Certains de nos écosystèmes risquent de subir des changements radicaux sans retour possible, affirme Christiane Rousseau, mathématicienne à Montréal et membre de l’Union mathématique internationale.
Je suis mathématicienne et je travaille sur des systèmes dynamiques, des systèmes qui dépendent du temps. Donc par exemple, dans un modèle, on se donne la règle : qu’est-ce qui se passe d’un jour à l’autre. Une fois que vous avez la règle, vous pouvez répondre à ce qui se passera dans un mois, dans deux mois, etc. L’idée de la modélisation est d’avoir une simplification très drastique de la réalité. Si vous avez trop de détails, vous ne voyez rien. Regardez les températures, la météorologie. Si vous observez le temps qu’il fait chaque jour dans chaque partie du monde, vous ne voyez pas le tableau. Il faut donc simplifier.
Qu’est-ce que cette approche apporte au développement durable ?
Lorsque le mouvement est très fluide, on a l’impression que si les choses bougent lentement, on peut revenir lentement. Ce qui n’est pas le cas si vous êtes dans un canoë sur la rivière et que la chute arrive et que vous réalisez soudainement que cela va trop vite et qu’il est temps de s’arrêter, mais qu’il est trop tard. En fait, c’est l’un des messages que nous transmettent les systèmes dynamiques. Il y a des points de basculement, et si nous passons un point de basculement, aucun retour n’est possible. Ainsi, certains de nos écosystèmes peuvent subir des changements radicaux. Il se peut que nous dépassions le point de basculement sans le sentir.
Quel est le lien entre cette recherche et le développement durable ?
L’optimisation est un outil mathématique important. Par exemple, nous savons que nous devrons nous adapter au changement climatique, l’atténuer. L’optimisation nous aide à trouver l’action la plus efficace avec l’impact le plus élevé.
Quels sont vos espoirs concernant l’Année internationale ?
Il est très important que les gouvernements comprennent comment agir le plus efficacement possible, mais aussi que la population soit consciente et comprenne. Si elle comprend que le gouvernement travaille pour elle, elle sera plus encline à accepter les décisions. Par ailleurs, les petites communautés peuvent jouer un rôle actif en prenant de petites initiatives au sein de la communauté pour s’orienter vers le développement durable.
Propos recueillis par Marine Meunier