Jinho Ahn, de l’université nationale de Séoul, explique comment l’étude des carottes de glace des 800 000 dernières années nous renseigne sur le changement climatique actuel.
Voici un résumé de la vidéo que nous vous invitons à regarder, si vous n’avez pas pu assister à notre événement en ligne de 24 heures, le 5 juin 2023.
La température globale a été relativement stable au cours des 2 000 dernières années. L’augmentation de la température au cours du 20e siècle semble très inhabituelle. Les activités humaines, en particulier les émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et oxydes d’azote), sont les principaux facteurs d’augmentation de la température. Nos projections futures concernant l’augmentation de la température et du niveau de la mer dépendent des scénarios concernant les émissions de gaz à effet de serre.
Des mesures précises de la concentration atmosphérique de CO2 ont été effectuées depuis le début des années 1960 : elle est passée de 315 ppm à l’époque à plus de 400 ppm aujourd’hui. Et le taux d’augmentation lui-même s’accroît. Mais pour mieux comprendre les interactions entre la concentration atmosphérique de CO2 et le climat de la Terre, nous avons besoin d’archives beaucoup plus longues.
Le passé dans les carottes de glace
Les carottes de glace de l’Antarctique et du Groenland fournissent des informations précieuses sur les concentrations de gaz à effet de serre et leurs origines, car la glace a piégé de petites bulles d’air au moment de sa formation. L’analyse des gaz à effet de serre présents dans ces bulles fournit des informations précieuses sur l’origine et le devenir de ces gaz. Elle permet de comprendre le comportement et le mécanisme de contrôle de ces gaz à effet de serre.
Les enregistrements des 800 000 dernières années montrent qu’il y a eu des cycles dans les concentrations de gaz à effet de serre, ainsi que dans les températures de l’Antarctique et les volumes de formation de glace. La coïncidence de ces cycles indique le rôle important du CO2 dans la régulation des températures.
Des niveaux sans précédent
Ces données montrent également que les concentrations atmosphériques de CO2 et de méthane atteignent aujourd’hui des niveaux sans précédent depuis 800 000 ans. La vitesse de l’augmentation est également étonnante : les variations les plus rapides ont été de 10 ppm/siècle, mais au cours du siècle dernier, elles ont plutôt été de l’ordre de 100 ppm/siècle.
Cette augmentation rapide des concentrations de gaz à effet de serre est principalement attribuée aux activités humaines telles que les émissions de combustibles fossiles, les changements d’affectation des sols et les pratiques agricoles. Aujourd’hui, 55 % de nos émissions sont absorbées par les océans, mais l’efficacité de l’absorption du carbone par les terres et les océans pourrait diminuer à l’avenir, ce qui entraînerait une augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère et une accélération du réchauffement de la planète.
Davantage de connaissances sont nécessaires
Même si nous parvenons à atteindre un niveau d’émissions nettes nulles d’ici 2100, le niveau de la mer continuera à s’élever, même si la température n’augmente pas trop. Il est possible que le niveau de la mer augmente de manière significative, certains modèles prévoyant une hausse de plus de 15 mètres dans certaines régions, ce qui constitue un défi majeur pour l’avenir.
Des connaissances scientifiques plus approfondies sont nécessaires
- sur les rétroactions possibles dans le cycle du carbone, qui augmenteraient encore les températures et le niveau de la mer ;
- sur les points de basculement : les changements non linéaires qui peuvent se produire sur la planète et qui ne seront pas réversibles ;
- pour comprendre pourquoi la période des cycles climatiques est passée de 41 000 ans à 100 000 ans, la communauté des carottes glaciaires recherche des glaces datant de plus de 800 000 ans.