Un article de recherche, issu d’un projetde l’IUPAC, fournit des principes directeurs pour l’évaluation réglementaire des nanopesticides.
S’appuyant sur leurs contacts internationaux dans le monde entier, l’équipe du projet Human Health Risk Consideration of Nano-enabled Pesticides for Industry and Regulators a travaillé en étroite collaboration avec l’industrie et le gouvernement (organismes de réglementation) pour élaborer un cadre complet d’évaluation des impacts potentiels des nanopesticides sur la santé humaine.
Cette approche permettra de surmonter les obstacles potentiels pour les régulateurs et l’industrie à l’échelle mondiale, en tenant compte, par exemple, des différentes exigences réglementaires internationales ainsi que des préoccupations de la communauté concernant les nanopesticides.
La surveillance des pesticides a permis de limiter les risques
Dans de nombreux pays du monde, l’amélioration de la réglementation et de la surveillance des nouveaux produits pesticides a permis de minimiser certains des risques les plus aigus (tels que ceux posés par les polluants organiques persistants (POP)), et a généralement conduit à une meilleure gestion de l’environnement et de la santé. Cependant, les agriculteurs ont continué à se battre contre les problèmes posés par les pesticides modernes, tels que la résistance chimique, le lessivage dans l’environnement et la sécurité pour la santé humaine.
Melanie Kah, de l’Université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, et auteur principal de cet article, a commenté : « Au cours des deux dernières décennies, la communauté des chercheurs a commencé à se pencher sur des alternatives chimiques, y compris les nanopesticides, qui offrent un avenir plus sûr et plus prometteur dans leur capacité à cibler les mauvaises herbes, les vers, les acariens, les tiques, les bactéries et les champignons. »
Les nanopesticides soumis à des tests rigoureux
Linda Johnston, experte dans la quantification de la nature et des caractéristiques des nanoparticules par rapport à leur impact potentiel sur la santé humaine, a commenté : « Les nanopesticides, comme les autres alternatives, sont soumis à des tests de sécurité rigoureux afin d’éviter des conséquences involontaires. »
Il est important de noter que certains types de produits nanopesticides arrivent rapidement sur le marché et ont commencé à gagner la faveur des agriculteurs. « L’un des grands attraits des nanopesticides est la protection qu’ils offrent aux plantes ainsi qu’aux organismes non ciblés dans l’environnement. Cela est principalement dû à leur plus grande efficacité et à leur plus faible toxicité, explique Rai Kookana, du CSIRO en Australie. Ils sont également connus pour leur meilleure absorption par la plante et la réduction du lessivage lors d’un événement pluvieux. »
Pas de produit miracle
L’étude-cadre se concentre sur les évaluations des risques pour la santé humaine des nanopesticides, ainsi que des nano-fertilisants. R. Kookana souligne que le cadre ne cherche pas à fournir une liste exhaustive des effets des nanopesticides sur les humains, ni à présenter les nanopesticides comme des produits miracles pour l’agrochimie.
Nous espérons qu’elle servira de point de départ pour comprendre et répondre aux préoccupations concernant les nanopesticides. Le document fournit un arbre de décision et une voie pour l’évaluation des risques, en gardant à l’esprit les différentes étapes de l’exposition humaine – lors du mélange et du chargement, de l’application et de la post-application, chaque étape impliquant différentes dilutions et formes du pesticide, ou des opportunités d’exposition.
Le cadre aide également l’industrie à comprendre quelles questions l’évaluateur des risques a en tête et quelles données et informations doivent être fournies pour satisfaire aux exigences réglementaires. « S’appuyant sur les travaux des précédents projets de l’IUPAC, cette étude est une étape importante vers une approche harmonisée pour les nanopesticides qui peut être acceptée par les organismes de réglementation lors de l’évaluation de leurs impacts toxicologiques, » dit R. Kookana.
Cet article a d’abord été publié par l’IUPAC.