Pour conserver leur liberté académique, les scientifiques doivent rendre des comptes à la société.
Billet précédent dans cette série.
Il est significatif que Faire progresser la recherche dans la société soit le titre de la dernière partie du chapitre 3 (La science pour le développement durable) du rapport The Future is Now. Parce que les scientifiques peuvent produire autant de connaissances qu’ils le souhaitent, celles-ci ne peuvent être utiles aux ODD que si elles répondent aux besoins de la société et sont acceptées.
La science n’existe pas isolément de la société. Aujourd’hui, la crédibilité et la légitimité de la science et de la technologie sont de plus en plus remises en question par des acteurs politiques et des groupes d’intérêt de premier plan, ainsi que par les entreprises. De telles actions sèment un doute généralisé sur les faits et les preuves.
Les scientifiques et les technologistes ont la responsabilité de rendre compte à la société de ce qu’ils font.
Les scientifiques et les ingénieurs ont eux aussi parfois négligé de rendre des comptes à la société, en ne contribuant pas par leurs idées aux questions urgentes et aux délibérations politiques sur l’avenir que nous voulons. Ils peuvent également mener des recherches et des innovations qui ne sont pas responsables devant la société, renforçant ainsi l’image de la science comme renfermées dans une tour d’ivoire.
Les auteurs insistent sur la liberté académique, mais ils insistent aussi sur le fait que, que cela plaise ou non aux scientifiques, cette liberté doit être négociée avec la société. Ils auraient pu citer de nombreux exemples dans le monde entier où la liberté académique n’est pas donnée a priori.
La durabilité exige la liberté de mener des recherches explicitement dans l’intérêt de l’humanité, dans un esprit de gestion de l’environnement et en tenant compte des valeurs fondamentales de justice. À cette fin, les chercheurs, les ingénieurs et le grand public devraient discuter ouvertement et s’entendre sur l’évolution de la position de la science et de la technologie, de ses libertés, de ses contraintes et de ses obligations. En fin de compte, la liberté scientifique ne peut être préservée que si son rôle dans la société est mutuellement délibéré, accepté et maintenu.
Ils proposent un moyen d’y parvenir : donner plus de place aux jeunes scientifiques. Cela a déjà été pris en compte par de nombreuses académies nationales des sciences, comme le montrent la plupart de celles qui soutiennent IYBSSD 2022, mais aussi par les unions scientifiques, avec des réseaux tels que l’International Younger Chemists Network. Et bien sûr avec le fleuron de ces initiatives qu’est la Global Young Academy.
Partout, les gens, et en particulier les jeunes générations, sont prêts à relever les défis communs que nous avons à relever en matière de durabilité. On observe, par exemple, un soutien et une impulsion politique croissants en faveur de l’action climatique, de la modification des comportements des consommateurs et de la protection de l’environnement. Les jeunes scientifiques jouent souvent un rôle central dans la mobilisation de ces idées par le biais de la science créative et de voix indépendantes, facilitées par des réseaux tels que la Global Young Academy et le Major Group on Children and Youth. En réunissant les acteurs de la société et les producteurs de connaissances non universitaires engagés dans l’Agenda 2030, la science peut s’assurer sa position de productrice indispensable de preuves et de conseils précieux et fiables.
À suivre.