La pollution au dioxyde d’azote (NO2) serait à l’origine de 1,85 million de cas d’asthme infantile par an. La réduction de la pollution atmosphérique devrait être une priorité pour lutter contre cette pathologie.
La réduction de la pollution atmosphérique devrait être un élément crucial des stratégies de santé chez les enfants, car le dioxyde d’azote (NO2) – un polluant nocif émis par la combustion de combustibles fossiles – pourrait être à l’origine de près de 2 millions de nouveaux cas d’asthme infantile par an, selon une étude publiée en janvier dernier dans la revue The Lancet Planetary Health.
Celle-ci met en évidence l’augmentation des niveaux de pollution par le NO2 dans les zones urbaines d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne, où l’asthme infantile constitue un grave problème de santé.
Le NO2 premier coupable
Des chercheurs de l’université George Washington, aux États-Unis, affirment qu’il s’agit de la première étude à estimer la charge mondiale des cas d’asthme chez les enfants résultant des émissions de NO2 dans plus de 13 000 villes.
« Notre étude a révélé que le dioxyde d’azote expose les enfants au risque de développer de l’asthme et que le problème est particulièrement aigu dans les zones urbaines », a déclaré Susan Anenberg, co-auteur de l’étude et professeur de santé environnementale et professionnelle à l’université, à Washington DC.
262 millions de personnes asthmatiques dans le monde
L’asthme touche environ 262 millions de personnes dans le monde, selon l’étude 2019 sur la charge mondiale de morbidité, et constitue la maladie chronique la plus courante chez les enfants, provoquant une inflammation des voies respiratoires.
Cependant, des données fiables font encore défaut sur cette pathologie. La plupart des décès liés à l’asthme surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où il est souvent sous-diagnostiqué et insuffisamment traité, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Le NO2 est formé par la combustion de combustibles fossiles tels que le pétrole et le gaz et est principalement émis par les véhicules, l’industrie, les machines agricoles et les centrales électriques.
L’asthme infantile en forte augmentation
En analysant la concentration au sol de NO2 et les nouveaux cas d’asthme chez les enfants de 2000 à 2019, les chercheurs ont observé qu’en 2019, on estime que 1,85 million de nouveaux cas d’asthme infantile étaient attribuables au NO2 dans le monde, et que deux tiers de ces cas (1,22 million) se situaient dans des zones urbaines.
La pollution par le NO2 a augmenté en Asie du Sud, en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient, ont constaté les chercheurs, tandis que la qualité de l’air s’est améliorée en Europe et aux États-Unis.
Lien direct entre NO2 et asthme
Les chercheurs ont expliqué le lien entre le NO2 et l’asthme infantile : « Le NO2 lui-même a été associé à des effets néfastes sur la santé, notamment l’exacerbation de l’asthme. Des études épidémiologiques ont également mis en évidence des associations entre les polluants atmosphériques liés au transport [tels que le NO2] et l’apparition de l’asthme chez les enfants. »
Selon les chercheurs, certaines études ont indiqué que les polluants tels que le NO2 provoquent une inflammation et des changements dans les voies respiratoires en raison du stress oxydatif, entraînant parfois de l’asthme.
« Les résultats suggèrent que l’air pur doit être un élément essentiel des stratégies visant à maintenir les enfants en bonne santé », a déclaré M. Anenberg.
Lutter contre la pollution par le NO2
Une revue publiée en 2019 dans la revue Environment International met en avant les mesures possibles pour lutter contre la pollution par le NO2, comme « une stratégie de ventilation avec des filtres adaptés… l’aération des fenêtres ou des prises d’air ; la planification du trafic (emplacement et densité) ; et la réduction de l’utilisation de sources intérieures libérant du NO2. »
Stanley Szefler, directeur du programme de recherche sur l’asthme pédiatrique au Breathing Institute du Children’s Hospital Colorado, aux États-Unis, qui n’a pas participé à l’étude de Washington DC, a déclaré à SciDev.Net : « Le rapport d’Anenberg et de ses collègues renforce le rôle de la pollution de l’air sur l’incidence de l’asthme pédiatrique et soutient le rôle des acteurs de la santé publique et du contrôle de l’environnement pour défendre des mesures d’assainissement de l’air. En outre, le rapport suggère que la surveillance des niveaux de dioxyde d’azote dans l’environnement pourrait servir de marqueur de substitution [un indicateur d’un état pathologique] pour les régions à haut risque d’augmentation de l’incidence de l’asthme infantile, ainsi que d’indicateur de l’efficacité des mesures d’atténuation de la pollution atmosphérique.»
Une « charte mondiale » sur l’asthme
Szefler était l’auteur principal d’une étude publiée en 2020 dans la revue Pediatric Pulmonology. Elle plaidait pour « une charte mondiale » sur l’asthme de l’enfant qui servirait de feuille de route pour « une meilleure éducation et formation ».
« La charte a indiqué que les directives sur l’asthme sont insuffisantes à elles seules et doivent être complétées par un soutien gouvernemental, des changements de politique, l’accès au diagnostic et à un traitement efficace pour tous les enfants, avec des recherches pour améliorer la mise en œuvre », a ajouté Szefler.
Asthme pédiatrique en forte hausse dans les villes
Sushmita Roychowdhury, directrice du service de pneumologie de l’hôpital Fortis, à Kolkata, en Inde, affirme que l’asthme pédiatrique devient plus fréquent dans les villes à forte densité de population.
« On constate que les enfants qui vivent dans des tours proches des grandes artères très fréquentées présentent davantage de symptômes précoces”, dit-elle. “La plupart des enfants de l’Inde urbaine qui attendent les bus scolaires le matin ou ceux qui prennent les transports en commun sont exposés à de fortes concentrations de polluants. »
Par Sanjeet Bagcchi
Ce rapport a d’abord été partagé par SciDev.net.