Un traité mondial sur les déchets plastiques est en passe de voir le jour après que les représentants de quelque 175 nations des Nations unies ont récemment approuvé une résolution visant à mettre fin à la pollution plastique.
Le monde pourrait disposer d’ici deux ans d’un traité international qui guidera la production, la reconception et le recyclage du plastique, après que les représentants de 175 nations des Nations unies ont approuvé une résolution visant à mettre fin à la pollution plastique.
Selon le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le monde produit environ 300 millions de tonnes de déchets plastiques par an, dont 75 à 199 millions de tonnes jonchent actuellement les océans.
Cycle de vie des matières plastiques
La résolution, adoptée lors de la cinquième session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (AUE) qui s’est tenue à Nairobi du 28 février au 2 mars, souligne la nécessité d’aborder « le cycle de vie complet des plastiques » et soulève des préoccupations particulières quant à leur impact sur l’environnement marin.
La secrétaire générale adjointe des Nations unies, Amina J. Mohammed, ancienne ministre nigériane de l’environnement, a déclaré : « Il s’agit d’un événement historique. Le problème de la pollution plastique est trop important pour qu’un État membre ou une entité puisse s’y attaquer seul.»
La réunion, parrainée par les gouvernements de l’Allemagne, du Pérou et du Rwanda, a rassemblé quelque 5 000 délégués en personne ou en ligne, le Pérou et le Rwanda ayant joué un rôle central dans la rédaction de la résolution.
Accord sur la pollution plastique
Les dirigeants se sont engagés à créer un comité de négociation intergouvernemental chargé d’élaborer un accord international juridiquement contraignant sur la pollution plastique d’ici à la fin de 2024.
La résolution appelle à un traité qui favorise les alternatives durables aux plastiques et encourage la collaboration internationale en matière d’accès aux technologies, de renforcement des capacités et de coopération scientifique et technique.
Les États membres de l’ONU sont tenus d’intensifier leurs interventions en faveur de la production et de la consommation durables de plastique pour lutter contre la pollution, « en élaborant et en mettant en œuvre des plans d’action nationaux, tout en encourageant les actions et initiatives internationales dans le cadre des réglementations nationales respectives ».
Un traité pour mettre fin à la pollution plastique
Joshua Wycliffe, secrétaire permanent au ministère de l’environnement des Fidji, a déclaré, en soutenant la résolution, qu’un traité visant à mettre fin à la pollution plastique permettrait d’améliorer le partage des connaissances et d’établir une plate-forme cohérente pour la responsabilité et l’innovation au-delà des frontières.
La directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, a déclaré de son côté que la résolution était un triomphe sur les plastiques à usage unique, la décrivant comme « l’accord multilatéral environnemental le plus important depuis l’accord de Paris ».
La pollution est l’une des trois crises planétaires – avec le changement climatique et la perte de biodiversité – qui ont attiré l’attention des délégués à l’AENU, composée de hauts fonctionnaires, de militants écologistes, d’universitaires et de représentants du secteur privé et de la société civile.
Des plastiques plein les océans
Les auteurs d’une étude publiée dans la revue Science en 2020 ont estimé que les plastiques entrant dans l’océan pourraient tripler pour atteindre près de 29 millions de tonnes d’ici 2040 si la production et la consommation actuelles ne sont pas contrôlées.
Un autre rapport publié par la Convention sur la diversité biologique estime que plus de 800 espèces marines et côtières sont affectées par la pollution plastique, notamment par ingestion ou enchevêtrement.
Richard Munang, directeur exécutif adjoint par intérim du PNUE pour l’Afrique, a déclaré que ces accords contraignants conclus par tous les pays constituent une étape indispensable pour lutter contre la pollution plastique.
« Pour la première fois, chaque pays sera lié par un instrument juridique qui guidera notre production, notre reconception et notre recyclage du plastique », a déclaré M. Munang à SciDev.Net.
4% des plastiques recyclés en Afrique
Cette résolution, a-t-il dit, sera particulièrement importante pour l’Afrique, où seuls 4 % des déchets plastiques sont recyclés. Il estime que le recyclage de ces déchets stimulerait la croissance économique et offrirait des possibilités d’emploi à de nombreux jeunes chômeurs en Afrique, citant comme exemple la fabrication de tuiles et de blocs en plastique pour le secteur de la construction.
Selon M. Munang, la résolution ouvre la voie à l’ouverture de négociations entre les pays pour mettre fin à la pollution plastique, négociations qui aboutiront à un traité international qui sera dévoilé lors de la sixième session de l’AEN en 2024.
Le PNUE organisera le premier forum de ces négociations avant la fin de cette année.
Initiatives concernant les déchets plastiques
Munang a appelé les gouvernements à accorder des incitations fiscales aux initiatives menées par les jeunes et orientées vers le recyclage des déchets plastiques.
« Il est important que les pays africains considèrent le recyclage des déchets plastiques comme une opportunité économique », a-t-il ajouté.
Par Gilbert Nakweya
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