Dans cette interview réalisée lors de la cérémonie d’ouverture de l’IYBSSD, Antoine Kouchner, du Consortium européen pour la physique des astroparticules, affirme que le monde devrait prêter une oreille plus attentive à la communauté scientifique, car elle peut aporter des réponses à de nombreux problèmes.
Astrophysique
Changer les mentalités ça prend un petit peu de temps et c’est dommage d’attendre l’urgence pour le faire. Mais on en est là je crois, malheureusement. Je travaille dans le domaine de l’astrophysique à cheval avec la physique des particules, donc un domaine qu’on appelle les astro particules. L’idée c’est de regarder le cosmos avec tous les composants qu’on connaît, tous les messagers, dont certains d’entre eux sont des particules élémentaires. Comme les neutrinos, ça, c’est mon domaine de prédilection. Moi, je travaille sur un télescope sous marin qui essaye de capturer les neutrinos du cosmos.
Quels liens pouvez-vous faire entre vos recherches et le développement durable ?
Pour moi en particulier, c’est assez facile parce que le télescope sur lequel je travaille, c’est un télescope sous marin qui est à 2500 mètres de fond et il est câblé. Donc on fait du temps réel. Donc on fait de la surveillance instantanée en permanence depuis une vingtaine d’années des fonds abyssaux qui sont des domaines inconnus. Donc forcément, surveiller l’environnement du détecteur, c’est une façon de participer à la surveillance du changement climatique. De c ce qui s’y passe. On cherche à détecter les neutrinos, mais on détecte aussi les mammifères sous marins, on détecte le taux de concentration d’oxygène et les choses comme ça ; donc c’est en lien de façon très indirecte avec notre physique, mais on est quand même depuis de nombreuses années assez connecté sur ces problématiques là en fait.
Comment prenez-vous en compte le développement durable dans vos pratiques ?
Ça a eu des impacts effectivement sur la façon dont on s’est mis à penser le développement du détecteur. On a accompagné cette prise de conscience qui est globale, qui va au delà des sciences, au delà de notre propre domaine. Mais du coup, oui, je pense que ça a eu des impacts. Et quand on pense la prochaine génération d’instruments dans notre propre domaine, mais plus vaste, on commence à prendre en compte les réquisits des changements des matériaux. On a développé des axes très forts entre sciences de la terre et sciences de l’univers, ce qui nous amène forcément à une réflexion sur le développement durable.
Concernant le développement durable quel message voudriez-vous faire passer ?
Dire au reste du monde que la communauté scientifique a des choses à dire sur ces questions là et qu’il faut qu’elle soit peut être davantage entendue. Je crois que c’est des leçons qui viennent, pas de mon domaine en particulier, mais plutôt des autres domaines scientifiques. On n’a peut être pas assez entendu parce qu’en fait, changer les mentalités, ça prend un petit peu de temps et c’est dommage d’attendre l’urgence pour le faire. Mais on en est là, je crois, malheureusement.