Le Partenariat InterAcadémies (IAP) recommande un ensemble d’actions et invite les politiciens et toutes les parties prenantes à unir leurs forces pour résoudre le problème urgent des produits médicaux falsifiés et de mauvaise qualité.
Les produits médicaux falsifiés et non conformes aux normes – des produits tels que les vaccins, les dispositifs médicaux et les produits vétérinaires qui sont « faux » ou de mauvaise qualité – constituent un fléau mondial croissant qui menace la vie, la santé et la sécurité de manière significative. En effet, les patients qui reçoivent ces produits non seulement sont traités de manière inefficace, mais sont aussi souvent exposés à de graves dangers.
Aujourd’hui, dans le cadre du Partenariat inter-académies (IAP), les académies de médecine, de sciences et d’ingénierie du monde entier invitent les décideurs politiques à tous les niveaux, de concert avec les organisations régionales et internationales, à collaborer avec les autorités de réglementation des produits médicaux, les organismes nationaux et internationaux chargés de l’application des lois, les fabricants, les importateurs, les distributeurs, les professionnels de la santé et les patients pour résoudre ce problème urgent.
Un appel à l’action
La nouvelle déclaration de l’IAP « Un appel à l’action : Poursuivre la lutte contre les produits médicaux falsifiés et non conformes aux normes » soutient l’appel à un effort international global, doté de ressources suffisantes, pour faire face à ce problème dévastateur.
Il est difficile de donner des chiffres précis, mais il semble que dans de nombreux pays à faible revenu, une grande partie des produits médicaux disponibles sont falsifiés ou inférieurs aux normes. Des estimations de 20 à 30 % dans certains pays d’Afrique et d’Asie semblent réalistes.
Antipaludéens et antibiotiques
Certaines estimations pour des produits particuliers sont encore plus élevées, notamment un pourcentage extrêmement inquiétant de 30 à 50 % pour les médicaments antipaludiques en Asie du Sud-Est. Il convient de noter que 50 % environ de tous les rapports sur les médicaments falsifiés et non conformes aux normes reçus par le système d’alerte mondiale de l’OMS proviennent d’Afrique subsaharienne, et 80 % d’entre eux concernent des médicaments essentiels comme les antipaludéens et les antibiotiques.
Les pays à revenu élevé sont également touchés. Par exemple, aux États-Unis, plusieurs cas de faux médicaments sont détectés chaque année.
Partout dans le monde et sur Internet
La Food and Drug Administration (FDA) américaine a lancé un système d’alerte, en publiant ces cas pour avertir le public. En Europe, un lien a été établi entre les chaînes de distribution non réglementées et le nombre de falsifications détectées.
Environ 50 % des produits proposés à la vente sur Internet sont également considérés comme faux.
Les faux produits médicaux sont des crimes
« Le droit des personnes à la santé est inaliénable : la fabrication, le transport, le stockage et la vente de produits médicaux falsifiés et de qualité inférieure, y compris les médicaments, les vaccins, les dispositifs médicaux et autres produits médicaux, sont des crimes. En raison de leurs graves conséquences sur la santé publique et les soins de santé individuels, ces crimes doivent être poursuivis et punis dans toute la mesure du possible », a déclaré Yves Juillet, membre de l’Académie nationale de médecine française, qui a coprésidé le groupe de travail chargé de préparer la déclaration.
Superviser et réglementer les chaînes d’approvisionnement
Étant donné que cette activité touche tous les pays du monde, l’IAP souligne que les gouvernements, les autorités réglementaires et l’industrie doivent superviser et réglementer efficacement les chaînes d’approvisionnement. La continuité de l’approvisionnement en produits médicaux doit toujours être garantie, en particulier dans les pays les plus touchés par le problème des médicaments falsifiés et de mauvaise qualité.
« Il faut pour cela accorder une attention renouvelée au contrôle de la qualité et veiller à ce que les autorités réglementaires, les services répressifs et les autorités judiciaires disposent de ressources, d’une formation et de pouvoirs suffisants », a déclaré le président de l’IAP, Volker ter Meulen.
Alerter le public
La déclaration de l’IAP affirme avec force l’importance d’alerter le public du risque lié à l’achat de médicaments sur Internet, et de ne conseiller l’achat en ligne que par l’intermédiaire de pharmacies Internet certifiées. Elle dénonce également les retards et l’insuffisance des ressources investies dans cette lutte, et souligne que la prévention de cette menace passe par un meilleur accès à des produits médicaux légitimes et de qualité, notamment par des politiques de prix équitables et une meilleure couverture des soins de santé.
L’IAP recommande d’envisager sérieusement une politique et un programme substantiels, complets et dotés de ressources suffisantes pour lutter contre ce fléau, en tant qu’action prioritaire des autorités nationales et des organisations internationales en charge de la santé publique.
Enfin, l’IAP convient que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est particulièrement bien placée, de par sa composition et son mandat mondial, pour assurer la direction et la coordination de la lutte contre ce problème urgent.
Ce billet a d’abord été publié par l’IAP.