Démarré en 2020 et prévu pour se terminer en 2022, un projet baptisé HOMME, au Mozambique et au Malawi, apportera bientôt des réponses sur l’origine et l’évolution des êtres humains.
Le grand rift Est africain et les karsts d’Afrique du Sud sont les deux « berceaux de l’Humanité », là où l’apparition du genre Homo est documentée. La région d’intérêt de cette recherche, à cheval entre le sud du Malawi et le nord du Mozambique, constitue un véritable trait d’union géographique et biologique entre ces deux zones.
Or, les karsts situés de part et d’autre de la terminaison du rift, sont quasiment inconnus et sont susceptibles de receler des sites fossilifères plio-pléistocènes comme ceux étudiés en Afrique du Sud. La découverte de nouveaux sites fossilifères dans cette région serait une avancée majeure dans la connaissance de l’évolution humaine en faisant sauter plusieurs verrous scientifiques d’importance.
Objectifs et thèmes de recherche
Le projet HOMME a pour ambition de documenter les possibles mécanismes de diffusion des acteurs de la lignée humaine. Toutefois, même si aucun vestige n’était découvert au cours des deux ans du projet, celui-ci aura permis de poser les bases des futures recherches paléoanthropologiques dans cette région clé en apportant des connaissances géologiques, géomorphologiques et paléontologiques inédites.
Dans le cadre du programme 80 | Prime – MITI une bourse de thèse a été décrochée, ce qui a permis de recruter un nouveau membre dans l’équipe de recherche (Bastien Chadelle), qui est actuellement en Afrique du Sud pour étudier les grottes fossilifères du Gauteng, avant de partir au Mozambique avec l’équipe au complet en septembre 2021 pour la prochaine étape de terrain.
Approches multiscalaires croisées
Le projet HOMME prévoit des approches multiscalaires croisées et la possibilité de recourir à deux méthodes complémentaires de datation, ce qui est novateur dans ce type de recherche. Ces approches vont permettre d’identifier l’histoire et l’origine des pièges karstiques, leur géométrie, la nature des remplissages, leur datation ainsi que la caractérisation des fossiles et des outils qu’ils contiennent. Différents outils (SIG, imagerie, géologie, prospection de terrain, drone, géophysique, paléontologie et archéologie) seront mobilisés afin de contribuer à répondre à la question de nos origines.
Une autre ambition de ce projet, outre la découverte de nouveaux fossiles, est de préciser les modalités de conservation des vestiges fossilifères en fonction des contextes géomorphologiques. À terme, il sera possible de maîtriser ces mécanismes explicatifs, qui seront donc modélisables pour identifier de nouvelles aires potentiellement fossilifères. Le projet pourra alors contribuer à apporter des éléments de réponse à la question de nos origines qui reste de premier ordre, que ce soit au point de vue scientifique, culturel ou sociétal.
Cet article a d’abord été publié par l’IRD.