Union européenne pour 2020-2030 exigent la décarbonisation du secteur de l’énergie. Dans ce but, les pays membres de l’UE travaillent sur un certain nombre d’objectifs clés, notamment une plus grande efficacité énergétique, une plus grande utilisation des énergies renouvelables et une sécurité énergétique accrue dans toute l’UE. La mise en œuvre réussie de politiques qui soutiennent la réalisation de ces objectifs pourrait conduire non seulement à une transformation des systèmes énergétiques, mais aussi à des transitions socio-économiques, et dépendra de facteurs économiques et techniques, ainsi que d’aspects comportementaux tels que l’attitude des gens à l’égard d’une telle transition.
Dans leur étude publiée dans la revue Energy Policy, Nadejda Komendantoval, cheffe du groupe de recherche sur la coopération et la gouvernance transformative de l’IIASA, et ses collègues, ont exploré le potentiel de la gouvernance polycentrique – système qui comprend plusieurs centres de décision et de coproduction à différents niveaux. Dans un tel système, l’énergie est un bien commun plutôt qu’un bien privé ou public.
Co-production par divers groupes
La gouvernance polycentrique présente des opportunités pour la coproduction de la politique énergétique par divers groupes concernés. L’étude a spécifiquement examiné les attitudes existantes à l’égard des sources d’énergie renouvelables parmi les résidents de deux régions autrichiennes dites « modèles climatiques et énergétiques » (KEM), leur niveau de sensibilisation aux interventions politiques pour une transition énergétique et leur volonté de participer aux processus décisionnels.
« Les technologies émergentes et l’évolution des attitudes à l’égard de la production, de la transmission et de la distribution de l’énergie créent diverses options qui facilitent la participation aux transitions énergétiques. L’émergence de systèmes énergétiques distribués, qui pourrait conduire à la polycentricité dans la gouvernance d’une telle transition, crée également un besoin de recadrer le discours de l’acceptation sociale de certaines technologies, vers l’engagement, et de se concentrer sur des technologies particulières, pour se concentrer sur les innovations sociales et les nouvelles formes de gouvernance, explique N. Komendantova. Cette approche ne consiste pas à fournir des informations et à éduquer le public ; il s’agit d’écouter les gens et de leur fournir une variété d’options pour faire des choix sur les services qui affectent leurs communautés. »
Participation des citoyens à la prise de décision
Alors que les deux régions KEM (Freistadt et Amstetten) se sont engagées à inclure un degré élevé d’énergies renouvelables (jusqu’à 100 %) dans leur mix énergétique et ont fixé des objectifs ambitieux pour y parvenir, l’une d’elles disposait déjà d’un système permettant aux citoyens de participer aux décisions concernant la transition énergétique dans leur région, tandis que l’autre n’en disposait pas. Les chercheurs ont mené une enquête à grande échelle auprès d’environ 2 000 personnes, représentatives de tous les groupes sociaux de ces deux régions, et ont constaté que la possibilité de participer aux processus décisionnels augmentait effectivement la confiance des personnes interrogées, tant dans le processus que dans les décideurs.
Les résultats indiquent également une augmentation du niveau de sensibilisation aux transitions énergétiques et une volonté de payer jusqu’à 10% de plus pour de l’électricité provenant de sources d’énergie renouvelables lorsqu’ils ont la possibilité de s’impliquer dans les décisions à ce sujet. Il est intéressant de noter que le fait d’avoir la possibilité de participer n’a pas augmenté le nombre de personnes qui ont effectivement participé aux processus décisionnels sur la transition énergétique, mais le fait d’avoir la possibilité de participer a augmenté le niveau de confiance envers les décideurs politiques qui mettent en œuvre la transition énergétique.
Préoccupations concernant le changement climatique et la production locale
Selon les chercheurs, la volonté des personnes interrogées d’utiliser des sources d’énergie renouvelables est motivée dans une égale mesure par les préoccupations relatives au changement climatique et par la considération que les sources d’énergie renouvelables peuvent les aider à devenir moins dépendants des fournisseurs d’énergie. Cela ne signifie pas nécessairement que les gens produiraient leur propre énergie, par exemple à l’aide de panneaux solaires , mais plutôt que l’énergie renouvelable est produite dans leur propre région, ce qui évite d’avoir à l’importer.
L’étude a également révélé que la majorité des personnes qui souhaitent participer aux processus décisionnels aimeraient également participer au processus de sélection de la technologie ou du site du projet d’énergie renouvelable, tandis que participer au financement des projets est l’option la moins souhaitable.
Il faut créer les conditions de la participation
« Lorsque les gens ont indiqué qu’ils n’étaient pas disposés à participer aux processus de prise de décision, c’était principalement parce qu’ils estimaient ne pas disposer d’informations ou de temps suffisants. Le nombre de personnes qui ne voulaient pas participer parce qu’elles pensaient que la participation n’était pas importante était mineur. Dans l’ensemble, nos résultats ont confirmé la volonté des gens de participer, mais il faut créer les conditions de cette participation », note N. Komendantova.
Pour faciliter la participation des citoyens dans les régions visant la transition vers des systèmes énergétiques durables, les chercheurs recommandent de créer des campagnes d’information ciblées et de les communiquer via des canaux médiatiques de confiance afin d’informer les résidents des projets qui les concernent. Il est également nécessaire de mieux comprendre le rôle des canaux d’information émergents tels que les médias sociaux dans la transition énergétique, ainsi que d’autres options numériques qui apparaissent pour accroître la volonté des parties prenantes de participer activement à la transition énergétique et de répondre aux préoccupations concernant les conditions existantes.
Cet article a d’abord été publié par l’IIASA.