Des mesures ont révélé que BlueWalker 3, un satellite en orbite terrestre basse, est désormais l’un des objets les plus brillants du ciel nocturne. Mais l’utilisation de fréquences terrestres par le satellite pose aussi en plus un nouveau défi à la radioastronomie.
Le Centre de l’Union astronomique internationale pour la protection du ciel sombre et tranquille contre les interférences des constellations de satellites s’inquiète de l’impact du satellite prototype BlueWalker 3, récemment lancé, sur l’astronomie. De nouvelles mesures révèlent que ce satellite en orbite basse est désormais l’un des objets les plus brillants du ciel nocturne, éclipsant toutes les étoiles sauf les plus brillantes. En outre, l’utilisation par le satellite de fréquences radio terrestres pose un nouveau défi à la radioastronomie.
Le 10 septembre 2022, AST SpaceMobile a lancé un satellite prototype appelé BlueWalker 3 en orbite terrestre basse. Ce satellite, qui dispose d’un système d’antenne de 64 mètres carrés (693 pieds carrés) (le plus grand système d’antenne commercial jamais déployé en orbite terrestre basse), est le premier d’une future série de satellites similaires qui pourraient dépasser la centaine.
L’un des objets les plus brillants
De nouvelles mesures effectuées par des observateurs du monde entier, coordonnées par le CPS de l’Union astronomique internationale (Centre de l’UAI pour la protection du ciel sombre et tranquille contre les interférences des constellations de satellites), montrent que ce satellite est devenu l’un des objets les plus brillants du ciel nocturne – plus que les autres satellites des constellations et parfois aussi brillant que certaines des étoiles les plus reconnaissables (1).
Outre leur luminosité visible, ces nouveaux satellites, qui servent de « tours de téléphonie cellulaire dans l’espace », émettront de fortes ondes radio à des fréquences actuellement réservées aux communications terrestres par téléphone cellulaire. Ces émetteurs en orbite, qui ne sont pas soumis aux mêmes restrictions en matière de zones de silence radio que les réseaux cellulaires au sol, pourraient avoir un impact important sur la recherche en radioastronomie, ainsi que sur les études géodésiques et les expériences de physique spatiale.
L’UAI et ses co-organisateurs du CPS, le NOIRLab de la NSF et l’Observatoire SKA (SKAO), s’inquiètent de l’impact que ces satellites auront sur la recherche fondamentale et la capacité de l’humanité à découvrir le ciel nocturne naturel.
« Les astronomes construisent des radiotélescopes aussi loin que possible de l’activité humaine, à la recherche d’endroits sur la planète où la couverture des téléphones portables est limitée ou inexistante. Les fréquences allouées aux téléphones portables sont déjà difficiles à observer, même dans les zones de silence radio que nous avons créées pour nos installations. Les nouveaux satellites tels que BlueWalker 3 sont susceptibles d’aggraver cette situation et de compromettre notre capacité à faire de la science s’ils ne sont pas correctement atténués, a déclaré Philip Diamond, directeur général du SKAO. C’est une raison essentielle pour laquelle le SKAO est profondément impliqué dans la SCP de l’UAI et la promotion de l’utilisation équitable et durable de l’espace.»
L’UAI et les partenaires du CPS reconnaissent que les nouvelles constellations de satellites ont un rôle important dans l’amélioration des communications mondiales. Cependant, leur interférence avec les observations astronomiques pourrait gravement entraver les progrès dans notre compréhension du cosmos. Leur déploiement doit donc être mené en tenant dûment compte de leurs effets secondaires et en s’efforçant de minimiser leur impact sur l’astronomie.
Observer BlueWalker 3
Afin de mieux comprendre les effets de ces nouveaux satellites, la CPS de l’UAI invite à des observations supplémentaires de BlueWalker 3. Les observations visuelles et télescopiques de BlueWalker 3 peuvent être soumises en ligne sur SatHub, une initiative publique mondiale d’observation de la CPS de l’UAI.
L’UAI a récemment écrit une lettre au nom de la communauté astronomique mondiale à la Commission fédérale des communications (FCC) des États-Unis, lui demandant de prendre sérieusement en considération les impacts potentiels des constellations de satellites sur l’astronomie, l’apparence du ciel nocturne et l’environnement. Au début du mois, la FCC a annoncé son intention de créer un bureau dédié à l’espace, afin de mieux traiter cette question qui émerge rapidement, une action que la CPS de l’AIU applaudit.
Les conversations entre la CPS de l’UAI et l’AST SpaceMobile ont commencé. La CPS de l’AIU encourage le dialogue et la coopération entre les opérateurs de satellites et les scientifiques. Des discussions récentes avec certains opérateurs ont conduit à des mesures d’atténuation, mais il reste encore beaucoup de travail à faire.
Notes
(1) Les mesures montrent que BlueWalker 3 a une magnitude visuelle apparente de 1 à son point le plus brillant – presque aussi brillant que Antares ou Spica (les 15ème et 16ème étoiles les plus brillantes du ciel nocturne). La magnitude apparente en astronomie est une mesure de la luminosité d’une étoile ou d’un autre objet astronomique tel qu’observé depuis la Terre. L’échelle est logarithmique inverse : plus un objet est brillant, plus son chiffre de magnitude est bas. Les objets astronomiques les plus brillants ont des magnitudes apparentes négatives : par exemple, Vénus à -4,2 ou Sirius à -1,46. Les étoiles les plus faibles, visibles à l’œil nu par la nuit la plus noire, ont une magnitude apparente d’environ +6,5.
Ce rapport a été extrait du site web de l’UAI.