Les cultures résistantes à la sécheresse et la « reproduction rapide » pourraient offrir des solutions à l’insécurité alimentaire aiguë qui, selon un rapport, a presque doublé entre 2016 et 2021.
Les organisations agricoles unissent leurs forces pour mettre au point des cultures résistantes à la sécheresse à l’intention des agriculteurs du Sud, dans un contexte d’alerte à la crise alimentaire mondiale qui menace les plus pauvres de la planète.
Lors d’une réunion le mois dernier, les ministres du G7 ont déclaré que le monde était confronté à une aggravation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition en raison de la guerre en Ukraine, qui a fait grimper les prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des engrais, avec « des conséquences dévastatrices pour certaines des personnes les plus vulnérables ».
Personnes confrontées à l’insécurité alimentaire
Le nombre de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire à des « niveaux de crise ou pire » a presque doublé, passant de 108 millions en 2016 à 193 millions en 2021, selon le Rapport mondial sur les crises alimentaires 2022, publié le mois dernier.
Les conflits, les chocs économiques et le changement climatique ont été cités comme les principaux facteurs contribuant à la faim aiguë – une situation critique à laquelle seront confrontées plus de 320 millions de personnes cette année si aucune mesure urgente n’est prise, a averti le Programme alimentaire mondial (PAM).
En réponse à ce rapport, le Centre international de recherche agricole dans les zones sèches (ICARDA) lance une nouvelle initiative avec des partenaires, dont l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), afin d’améliorer la production animale et végétale, explique Aladdin Hamwieh, sélectionneur, biotechnologue et responsable de l’ICARDA pour l’Égypte.
Renforcer les systèmes agricoles
La stratégie vise également à lutter contre la dégradation des sols, à préserver la pêche et à renforcer les systèmes d’orientation agricole, précise-t-il.
« L’initiative repose sur le développement de plantes tolérant la sécheresse et la salinité, comme le blé, l’orge et le pois chiche, par le biais de croisements et de transferts de traits génétiques entre différentes plantes pour en tirer profit », explique M. Hamwieh.
Le centre travaille également sur des méthodes modernes de sélection végétale, telles que la sélection rapide, afin de fournir aux petits agriculteurs de nouvelles variétés qui peuvent être cultivées en peu de temps, ajoute-t-il.
Le plan de réponse de la FAO
Selon Irina Utkina, porte-parole de la FAO, celle-ci a mis au point un plan de réponse rapide pour aider les petits et moyens exploitants agricoles les plus vulnérables cette année.
Mais Mme Utkina affirme qu’une augmentation significative du financement était nécessaire pour fournir les interventions d’urgence et de résilience. « Dans le cadre de l’appel 2022, la FAO a besoin de 1,5 milliard de dollars pour aider 50 millions de personnes », explique-t-elle à SciDev,Net.
Améliorer la résilience climatique
« Il est essentiel d’améliorer la résilience climatique des petits exploitants », explique à SciDev.Net Rob Vos, directeur des marchés, du commerce et des institutions à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).
Une aide immédiate par le biais de l’assistance humanitaire et des ressources fiscales sont nécessaires pour étendre les programmes de protection sociale et soutenir la production alimentaire nationale, selon M. Vos. Selon lui, la prévention d’une détérioration supplémentaire nécessitera des solutions à long terme avec des investissements dans l’agriculture résiliente au climat et les moyens de subsistance ruraux alignés sur la consolidation de la paix.
« Une insécurité alimentaire catastrophique »
Plus d’un demi-million de personnes en Éthiopie, dans le sud de Madagascar, au Soudan du Sud et au Yémen ont été classées dans le rapport comme étant dans une phase « catastrophique » d’insécurité alimentaire aiguë, nécessitant une action urgente pour sauver des vies.
Près de 70 % du nombre total de personnes confrontées à la faim aiguë se trouvent dans dix pays : la République démocratique du Congo, l’Afghanistan, l’Éthiopie, le Yémen, le Nigeria, la Syrie, le Soudan, le Sud-Soudan, le Pakistan et Haïti.
Ce rapport a été extrait de SciDev.net.