Les effets du changement climatique sont plus importants en Méditerranée et au Moyen-Orient que dans les autres régions du monde.
Il existe de plus en plus de preuves des effets négatifs du changement climatique sur la santé dans le monde entier, à la fois directs et indirects, médiés par la perturbation des systèmes écologiques et socio-économiques. Cette prise de conscience croissante sur les questions de santé entraîne de nouvelles demandes de preuves solides qui sont nécessaires aux décideurs pour développer des politiques éclairées sur les solutions d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.
Les régions de la Méditerranée et du Moyen-Orient sont des « points chauds » et les effets du changement climatique y sont plus importants que dans d’autres régions. Mais il y a aussi moins d’informations actuellement disponibles pour quantifier les effets, comprendre l’attribution et mettre en œuvre des solutions dans cette région par rapport à certaines autres.
La santé face au changement climatique
Pour aborder cette question, le Conseil consultatif scientifique des académies européennes (EASAC), le Partenariat inter-académique (IAP) et le groupe de travail sur la santé de l’Initiative sur le changement climatique en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient (EMME-CCI), avec le soutien de l’Institut de Chypre (CyI), ont organisé un atelier le 6 mai 2021.
Cet événement en ligne a permis aux participants d’évaluer la base scientifique et d’évaluer les options pour protéger et promouvoir la santé humaine face au changement climatique dans les régions de la Méditerranée élargie et du Moyen-Orient, et d’informer les politiques par le biais d’initiatives du gouvernement chypriote, de l’EASAC et de l’IAP.
Bénéfices de la politique de changement climatique
Les sujets abordés comprenaient les effets des phénomènes météorologiques extrêmes, la pénurie d’eau, la sécurité alimentaire, les maladies infectieuses, la pollution atmosphérique et les problèmes de santé des populations déplacées, entre autres. Un intérêt particulier a été accordé aux implications futures du changement climatique dans la région de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient et aux avantages de la politique de changement climatique, ainsi qu’à l’intégration des solutions d’atténuation et d’adaptation.
Le professeur Sir Andy Haines de la London School of Hygiene&Tropical Medicine a fait une présentation sur le thème « Changement climatique et santé – des impacts à l’action ». Le groupe de travail EMME-CCI sur le changement climatique et la santé a présenté ses conclusions préliminaires, et des experts de 16 pays des régions de la Méditerranée et du Moyen-Orient ont fait des présentations sur différents aspects du changement climatique, de la santé et des politiques.
Conclusions clés
Les principales conclusions de cet atelier sont :
- Malgré la diversité de la Méditerranée en termes de géographie, de statut socio-économique, de systèmes de santé, d’infrastructures scientifiques, de capacités de recherche et de degré d’utilisation des résultats de la recherche pour guider les politiques et les pratiques, il existe également des points communs à travers la région.
- Les points communs incluent les défis pour la santé posés par le changement climatique, la nécessité de développer des systèmes de santé résilients et équitables, et de remédier à la fragmentation des systèmes de recherche. Il existe des opportunités sans précédent de capitaliser sur les avancées scientifiques à l’échelle mondiale pour développer les solutions, adaptées aux contextes locaux, pour toutes les régions.
- Il est important pour la région de développer des collaborations entre les disciplines scientifiques et les pays en matière de recherche et de collecte de données, en partageant les infrastructures, les compétences et les méthodologies, afin de combler les lacunes en matière de connaissances, d’éviter la duplication inutile des efforts de recherche et de bâtir la confiance dans la science responsable avec les autres parties prenantes.
- La communauté scientifique doit travailler ensemble non seulement pour générer de nouvelles connaissances mais aussi pour conseiller sur la manière d’utiliser les connaissances déjà disponibles, en tant que ressource pour l’innovation, pour guider la pratique et informer les options de politique publique.
- Il doit également y avoir intégration dans l’utilisation des preuves scientifiques pour les politiques non seulement entre les disciplines et les pays, mais aussi entre les secteurs. Les questions de santé sont pertinentes pour la formulation des politiques dans de nombreux secteurs, au-delà de la responsabilité formelle des décideurs du secteur de la santé.
- La coordination des efforts est essentielle pour comprendre les compromis, éviter les conséquences involontaires et saisir les synergies pour diverses actions politiques.
- Les décisions politiques doivent tenir compte des attitudes sociétales à l’égard du risque et des autres valeurs sociales. Il existe des variations importantes dans les attitudes et les valeurs à travers la région méditerranéenne : les académies nationales des sciences sont bien placées pour aider les décideurs politiques à comprendre la diversité afin que les priorités politiques régionales soient fondées sur la science et économiquement et socialement réalisables.
Rapport de l’atelier
Un rapport complet de l’atelier est disponible ici.
En outre, les informations recueillies au cours de cet atelier alimenteront le rapport de l’Initiative sur le changement climatique en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient, qui sera soumis au gouvernement chypriote à l’automne 2021, ainsi que le projet mondial de l’IAP sur « le changement climatique et la santé », qui publiera ses rapports régionaux et mondiaux en 2022.
Ce billet a été initialement publié par l’EASAC.