Le Club de Rome veut que la Commission européenne, l’UE, prenne l’initiative de concevoir des politiques qui vont au-delà de la focalisation sur la croissance du PIB, vers le bien-être de l’humanité et de la planète.
Alors que la pandémie actuelle de COVID19 continue de mettre à rude épreuve les systèmes de santé mondiaux, elle révèle également les limites d’un modèle qui privilégie la richesse et la croissance à tout prix au bien-être.
Si l’on ajoute à cela le fait que nous sommes en passe de dépasser les limites planétaires de la Terre, il est clair qu’il faut franchir une étape vers des modèles économiques transformationnels qui vont au-delà du PIB et englobent des indicateurs sociaux, environnementaux et économiques plus larges.
Des rapports examinent la situation de l’Europe
Dans le cadre de sa série sur la reprise économique, le renouveau et la résilience, le Club de Rome a publié deux rapports dans lesquels les auteurs examinent ce que la situation mondiale actuelle signifie pour l’Europe au sens large après la COVID, et si les institutions et les gouvernements existants peuvent ancrer l’économie transformationnelle dans les systèmes de valeurs européens actuels, les fondements économiques et dans les alliances européennes et internationales.
Les rapports soulignent qu’à bien des égards, l’Europe est déjà bien positionnée pour effectuer ce changement crucial, mais vont plus loin en articulant les arguments centraux nécessaires au consensus politique autour de la progression de la transformation.
Post-COVID, un monde résilient nécessaire
« Post-COVID, nous devons construire un monde plus résilient, capable de faire face aux chocs inévitables. Pour ce faire, l’action doit être ancrée dans le traité sur l’Union européenne, les tableaux de bord de prospective stratégique de la Commission européenne et le Green Deal européen. Nos rapports présentent les points d’ancrage politiques pour renouveler le paradigme social et économique de l’Europe », déclare Sandrine Dixson-Declève, coprésidente du Club de Rome.
Les rapports proposent une série de recommandations politiques qui peuvent être mises en œuvre dès maintenant pour renforcer les changements économiques à court terme dans la phase de reprise de la COVID.
Les leviers de la transformation économique
Les recommandations se concentrent sur quatre leviers clés à court terme qui permettront une transformation économique et un changement des systèmes à plus long terme, à savoir :
- des personnes en bonne santé au sein d’une Europe en bonne santé, qui s’articule autour de la localisation des politiques de bien-être, de santé et de climat au cœur des structures de planification financière de l’UE, avec des dépenses et une allocation des ressources orientées vers l’amélioration de la santé et du bien-être, la réduction des émissions et la régénération de la nature, en commençant par la mise en œuvre du Green Deal européen ;
- des investissements publics et privés, en mettant l’accent sur des questions telles que l’alignement du financement des États membres de l’UE sur le Green Deal européen, la taxonomie de la finance durable et l’application du principe « D’abord ne pas nuire » pour aider à soutenir la transition vers une économie plus équitable à faible émission de carbone et circulaire ;
- revenu et travail équitables, qui préconise, entre autres, de veiller à ce que les principes du travail équitable soient promus et soutenus dans l’ensemble des programmes de financement de l’UE, du soutien aux entreprises et des marchés publics ;
- subventions et fiscalité ; les recommandations de cette section comprennent le déplacement de la fiscalité du travail vers l’utilisation de toutes les ressources naturelles, la fin des subventions perverses aux combustibles fossiles et à l’agriculture et le déplacement des fonds de l’UE vers les infrastructures et services de santé et à faible émission de carbone à grande échelle.
L’UE devrait donner le ton
Les auteurs notent toutefois que toutes ces questions doivent être abordées parallèlement aux enseignements tirés de la COVID à ce jour, ainsi qu’à l’urgence d’agir face au changement climatique et à la perte de biodiversité. En outre, la Commission européenne peut et doit donner le ton de la politique future et de la transformation nécessaire, mais l’adhésion des États membres et des citoyens de l’UE sera cruciale pour réaliser une transformation aussi ambitieuse.
La solidarité et l’approche « donnant-donnant » sont la seule façon d’avancer vers le renforcement de la résilience verte et socio-économique. Cela donne encore plus de poids aux conclusions des prévisions économiques 2021 de la Commission européenne selon lesquelles un leadership fort de la Commission européenne sera crucial pour renforcer la reprise et la résilience de l’économie de l’UE.
Transformer la pensée en action
« Ce n’est pas le moment de créer des plans supplémentaires et différents, il est temps de s’en tenir au plan. Nous avons la plupart des nouvelles réflexions économiques fondamentales sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Nous savons ce que nous devons faire. La question est de savoir comment le faire. Ce dont nous avons besoin, ce sont de meilleurs outils et leviers pour transformer cette réflexion en action.
Cette action devrait être ancrée dans la propre constitution de l’UE et le nouveau Green Deal ; dans la science économique transformatrice ; et dans les alliances en cours au niveau régional. Ces ancrages détiennent la clé de la politique qui doit être convenue et mise en œuvre au cours de cette décennie si la Commission européenne veut faire preuve de leadership et contribuer à éloigner le monde d’un désastre planétaire irrévocable », conclut S. Dixson-Declève.
Lisez les rapports complets ici :
L’économie du bien-être au 21e siècle : La voie de la reprise, du renouveau et de la résilience.
Ancrer la transformation : Ancres politiques pour garantir un nouveau paradigme socio-économique européen.
Cet article a été initialement publié par Le Club de Rome.