En tant que signataires, plus de 30 institutions mondiales qui ont déjà adopté la « Déclaration d’Iéna », appellent à une nouvelle approche culturelle grâce à laquelle les objectifs de développement durable (ODD) peuvent encore être atteints.
Le Club de Rome rejoint un réseau international qui appelle à un changement de stratégie pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies.
Jusqu’à maintenant, les mesures visant à relever les défis mondiaux, qui ont dominé l’élaboration des politiques jusqu’à présent, ne tiennent pas suffisamment compte de la diversité des différences culturelles et régionales, et ne trouvent donc pas d’écho auprès de nombreuses personnes. Par exemple, de nombreux programmes mondiaux sont mal adaptés aux conditions de vie locales réelles et sont donc peu acceptés.
Transition vers une prospérité durable
« Il faudra un vaste mouvement social mondial pour changer la façon de penser et d’agir en vue de la transition vers une prospérité durable. Cela nécessite une adaptation fine aux besoins et aux conditions locales », souligne Garry Jacobs, président de l’Académie mondiale des arts et des sciences et l’un des premiers signataires de la déclaration d’Iéna. L’objectif premier de la Déclaration d’Iéna est de mettre en place un tel mouvement.
L’Agenda 2030 des Nations unies est entré en vigueur en 2016. Dans cet Agenda, les États membres se sont engagés à tout mettre en œuvre au cours des 15 années suivantes pour atteindre 17 objectifs de développement durable à l’échelle mondiale. Ces objectifs comprennent la fin de la pauvreté, l’éducation et une vie saine pour tous, ainsi que la réalisation d’une production et d’une consommation durables.
Des ressources insuffisantes pour l’agenda 2030
La simple augmentation des ressources existantes ne semble pas suffisante pour mettre en œuvre l’Agenda 2030. De plus en plus d’experts soulignent aujourd’hui qu’en dépit d’immenses efforts politiques, juridiques et financiers, la communauté mondiale est sur le point de manquer sa dernière chance d’atteindre à temps ces objectifs de développement durable des Nations unies.
Un réseau d’institutions internationales renommées, telles que le Club de Rome, l’Académie mondiale des arts et des sciences, l’Academia Europaea et les Commissions allemande et canadienne de l’UNESCO, appelle donc aujourd’hui à un changement clair de stratégie par le biais d’une nouvelle approche culturelle.
La « Déclaration d’Iéna »
À l’initiative du professeur Benno Werlen (titulaire de la chaire UNESCO sur la compréhension globale de la durabilité à l’université Friedrich Schiller d’Iéna, en Allemagne), plus de 30 institutions ont déjà adopté la « Déclaration d’Iéna ». Dans celle-ci, les signataires appellent à une nouvelle approche culturelle grâce à laquelle les objectifs de durabilité peuvent encore être atteints.
Afin d’accélérer et d’approfondir les changements sociétaux nécessaires, l’ONU et les décideurs politiques doivent s’adresser plus directement aux acteurs les plus importants du changement : les individus avec leurs habitudes quotidiennes.
Objectif
L’objectif de la « Déclaration d’Iéna » est d’attirer davantage l’attention sur la manière dont les activités humaines sont ancrées culturellement, régionalement et historiquement. Sur cette base, le réseau appelle chacun à développer des solutions inclusives adaptées aux conditions locales. Cela exige avant tout une appréciation respectueuse de la diversité culturelle et un respect pour celle-ci.
« Le fait que les jeunes du monde entier se voient attribuer un rôle central dans la réalisation du programme de la déclaration d’Iéna sur la durabilité est particulièrement louable », déclare le professeur Uwe Cantner, vice-président pour les jeunes chercheurs et la gestion de la diversité à l’université Friedrich Schiller.
Pour les personnes de tous âges et de tous horizons
Le programme de la déclaration vise donc à atteindre des personnes de tous âges – en particulier les jeunes – et d’origines culturelles, sociales et régionales diverses, et à leur permettre d’agir localement dans l’esprit de la durabilité mondiale.
Le changement nécessaire s’étend à tous les domaines de la vie, comme le souligne Mamphela Ramphele, coprésidente du Club de Rome, en prenant l’exemple de l’éducation : « L’humanité a la possibilité de tirer des leçons de la multiplicité des urgences planétaires interconnectées qui nous assaillent. Pour tirer cette leçon, nous devons embrasser la sagesse de la nature qui se reflète dans les connaissances indigènes. Dans le même temps, nous devons briser les silos de connaissances de nos systèmes éducatifs obsolètes.»
Mise en œuvre de la déclaration
La mise en œuvre de la déclaration se fera selon les trois lignes de programme « Art », « Éducation » et « Société civile ». Elles seront coordonnées par un secrétariat mondial établi à l’université d’Iéna, en coopération avec le centre Max Weber pour les études culturelles et sociales avancées de l’université d’Erfurt et l’université de musique Franz Liszt de Weimar.
« Je me réjouis de contribuer à la création d’un vaste mouvement social et ensuite, avec un partenaire aussi influent, de permettre des modes de vie durables adaptés à la culture et à la région dans le monde entier », déclare le professeur Benno Werlen, chef du bureau de coordination.
Cet article a été publié pour la première fois par le Club de Rome le 7 septembre 2021.