Les sciences fondamentales sont essentielles pour établir les droits de la nature
La question de la relation de l’humanité avec l’environnement est pressante et il est nécessaire d’aller au-delà des droits de l’homme traditionnels pour adopter le concept des droits de la nature. Les activités humaines ont eu un impact destructeur sur la Terre et il est urgent de changer de perspective pour donner la priorité aux droits de la nature.
L’évolution historique du discours entre l’homme et la nature remonte à l’Antiquité. L’histoire d’Adam et Ève, dans l’Ancien Testament, sert de métaphore aux conséquences destructrices de l’avarice humaine sur la nature. Dans le Mahavansa, en 600 avant J.-C. au Sri Lanka, Arahant Mahinda prêche que les humains ne sont que les gardiens de la nature, et que la nature a ses droits inhérents que les dirigeants ne peuvent pas déterminer.
Anthropocentrisme vs écocentrisme
Il existe deux approches opposées de la protection de l’environnement : l’anthropocentrisme et l’écocentrisme. L’anthropocentrisme se concentre sur la protection de l’environnement centrée sur l’homme, principalement autour des droits de l’homme liés à l’environnement. L’écocentrisme, quant à lui, adopte une approche plus holistique qui englobe l’homme et la nature comme faisant partie du spectre interconnecté de la Terre. Ce passage de l’anthropocentrisme à l’écocentrisme reflète la nature évolutive du discours sur les droits, qui passe des droits de l’homme aux droits de la nature.
Il existe une relation intégrale entre un environnement sain et la jouissance des droits de l’homme, y compris les droits à la vie, à la santé, à l’alimentation, à l’eau et à l’assainissement. Un environnement propre et sain est essentiel au bien-être de l’homme. Toutefois, pour relever les défis environnementaux contemporains, tels que les urgences climatiques, la déforestation et la destruction des habitats, il faut une perspective plus large que les seules violations des droits de l’homme.
Un changement fondamental de perspective
Le concept des droits de la nature est présenté comme une solution à ces défis. Les droits de la nature prônent un changement fondamental, plaçant la nature au cœur de notre cadre juridique et éthique. Il affirme que les écosystèmes ont le droit d’exister, de prospérer, de se régénérer et d’évoluer sans être détruits par l’homme. Ce concept confère aux écosystèmes le statut de personne juridique, ce qui leur permet de se défendre devant les tribunaux avec la représentation d’un tuteur.
Pour étayer l’argument en faveur des droits de la nature, les sciences fondamentales et les preuves scientifiques jouent un rôle essentiel. Les arguments juridiques en faveur de la justice pour la nature doivent être étayés par des données scientifiques bien établies, notamment pour prouver le lien entre les dommages environnementaux et leurs causes. L’absence de telles preuves a constitué un obstacle important dans les affaires défendant les droits de la nature.
Redéfinir la nature
Il est nécessaire de redéfinir la nature dans le cadre de paramètres juridiques non traditionnels, par exemple en passant du statut de personne juridique à celui de nature juridique pour les personnes qui demandent justice devant les tribunaux. Les sciences fondamentales et l’analyse objective, fondées sur des données scientifiquement prouvées, sont essentielles pour guider les actions préventives et minimiser les dommages causés à la nature.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à un défi environnemental mondial et devrions adopter une approche plus inclusive et écocentrique pour traiter ces questions. Tous les individus sont invités à contribuer, à quelque titre que ce soit, à faire de la Terre un endroit plus sûr pour les générations futures, en écho au sentiment de guérison du monde et à la célébration de la Journée mondiale de l’environnement en 2023.
Kokila Konasinghe, Université de Colombo, Sri Lanka