Pendant l’événement en ligne de 24 heures de l’IYBSSD, une équipe de l’European XFEL a préparé une série d’entretiens avec des scientifiques en début de carrière
Bonjour, je m’appelle Monica Turcato. Je suis cheffe du groupe des détecteurs à l’European XFEL à Schenefeld, en Allemagne.
Le groupe des détecteurs s’occupe des détecteurs de l’European XFEL, qui sont essentiellement de grandes caméras. Leur rôle est d’enregistrer les rayons X. Les rayons X proviennent de la machine et frappent l’échantillon que nous voulons étudier, et nous enregistrons les images qu’ils produisent, avec nos détecteurs.
Comment les responsables politiques peuvent-ils aider le développement de la science et de la recherche scientifique ?
Je pense qu’ils doivent penser à l’avenir. Normalement, les décideurs politiques sont élus et leur mandat est de quatre ou cinq ans. Et si vous investissez dans la science, il ne faut pas s’attendre à un retour immédiat après quatre ou cinq ans. Le délai de retour est beaucoup plus long. Mais ce qui se passe, c’est que si vous investissez dans la science, la science vous offre tout ce qui rend votre avenir meilleur. Si l’on pense à la science fondamentale, bien sûr, c’est très éloigné de ce qui a un impact sur votre vie normale.
Mais si vous regardez du côté de la science qui est plus appliquée comme, par exemple, ce que nous faisons à l’European XFEL, où l’on étudie la structure des virus, où l’on étudie les matériaux pour avoir, par exemple, de meilleures batteries dans le futur, ou de meilleurs mémoires pour votre ordinateur.
Si vous faites une expérience aujourd’hui, vous ne pouvez pas vous attendre à un résultat demain, ni même dans la durée du mandat d’un homme politique.
Mais il faut investir maintenant pour avoir le résultat, et quelque chose qui rendra votre vie meilleure dans 10 ans. Et surtout maintenant que nous vivons dans un contexte où nous constatons des changements climatiques et des problèmes environnementaux, et où la durabilité devient très importante. Il est également essentiel de trouver un moyen plus efficace d’utiliser notre énergie. Et sur ce point, seule la science peut nous aider.
Comment construire une communauté scientifique plus diverse ?
Oui, c’est une question très difficile. J’aime bien parler de communauté scientifique parce que je pense que les races sont, je ne dirais pas inexistantes, mais peu importantes, car ce qui nous intéresse, c’est que nous pouvons travailler avec une personne et que cette personne travaille bien avec nous. Cela ne dépend ni du sexe, ni de la race, de la couleur, de l’orientation sexuelle, de n’importe quoi. C’est ce à quoi nous prêtons habituellement attention, et c’est ce que je vis dans ma vie quotidienne. Si nous pensons aux minorités et à l’environnement diversifié, j’ai donc la chance de travailler à l’European XFEL où je rencontre des gens de nombreux pays.
Si nous allons plus loin, et dans mon cas, je suis une femme, et dans des sciences comme la physique, les femmes sont sous représentées. Ce problème ne peut pas être résolu par, disons, l’embauche de davantage de femmes scientifiques ou physiciennes au sein de l’European XFEL, parce qu’elles sont déjà bien moins nombreuses que les hommes à la sortie de l’université. En physique, il y a 15% de femmes. Il ne faut pas s’attendre à ce que l’institut de recherche en compte 50 %, cela ne fonctionne pas. Je pense que ce qui aide vraiment à cet égard, c’est de stimuler et d’encourager les filles à s’engager dans cette voie parce qu’elles en ont les capacités. Ce n’est pas qu’elles soient moins bonnes que les hommes à cet égard. Et aussi de voir des exemples de femmes qui font bien ce travail. Je pense que nous en avons beaucoup. Et les filles ne doivent pas se décourager parce que c’est un travail difficile, qu’il est difficile de fonder une famille si l’on a ce type d’emploi. Il y a beaucoup de femmes qui sont de bons médecins, et c’est aussi un domaine très important pour les femmes. C’est un travail difficile, et je ne pense pas qu’il soit moins difficile que celui d’une physicienne. C’est juste que les femmes pensent, culturellement, qu’elles sont plus habituées et performantes dans des travaux qui impliquent de s’occuper des gens. Mais je pense aussi que les femmes et la science, font bon ménage car elles apportent une perspective différente, leur bon sens et leurs capacités.
Je pense qu’il faut encourager les filles depuis leur plus jeune âge et leur donner de bons exemples pourrait être une bonne chose pour augmenter le nombre de femmes dans les sciences, comme la physique, par exemple.