La carrière de physicien de Surujhdeo Seunarine, professeur à l’université du Wisconsin, à River Falls, aux États-Unis, a été lancée par le programme de diplôme de troisième cycle de l’ICTP.
Souvent, le programme de diplôme de troisième cycle de l’ICTP peut avoir un impact considérable sur l’ensemble de la carrière et de la vie d’un scientifique. Surujhdeo Seunarine, membre de la toute première classe d’étudiants du programme, il y a trente ans, peut en témoigner.
Dans un entretien avec Kesley Kalhoun de l’ICTP, il raconte : « Le programme de diplôme de troisième cycle de l’ICTP est ce qui m’a permis de me lancer dans la physique. Je m’intéressais à la physique des particules à Trinité-et-Tobago, alors qu’il était impossible d’expliquer à qui que ce soit ce que c’était, à l’exception d’un professeur, Frederick Campayne, qui m’a encouragé à trouver un moyen de poursuivre dans cette voie. »
Candidature au programme de l’ICTP
S. Seunarine explique : « Il était vraiment inabordable de postuler à des programmes de doctorat. Un jour, j’ai vu cette affiche de l’ICTP et j’ai postulé pour le programme de diplôme sans rien savoir. »
« Quelques mois plus tard, mon grand-père a reçu un télégramme lui annonçant que j’étais admis, se souvient S. Seunarine en souriant. Je suis passé du stade où je ne savais pas comment passer à l’étape suivante et où je n’avais pas les moyens de m’inscrire à des programmes d’études supérieures, à celui où j’ai reçu l’enseignement de grands professeurs et où j’ai rencontré Abdus Salam. Je suis reconnaissant à mes parents qui m’ont encouragé à me rendre en Italie, même s’ils n’étaient pas certains de ce que je voulais faire. »
Premier jour de cours
« Le premier jour de cours, je me souviens avoir pensé : cela va être un sacré défi, raconte S. Seunarine. Mais les professeurs et les scientifiques qui dirigeaient les cours de ce nouveau programme voulaient s’assurer qu’ils comblaient tous les trous dans le bagage des étudiants.»
« Nous avons eu un cours de remise à niveau en mécanique quantique relativiste, se souvient-il. Cela nous a tout de suite indiqué que nos instructeurs étaient attentifs et qu’ils pouvaient passer à la vitesse supérieure pour qu’aucun d’entre nous ne soit laissé pour compte. »
L’ICTP l’a fait pour moi
Après avoir terminé cette année intense et obtenu son diplôme en 1992, S. Seunarine est retourné à Trinité-et-Tobago. Il est retourné à l’ICTP peu après pour un cours d’été en 1993, lorsque le professeur Faheem Hussain l’a présenté à un professeur de l’université du Kansas, aux États-Unis, Douglas McKay, qui est devenu par la suite le conseiller doctoral de S. Seunarine.
« L’ICTP l’a encore fait pour moi en me présentant à mon conseiller pour mes études supérieures, déclare ce dernier. Sans l’ICTP, je serais probablement encore à Trinidad et je ne ferais probablement pas de physique des particules ou même de physique tout court. »
Professeur de physique
Aujourd’hui, S. Seunarine est professeur et directeur du département de physique de l’université du Wisconsin, à River Falls, aux États-Unis. Entre le programme de diplôme en Italie et son poste actuel, sa carrière l’a conduit à l’université du Kansas pour son doctorat, en Nouvelle-Zélande pour des travaux postdoctoraux et à la Barbade en tant que maître de conférences.
Il est même passé de la physique théorique à la physique expérimentale : il travaille actuellement sur deux expériences d’astrophysique, l’une qui observe les neutrinos, IceCube, et l’autre qui observe les neutrons, CosRay, toutes deux situées au pôle Sud. L’intérêt de S. Seunarine pour la physique et la phénoménologie des neutrinos astrophysiques a commencé pendant ses études supérieures et s’est développé au point qu’il est aujourd’hui membre d’IceCube, vaste collaboration internationale de plus de 300 scientifiques de 50 institutions, qui exploite l’observatoire de neutrinos IceCube.
Entre théoricien et expérimentateur
« Maintenant, je suis quelque chose entre un théoricien et un expérimentateur. Mes collègues ici m’accusent d’être un théoricien, dit S. Seunarine en riant. Mais je suis quelque part entre les deux, toujours théoricien mais penchant pour les expériences. »
Les recherches de S. Seunarine, théoriques et expérimentales, auraient été difficiles à poursuivre s’il était retourné travailler dans les Caraïbes. « L’intérêt pour la physique théorique, l’astrophysique et la cosmologie n’est pas très fort dans les Caraïbes orientales », explique-t-il. Chaque fois que je retournais à Trinidad, je faisais une présentation à l’université, et l’intérêt était mitigé, parfois la salle était pleine, parfois seulement deux étudiants. Récemment, j’ai fait une présentation devant l’Astro Club de Trinité-et-Tobago, principalement des lycéens. »
Exposer les étudiants à la physique des particules
S. Seunarine explique qu’il fait ces présentations pour faire savoir aux étudiants que, s’ils sont intéressés par ce type de physique et que personne d’autre ne l’est, il existe toujours des moyens de poursuivre. « Il est important d’exposer largement un plus grand nombre d’étudiants au domaine de la physique des particules, et cela aura un impact significatif sur un petit nombre d’étudiants qui seront inspirés pour y poursuivre. »
À l’image de ceux d’Abdus Salam, les efforts de S. Seunarine pour faciliter l’accès d’un plus grand nombre d’étudiants à la physique sont à la fois locaux et mondiaux. « Même aux États-Unis, il y a encore un certain nombre d’étudiants qui sont laissés pour compte », explique-t-il. C’est pourquoi son groupe accueille chaque été des étudiants dans le cadre du programme de recherche de premier cycle de la National Science Foundation.
Les personnes sous-représentées en physique
« Les étudiants sont recrutés dans tout le pays, et l’objectif du groupe est également de recruter des personnes issues de milieux et d’identités sous-représentés en physique. » En pensant à sa propre expérience à l’ICTP, S. Seunarine est reconnaissant. « Je n’ai jamais eu l’occasion de dire merci à tout le monde », dit-il.
« Je ne pense pas que les personnes présentes savent à quel point cette expérience a un impact sur les étudiants du diplôme. J’ai été inspiré en sachant que nos professeurs étaient au sommet de leur domaine et qu’ils nous enseignaient, je les ai tous appréciés et tout le monde là-bas. »
Kelsey Calhoun
Ce billet a d’abord été partagé par l’ICTP